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Compte rendu de festival


Monfreid...
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Voici mon compte rendu sur le festival d'Amiens...à vous de donner votre opinion sur ce dernier, sur l'avis ou sur les festivals en général ou en particulier biggrin.gif

Prélude à toute tentative d'appréciation du "Gonzo mou".

Le "gonzo" c'est le journalisme qui part en mission, qui se fout de l'événement afin de mieux le récupérer par ce qu'il laisse de failles, par l'esclandre et la montée aux créneaux grandiloquente et exhibitionniste. En même temps cela permet de voir autrement le monde, de le prendre à contre courant pour finalement y pécher l'essentiel…le "gonzo mou", c'est parler de soi comme on parle de la pluie à la boulangère…c'est se laisser porter par le flot improbable et durable de nos émotions sans valeurs ni saveurs…c'est faire du rien.


Jour heureux.

Il fait de nouveau beau ce 5 Juin 2004 et je me dis qu'une journée qui débute par des considérations d'ordre météorologique risque d'être longue et un peu pénible aussi. Le réveil est difficile, le plaisir vient du choix des musiques à venir pour la route : du soleil d'Algérie et puis des guitares jazz un poil funky, histoire de s'accompagner en douceur pour un voyage sympa mais monotone (sans sanglots ni violons).

Je vous passe les pérégrinations automobiles qui ne furent qu'une alternance plus ou moins rapide d'arbres et de champs sans vallons. Une fois sur place, il ne me restait plus qu'à trouver la cathédrale (le plan sommaire, imprimé sur un prospectus, indique que la distance séparant ce lieu de culte et les locaux de la fac où se déroule le festival sont fort proches). Force est de constater que les organisateurs ont bien fait les choses, peindre le devant de l'édifice en blanc pour l'occasion est une très bonne initiative (sic!). La place de "parking" est trouvée à moins de 100m des réjouissances, du coup je me dis que l'achat d'un ticket de loto n'aurait pas été superflu ce jour là.

Il est donc 10h un peu passé lorsque la foule bédéphile s'offre à mes yeux. Déjà l'envie de tourner les talons me guette; il faut être lucide, passer des heures d'attente dans un lieu clos avec des inconnus ça risque de tenir de l'exercice de style! Les sempiternels étalages de vendeurs…mouais….rien contre eux…mais rien pour non plus, juste des pages en cagette avec une bonne couche d'impersonnalité derrière…des objets en somme (jeu de mots subtil!). Pour le reste, elle est joliment jolie cette université, l'association a bien fait les choses. Le sous-sol aux couleurs de Kid Paddle, de Chauzy et de ring circus est très ludique. Le troisième, là où va se dérouler la plupart des dédicaces, fait envie par sa clarté, son étendue, ses teintes chaudes, son bois. Ca pourrait m'inviter à m'asseoir et à profiter de l'instant s'il n'y avait cette foule compacte, dont on se réjouit qu'elle ne possède pas de flingues dans les rétines quand elle vous dévisage. Un sentiment hésitant entre peur, dépit, dégoût se pointe immédiatement dans mes neurones. Est-ce cela aimer la BD? Se tasser dès l'ouverture en file indienne pendant des heures, sans rien voir de la ville, sans rien voir du voisin, sans rien savoir de lui si ce n'est qu'il est un temps d'attente, sans sortir la tête de notre coquille, en lisant pour la centième fois la même bd. Dire que seuls 2 auteurs ont ouvert les hostilités, et que déjà toutes les tables sont prises d'assaut, même celles où l'auteur est "réservé" au tirage au sort. Etrange manie que celle des hommes parfois. A jeter un regard désabusé, je ne remarque pas la présence de la main tendue par un enseignant de mes connaissances…il a l'air jovial, sympa, détendu. La conversation qui suivit cette rencontre fortuite fut certes banale, mais elle eu le mérite d'évacuer les pensées nauséabondes qui commencer à me gagner. Une fois pris congé de ce professeur salvateur, il me restait à poursuivre la visite.

Y'a rien à dire, Amiens voit les choses en grand et en exceptionnel, pour tout vous dire, même la cafétéria qui recevait quelques artistes, associations et autres vendeurs, avait l'air salubre! Mais comme le questionnement quant à la raison de ma venue ici commence à me rattraper au fil des pas et des gens hagards que je croise, je me dis qu'il est temps de s'éloigner de l'arène et d'aller voir de plus près la ville elle-même. Faut dire autant de passionnés réunis en un même endroit et si peu de chaleur humaine, autant d'empressement…je trouve ça vain, futile inutile…et surtout pas très beau…oui il est temps de partir pour une petite ballade. Pour aller à la cathédrale/phare il faut passer sur un petit pont en bois, en dessous duquel une famille de canard s'en donne à cœur joie…de la simplicité du monde…peut-être. Le centre ville est mignon, les terrasses ombragées, les filles jolies, l'architecture aléatoire et preuve que nous sommes bien dans un pays riche : à peine installé sur un banc un sandwich à la main, qu'une horde d'oiseaux affamés se jette sur nous, le ventre bien rebondi. L'instant est au calme, à la quiétude et au thé vanille. Du fait de l'empressement singulier des personnes présentes, j'évite habilement de croiser un jeune arriviste de mes connaissances malencontreuses. Autant ne pas créer de rixes en ces lieux. Quelques mètres, qui ne se comptent pas encore en minutes (il ne fait toujours pas assez chaud), plus loin une autre rencontre, plus agréable celle-ci, me fait prendre conscience qu'un groupe de joyeux lurons, membre de l'équipe d'un fanzine que je côtoie, a élu domicile dans le coin. Je ne sais pas sur le fond, mais sur la forme ce sont eux les plus présents : leur campagne d'affichage est bien présente.

