Frieren est une elfe, avec ses compagnons, elle a combattu le roi des démons ; la paix revenue, après dix ans d’aventures, elle a repris son chemin. Mais le temps ne s’écoule pas de la même façon pour les elfes et cinquante ans plus tard, quand elle revoit ses compagnons, elle a à peine le temps d’échanger que Himmel le héros décède. C’est en entendant les remarques de la foule que Frieren se rend compte qu’elle ne connaissait rien de lui. Quelque chose se met à changer en elle, un début de prise de conscience de l’autre, un remord peut-être.
Frieren est un manga d’heroic fantasy atypique, il y a tous les éléments fantastiques du récit habituel : la troupe de héros qui combat le mal, de la magie, des elfes, des nains… il y a aussi de l’aventure mais différemment. Car l’aspect le plus important de ce récit, c’est qu’il est raconté du point de vue d’une elfe, un être destiné à vivre des centaines voire des milliers d’années et pour qui la durée de vie d’un être humain ne correspond qu’à un court instant de son existence. Alors même si Frieren part en voyage, elle ne s’inquiète pas de rester au même endroit plusieurs années, elle se moque de passer un an à chercher une fleur, elle n’est pas pressée. Et quand tout à coup, elle réalise que pour les hommes le temps passe beaucoup plus vite, elle se dit qu’elle aurait dû faire quelque chose, prendre le temps de connaître mieux ses camarades, partager plus de moments avec eux.
Et c’est globalement le message de ce manga : le rapport au temps. C’est avec une certaine subtilité, que l’auteur nous appelle à profiter de la vie, de tous les instants présents, des gens qui nous entourent, le fameux Carpe Diem. Dans le 1er tome de la série, le temps qui passe à toute vitesse est clairement mis en évidence, une succession de cases sans paroles où l’on voit la vie de l’elfe. Et puis, ensuite, elle continue son périple avec les disciples de ses compagnons, comme s’ils avaient prévu de laisser un peu d’eux pour qu’elle ne soit pas seule dans sa temporalité. C’est alors qu’un autre thème est abordé, celui du souvenir : une réflexion sur la trace qu’on laisse dans le monde et sur la façon de ne pas oublier ceux qui sont partis.
Ce n’est que dans le second tome que le manga prend un côté un peu plus aventure, car Frieren part à la recherche d’un sort qui lui permettrait de pouvoir communiquer avec l’âme de ses compagnons disparus, pour pouvoir dire à Himmel ce qu’elle n’a pas eu le temps de lui dire.
Le manga a un côté poétique et mélancolique sublimé par un graphisme de premier ordre. C’est beau, c’est sensible, c’est à la fois une histoire d’aventure et en même temps un plaidoyer pour prendre soin de nous et des autres, pour prendre le temps de vivre et de ne pas laisser de regrets. Une réussite.
Ceux qui s’attendent à un manga d’action pourraient être déçus car il y a une sorte de langueur omniprésente et je pense qu'il faut un certaine maturité pour bien l'apprécier.
6 tomes en cours
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