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Say hello to black jack


Monfreid...
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Say Hello to Black Jack
de Sato
aux éditions Glénat




Pour les 3 premiers tome

Résumé : "Say Hello to Black Jack" narre le parcours agité d'un jeune interne nouvellement admis dans l'un des hôpitaux les plus prestigieux du pays. Pétri d'idéaux et animé par une inébranlable foi en l'humanité, il va pourtant découvrir l'envers du décor : conditions de travail éprouvantes, salaires de misère, cynisme de la hierarchie à l'égard des vies mises entre ses mains.

Avis : ce manga à un titre en hommage à la série "black jack" de Tezuka! et son impact au japon à permis de nouvelles mesures en terme de santé publique. la parution du troisième volume est l'occasion de revenir sur son contenu

En listant le résumé, on s'interroge, cette série va-t-elle louvoyer jusqu'aux rêves insulaires de Tezuka ou directement s'échouer vers les considérations pseudo sociologiques d'Urgences ? Interrogation qui ne sera pas légitimer par la lecture des 3 premiers tomes, qui ont le mérite de nous prodiguer un ton nouveau sur le sujet.


Alors une fois n'est pas coutume nous allons commencer par les points noirs de cette série, les détails ou les prises de positions qui pourraient la rendre rédhibitoire.

On le sait, l'auteur à voulu ouvrir les yeux des lecteurs sur la situation déplorable de la santé dans son pays, un secteur gangrené par un libéralisme galopant. On le sait aussi il à fait mouche, la série étant devenu un "acte social". Il faut donc nous débarrasser de ce contexte pour lire les albums, afin de voir si le sujet est réellement bien traité par l'auteur, si il y a plus que des intentions. Première étapes d'autant plus délicate que nombre de critiques sont élogieuses (voir à la limite de l'hagiographie) à l'encontre de cette saga.

Ensuite, s'il est facile de comprendre et de s'attaché à un héros qui vient de débarquer dans un immense hôpital tout blanc, et qui en plus à du mal socialement. Le fait qu'au bout de 3 tomes et de plusieurs déboires il continue de chialer comme une madeleine à tout bout de champ, devient lassant pour ne pas dire énervant. Bien entendu cela permet l'empathie avec le patient, on se dit qu'un "bon" médecin c'est celui qui se met à la place du patient; m'enfin il y a des limites au recours lacrymal.

Autre obstacle à une lecture sans faille, la construction narrative. Pour toucher le public, l'auteur use de la figure de style la plus répandue, celle du "maître et de l'élève". Chaque service correspondant à autant d'étapes sur le chemin de la connaissance, chaque "mauvais maître" se révélant plus fourbe que le précédent (et dénonçant un travers de la société) et lié au décision de masse. A contrario, chaque "bon maître" possédera un trait de caractère particulier (douleur sentimental, en proie au doute, un peu déjanté…) pour finalement se révéler être un individu hors norme et hors pairs. Ainsi les individus qui vont manifester leur bon côté, font se regrouper contre la multitude anonyme et sans visage de l'administration. Or cette technique, quoique efficace, fait trop appel à la fiction pour vraiment proposer un propos rationnel voire crédible.

Une fois passé, c'est deux difficulté, on peut s'intéresser au charme de cette série, qui en a beaucoup à revendre.

Tout d'abord, le sujet en lui-même, c'est-à-dire le fonctionnement du système de santé nippon, et plus particulièrement d'un hôpital, est bien traité. De façon, objective, par l'intervention de donnée chiffrée qui mettent en relief la situation. Malgré des réactions parfois peu vraisemblables, les valeurs annoncées nous replongent aussitôt dans la dure réalité. Le mélange entre cas individuels et réalité globale, ne permet pas à la critique d'avoir de prise tangible. La mécanique de gestion des biens et du personnel et telle que les patients et les toubibs en pâtissent. Ne serait ce que de ce point de vue là, la série est véritablement passionnante.

Subséquemment, le dessin de Sato est très porté sur les émotions et leur impact. On peut lui reprocher de donner un peu trop de place aux larmes (ce que je fais), reste qu'il à le bon goût de mélanger les approches. Les scènes de "transitions", c'est-à-dire de discutions entre autre, sont traités sur un mode réalisme dans des cadrages assez larges, on cerne facilement les événements à venir et la position des personnages. Dès que l'action est plus intense, le cadrage s'en ressent, on colle plus au personnages et à leur mouvements, le trait ne change pas, mais notre vision ressent ce changement. Il en va de même pour les prises de décisions. Quand aux conséquences émotionnelles de tout cela, elles se résument souvent en quelques dessins, plus marquant, porté uniquement sur le sentiment du moment (pleure, rage, obstination…).

Sato nous montre de cette manière comment les sentiments humains se transforment et évoluent à l'intérieur d'un espace inconnu et inhumain de part sa taille et ses ramifications. Il s'en dégage paradoxalement un sentiment de gêne, de claustrophobie bienvenue.

