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Charly 9


Phileas
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[center][url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=670&u=16913139"][img]http://i58.servimg.com/u/f58/16/91/31/39/charly10.jpg[/img][/url][/center]


[b]Charly 9[/b]

[b]Scénario[/b] : Richard Guérineau (d'après Jean Teulé)
[b]Dessin[/b] : Richard Guérineau
[b]Edition[/b] : Delcourt
[b]Collection[/b] : Mirages
[b]Date de parution[/b] : novembre 2013

[u]Résumé[/u] : [font="Arial, Verdana, sans-serif, Georgia,"][size="2"][i]Charles IX fut de tous les rois de France l'un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint- Barthélemy qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous... Pourtant, il avait un bon fond.[/i][/size][/font][left][font="Arial, Verdana, sans-serif, Georgia,"] [/font][/left]
Jean Teulé doit être un auteur heureux. Non content de voir ses propres romans figurer régulièrement dans les meilleures ventes, c'est la troisième fois qu'il est adapté en BD. Et après les réussites (en demi-teintes) que sont [i]Le Montespan[/i] et [i]Le magasin des suicides[/i], ce [i]Charly 9[/i] m'a davantage enthousiasmé.
Il faut dire que l'histoire de ce roi malgré lui, aussi falot que touchant, inquiétant que truculent, est déjà en soi romanesque et comporte son lot d'événements mémorables. L'album qu'en a tiré Guérineau mêle curieusement deux genres antithétiques : la bouffonnerie et la tragédie, un peu comme si Rabelais (le langage est souvent "fleuri" dans l'album) rejoignait Shakespeare et ses personnages tourmentés aux mains tachées de sang.
Toutefois, la charge dramatique et les horreurs qui y sont montrées sont constamment emballés dans un ton qui se veut plein de dérision et de folie douce. Comme si l'auteur (la "Teulé touch" probablement) se disait que les agissements de cette "belle" humanité peuvent être parfois tellement énormes, monstrueux, pathétiques, stupides, qu'on ne peut que les traiter avec une certaine désinvolture proche de la farce autant que de la critique acerbe. Un certain Kubrick ne faisait pas autre chose, quand il transformait un duel a priori enpreint de gravité sentencieuse en pétard mouillé pitoyable ([i]Barry Lyndon[/i]).
Bref, c'est une manière de traiter l'Histoire tout sauf scolaire.

Voici donc, raconté de la manière la plus pertinente possible puisqu'à l'image de son personnage, la piteuse (et très courte) vie de ce monarque veule, lâche, subissant les pressions de toute parts et d'une mère abominable en particulier, méprisé par tous, hanté par tout le sang versé tel un Macbeth aux petits pieds jusqu'à sombrer dans la folie excentrique, mais également paillard, gaffeur, ayant soif de vie malgré tout et d'une reconnaissance qu'il ne trouvera jamais. En revanche, il trouvera une mort à sa (petite) mesure, aussi pathétique que répugnante, souffrant d'une étrange maladie qui le fait suer du sang jusqu'à en devenir littéralement désséché. Ironique aussi, tout ce sang rappelant celui qu'il a fait couler jadis non par sa volonté mais au contraire par son incapacité à s'imposer comme un vrai monarque et à trop céder aux autres.
L'album ne se prive pas non plus de montrer toute l'absurdité barbare d'un conflit idéologique entre catholiques et protestants qui étonne encore aujourd'hui par sa virulence et dans lequel se débat notre anti-héros peu concerné qui aimerait enfouir sa tête dans le sable comme une autruche.
Rarement un roi aura connu un destin aussi misérable. Rarement aussi (par une sorte de curiosité malsaine peut-être ?), l'histoire d'un roi aura été aussi divertissante à la lecture, Guerineau étant particulièrement inspiré pour dérouler une histoire un peu décousue, certes (c'est le propre de toute biographie devant tenir sur environ 120 pages...) mais riche de moments forts, dramatiques, cocasses, extravagants voir carrément grotesques mais aussi instructifs.

Pour l'occasion, le dessinateur du [i]Chant des Stryges[/i] et de [i]Uchronie(s)[/i] a opéré une véritable transformation de son dessin, optant ici pour un style semi-réaliste mais qui déconcerte à certains moments par sa disparité graphique au sein même du style adopté et qui donne à l'album un aspect curieusement hétérogène, patchwork, comme si plusieurs dessinateurs y avaient participé (à la manière des comics).
Ainsi, jusqu'à la page 55, on a droit a des planches à l'esthétisme proche de certains tableaux flamands (couleurs majoritairement sombres, importance donnée à la lumière...). Ensuite, on bascule brutalement vers un style moins raffiné, au trait plus épais, aux couleurs plus vives et qui ne s'encombre plus d'éclairages soigneusement étudiés. Bref, le genre "Dupuis".
Entre les deux, on aura encore droit à trois planches parodiant le style Johan et Pirlouit (!) et des planches en bichromie noir/rouge plus stylisées, exprimant bien la boucherie de certaines scènes. Pour finir par le retour d'un certain "réalisme" dans une dernière partie figurant l'agonie du roi.
Des changements qui parfois se comprennent pour des raisons d'expressivité dramatique ou comique, d'autres fois moins. Cela en déroutera probablement quelques-uns.

Nouvelle adaptation réussie, donc, d'un roman de l'iconoclaste Jean Teulé, qui dépoussière agréablement un pan de l'Histoire de France en choisissant le registre de la tragi-comédie démesurée et surprend (plutôt agréablement) par les multiples facettes proposées, autant dans le portrait de ce monarque atypique et controversé que dans ses choix graphiques.
En tout cas, Charles IX croqué par Guérineau devient un vrai personnage de BD : vivant, à la fois réaliste et caricatural, effacé et [i]bigger than life[/i], loin des figures empesées d'une austère salle des portraits.
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[b]Note :[/b][img]http://www.1001bd.com/tmp/pic/note/4.5.png[/img][color="#1C2837"][font="Verdana, Tahoma, Arial,"] [/font][/color]
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Heureusement pour ton portefeuille que j'en écris peu, alors. [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]
Mais plus sérieusement, je pense que tu ne devrais pas regretter l'achat.
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