Un petit tour à l'endroit des tirages au sort nous apprend, par l'intermédiaire de vigiles zélés, que la cérémonie n'aurait lieu qu'à 14h30 précises. Chose surprenante, non seulement les intéressés s'y regroupent bien, avant sous l'œil bienveillant des dits vigiles beaucoup moins regardant sur le coup, mais en plus, certains groupes d'admirateurs sont invités à suivre des organisateurs bien avant l'heure fatidique. Pratiques modernes et efficaces qui contribuent, pour moi, à rendre le contact avec autrui quasi nul et propice à un manque de respect ou de considérations envers son voisin. Je passe sur la loterie proprement dite affichant par là mon indulgence à l'égard des blagues potaches des animateurs et de l'attitude puérile de certains gagnants. Je me souviendrais plutôt des belges rencontrés à cette occasion, dont un directeur de festival pas trop loin de Charleroi qui furent patients et sympas…je me souviendrais aussi de mon ticket gagnant pour Plessix (Le vent dans les saules/Delcourt). Un repos bien mérité suite à ce déferlement scolaire m'amène à penser à aller voir Chauzy. A ce moment, le sous-sol est envahi du bruit des numéros de cirques organisés pour ring circus, initiative fort joyeuse et bien pensée. Pour l'auteur qui est le fruit de mes convoitises, l'endroit est assez exigu et aux couleurs urbaines, seule dénote la table aux motifs vaches!!!
La rencontre est passionnante et fort instructive…mais la proximité d'avec des coureurs de dédicaces (personnes qui pour moi ne possèdent que des albums dédicacés et qui n'ont jamais du les lire) nécessite un petit coin de soleil histoire de se préparer à la foule hostile présente plus haut.

Au troisième il fait chaud et malgré les consignes, pas mal de sacs incarne déjà les personnes physiques dans les files d'attente. Des conversations spontanées et animées se forment pourtant entre les amateurs et…leurs portables! Je profite de cette communion générale pour aller discuter avec quelques auteurs esseulés, histoire d'opérer un égaiement mutuel de nos humeurs plutôt moroses, faut dire toute la journée à une table sans que personne ne vous adresse la parole tandis que votre voisin à des crampes à la main…c'est frustrant. La queue pour Plessix est assez longue, sa pause clope va durer près d'une heure…de ce fait j'engage le dialogue avec l'homme devant moi. La trentaine, l'air avenant, il est ravi d'être là mais est las de n'avoir nul quidam avec qui se délecter de ses récentes découvertes, je serais ce quidam. L'heure continue de tourner et sur les coups de 18 heures, mon charmant interlocuteur se doit de me laisser pour cause de famille à nourrir. Je ne sais si ce fut du fait de mon charme inénarrable (la preuve je vous en parle pas!) ou de celui de la personne qui m'accompagne (c'est la preuve que je mens depuis le début puisque je dis "je" alors que j'étais 2…c'est fou!). Mais revenons à cet homme qui m'a offert spontanément son ticket gagnant pour Plessix (Julien Boisvert/Delcourt itou)...qu'il soit ici remercié pour son geste altruiste et dénué de toute pensée pécuniaire…un délice qui m'émeut encore (ça doit avoir un rapport avec le tissu vache suscité).

Le maître me/nous gratifia donc de 2 superbes dessins exécutés tout en nous narrant quelques anecdotes sur ses planches…un plaisir raffiné qui n'aurait pas dépareillé avec le thé d'avant. Après avoir pris congé de l'auteur, un dernier regard circulaire confirma mon opinion sur l'étrange procession qui anime les passionnés en période de rut, l'œil aux aguets, les doigts crispés sur l'album chéri fraîchement dédicacé près à se saisir de la moindre opportunité…parfois une chape de silence vient s'abattre sur le lieu…tandis qu'un frisson vous parcours l'échine…brrr…Il est temps de définitivement s'écarter de ce lieu par trop marqué d'une atmosphère tendue.

Le retour fut silencieux, je me disais que ce festival était drôlement bien foutu, les animations bien choisies, les rencontres avec les auteurs fort attrayantes, les à-côtés (projection de films d'animation, présence de fanzines…) parfaitement gérés…le prix plus qu'abordable, que tout les goûts étaient là sans se marcher dessus…mais que décidément des individualités groupées au sein d'un gigantisme ne faisait que refléter l'ego monstrueux qu'engendre la consommation et la frustration…j'en étais là quand il fallut changer le cd dans le poste et que Bashung s'en vint déchirer le ciel….enfin le toît.

Bien à vous,
Monfreid...
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