Bienvenue, car c'est grâce à lui que le lecteur va vraiment rentrer dans l'histoire. Nous l'avons vu la structure narrative du récit, dépasse souvent le cadre rationnel ce qui nous empêche de vraiment ressentir de la pitié ou de la compassion pour ce jeune héros. Si ce n'est par ses réactions "positives" ou son attachement (malsain!) aux patients, c'est par la teneur de ses mésaventures que naîtra notre commisération.

En effet, si la surabondance de pathos sied mal à la rigueur du propos, et en plus ne permet pas un récit bien huilé (les figures de styles étant trop prévisibles dans la construction des personnages). Il n'en reste pas moins que la difficulté dont elle est issue est véritablement monstrueuse. L'humain, le vivant en général, devient vraiment une valeur marchande. Le marché et ses impératifs gouvernent entièrement la morale hospitalière! Un constat qui fait froid dans le dos. Si parfois Sato défonce des portes ouvertes, il à le mérite de ne pas lâcher prise, bien que conjecturable sa construction narrative n'en est pas moins en parallèle avec les stades d'apprentissages d'un jeune médecin.

Aucun services ne sera épargnés par ce constat affligeant. La cabale qui s'exprime autour du héros est elle aussi traité de façon trop "utile", elle n'en reste pas moins crédible. Plus encore, ces stades servent à accumuler des connaissances par le biais de l'expérience; or ce qui est terrible c'est que cet empirisme à comme propriété principale de se fonder sur "une idée chasse l'autre", le savoir venant peu à peu se substituer à la conscience morale.

Nombres de ces considérations se retrouvent, dans le portrait de ce jeune médecin boulimique au père médecin d'un autre âge dont on nous propose le portrait. Un portrait tout en finesse qui, moins manichéen qu'à l'accoutumé, laisse le lecteur seul avec ses propres opinions.

Une série qui devrait nous permettre de méditer quand à notre propre système de santé, et aux sophismes du quotidien qui abreuves les discussions de comptoirs à son sujet..;

A suivre…


Bonne lecture,
Monfreid...
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CITATION(Monfreid...)
Une série qui devrait nous permettre de méditer quand à notre propre système de santé.
Monfreid...


Cher Monf'...
Loin de moi toute idée de répondre à tes paroles et tes commentaires, mais, étant moi même impliqué dans ce sacro-saint système médical francais (mais n'ayant lu que les 2 premiers tomes...), je me dois de constater que ce système nippon n'est que de peu éloigné du notre...
Certes, ce constat peut faire frémir (surtout quand on voit les statistiques présentes dans le premier tome), mais il n'est, à mon avis que peu éloigné de la réalité!!!
En effet, lorsqu'un quidam arrive dans des urgences, pour peu qu'il s'agisse d'un hopital "important" de la région, il va être pris en charge par un interne (.... voire un externe dans un premier temps!!!).
Ensuite, le système de "la première classe" existe certes, mais n'a pas réellement cours dans les CHU... et ce pour une simple raison...: la majorité des patients sont opérés par des internes, mais (et je ne dis pas ça uniquement pour rassurer les gens quant au sérieux des CHU) supervisés par des chirurgiens spécialistes..!
telle est la dure réalité des hopitaux français...


Bien à vous....
Morkai
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vas y reprend je t'en pris!

j'ai quelques potes infirmiers et mon amie et en stage dans un hôpital en ce moment (pas en tant qu'infirmière ou médedcin )...je me rend bien compte que ce n'est pas évident du tout!

et que surtout c'est comme à l'éducation nationale, les propositions de réformes et la médiatisation, sont loin très loin de la réalité!

par contre je ne pense pas qu'un manga va faire bouger les choses chez nous :roll:

merci de tes remarques 8)
bienà toi,
Monfreid...
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ca y est...
j'ai lu le 3eme tome...

et ce que j'y ai lu m'a confirmé dans l'idée que le point de vue de l'auteur est définitivement celui d'un médecin généraliste qui se retrouve dans un centre hospitalier, voyant ainsi les travers de la déshumanisation qui est le lot de la majorité des services d'un centre hospitalier.... l'efficacité et le rendement étant plus importants que la situation du patient et que son bien être moral!!!

A contrario, le généraliste entretient une relation de "proximité" avec ses patients.... et s'en occupent dans leur globalité, et non pour une pathologie donnée!

En espérant pouvoir rapidement lire le tome 4....
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  • 3 months later...


Say Hello to Black Jack tome 4
de Sato
aux éditions Glénat




Résumé : La suite des aventures de notre jeune interne

avis : ici l'avis s'attarde sur les "points négatifs" l'album, bien que "moins bons" que le précédent reste toutefois de qualité!Tout est il acceptable sous le prétexte de la morale ? Un discours réaliste doit il se plier aux exigences lacrymales consensuelles pour toucher un public ? Perd on en impact en se donnant en spectacle ? Autant de question que le traitement de ce quatrième tome de "say hello to black jack" nous pose.

Nous avions laissé notre héros dans une position plus que délicate. Les survies de jumeaux dont l'un s'avère être atteint d'un syndrome grâve, n'est jamais chose facile, d'autant plus lorsque les parents ne veulent pas entendre parler d'une opération. Tout l'épisode va tenir sur cet événement.

Autant le dire tout de suite, c'est trop long, plus de 200 pages sur ça, c'est trop, on gagne en nuance, ce que l'on perd en densité. Les premiers épisodes étaient choquant car ils ne nous laissaient jamais le temps de nous reposer, là forcément les dialogues s'amoncellent, les rebondissements aussi et on finit par devoir "faire un choix", par opter pour l'un ou l'autre des personnages, l'une ou l'autre des visions de la vie qui nous sont proposés.

Le souci, c'est que le ton larmoyant n'évolue pas d'un pouce. Au fur et à mesure de la lecture on se dit que la "transmission" des sentiments doit obligatoirement passer par des larmes, par une pise de conscience morale exagérée, invalidant une bonne part de crédibilité. Insidieusement la part des choses se fait entre des données brutes (le nombre de mort d'enfant au japon/ la discrimination des handicapés) et les réactions des personnages. Peu à peu on se détache de la sensiblerie, pour ne plus retenir que les faits. Du moins cela serait la bonne solution à adopté au vu de quelques pages en "surplus".

Ce qui est assez "choquant" c'est que le traitement graphique n'hésites à partir en dehors des sentiers battus en proposant des images assez "dures", plus brutes, mélanges de crayonnés et d'encrage nerveux, de véritable réussite, qui arrivent un peu tard.
En exploitant jusqu'à la corde la veine des "rebondissements" pour explorer l'âme humaine, l'auteur entre parfois de plein pied dans le rocambolesque voire dans le vaudeville.

Bien entendu, tout cela est fait afin de "porter" un sujet douloureux et plus complexe qu'il n'y parait. Nous avons ainsi tout loisir de nous poser la question quand à la légitimité des actions parentales sur la vie, sur les limites du rôle des médecins, sur les recours possibles, pour mieux nous questionner sur nos propres points de vus. La question suppose donc une problème moral complexe, plus que cela il pose les frontières entre le consensus théorique des lois social et les effets pratiques de l'application de ce même consensus. En prenant un exemple bien précis (et assez extrême) l'auteur ne fait pas dans la demi-mesure. Force est de constater que l'on est dans le vif du sujet, rien à dire, le problème est posé, exposé et à résoudre le plus vite possible!

L'impuissance du système hospitalier n'en est que plus flagrante. Seulement voilà pour captiver son lecteur, l'auteur commence à user de travers trop visible, de ficelles narratives qui se démarque de la réalité des événements. En donnant un caractère "sombre mais pour de faux" au père des jumeaux, il gâche les efforts de son héros, il anoblie l'humain, le rend miséricordieux à ses propres yeux. Cette démarche du "happy end" contraste trop fortement avec la majorité du personnel qui dépeint comme blasé et cynique.
Bien qu'étant la pire des ordures, il est possible pour un homme de trouver le pardon (au contact du héros sinon ça ne marche pas!); alors que les employés de l'hôpital rendent compte des préjugés les plus méprisants. Bien qu'insignifiant cette démarche montre les limites du propos de l'auteur pour qui l'important devient de plus en plus le "message", qu'importe si le colis subit des dommages.

En agissant de la sorte, en négligeant la forme scénaristique, il peine à rendre valide la notion de culpabilité qui englobe le personnage du patron du héros. Franchement toute la vie du mec est basée sur la notion de courage, de dévotion, sur la droiture, la prise en compte du malade, la connaissance et le souvenir des parents, un savoir faire hors pairs, un comportement irréprochable, moral mais pas moraliste, en plus il partage cet état d'esprit; et le tout est chamboulé par la crise existentielle d'un pauvre interne en proie à de la culpabilisation à outrance. Alors que des internes ou médecins jugeant l'un des leurs, on juste le droit à une remarque lapidaire d'une infirmière…il y a deux poids deux mesures, qui frôlent l'incohérence à ce niveau.

Bien entendu cette partie nous "informe" et nous fait réagir sur la question du rôle "moral" du médecin dans notre société, sur la question de son devoir d'information et ce qu'il sous tend. Mais une fois encore, il y a trop de sentimentalisme.

En somme il s'agit d'un bon album! Qui prolonge agréablement la série, mais qui à le tort de tomber dans les travers de ce qu'il cherche à dénoncer. Un système médical va souvent mal à cause d'une médiatisation néfaste, de comportement de laisser aller et de préjugés ayant la vie dure!
En mettant en avant la seule solution des sentiments, l'auteur pèche par excès de zèle.

Une série à suivre en espérant qu'en grandissant notre héros gagnera en recul et le propos sera plus durable;

Bien à vous,
Monfreid…
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