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Premier "café-bd" avec Loisel


Monfreid...
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Compte rendu du premier "Café-bd", organisé le 27/10/04 à "l'autre café" à l'initiative de l'ACBD, en compagnie de Régis Loisel.

A travers les vitres embuées du café, notre regard guette un improbable paquebot, histoire de se rassurer sur sa raison en partance sans doute. A croire que les vertus lyriques des pluies citadines ne s'acquièrent qu'à Paris.

Ce premier "café –bd" est l'heureuse initiative de l'Association des Critiques de Bande Dessinée (ACBD), et force est de constater que les choses sont faites à la mesure de la tâche puisque, l'invité d'honneur et parrain de la soirée ne fut autre que l'immense Régis Loisel. Dès lors, nous ne pouvions refuser la généreuse invitation de l'ACBD.
Le cadre, propice aux échanges (un café du 11ième, bateau ivre) et l'accueil chaleureux, font vite s'envoler les doutes quand à une possible conférence de presse déguisée. Place à la convivialité…

Régis Loisel est à l'aise, rompu à l'exercice, il n'en est pas blasé pour autant, au contraire il semble ravi de pouvoir s'exprimer dans ce contexte. Une brève présentation et un rapprochement commun des tables plus tard et déjà les questions fusent sous la houlette de l'ACBD.

La lecture du dernier tome des aventures de Peter Pan, en a bouleversé et chamboulé plus d'un. La noirceur et le pessimisme qui s'en dégagent répondent pourtant à la volonté première de l'auteur, ce thème est l'axe "la colonne vertébrale" de l'œuvre, autour de laquelle vient s'articuler le reste. Il a conscience du choc que cela peut provoquer chez les lecteurs, il ne cherche pas à le minimiser ou à le justifier; en assumant ses choix il évite l'hypocrisie du réconfort.

C'est en voyant le film d'animation réalisé par Disney (1953) que Loisel a eu l'envie d'en savoir plus sur le personnage. Peu convaincu par le roman de Barrie, il décide de nous livrer sa propre vision, sous forme de genèse, du mythe Peter Pan. De ce point de vue les raisons qui ont présidées à l'élaboration de la série témoignent de l'évidence et de la pertinence de ce choix.
Pour réelles qu'elles soient, elles n'expliquent pourtant pas tout, et la discussion de continuer sur les chemins de traverses de l'enfance.
Régis Loisel nous fait part de sa fascination pour l'enfance, pas pour les réveils au milieu de la nuit ou les couches culottes, mais pour cette capacité d'émerveillement si particulière dont les gamins sont les détenteurs exclusifs. Ce regard énamouré pour le vide ou le banal, il cherche à la reproduire à travers ses planches. Toujours ce thème l'a poursuivi tout au long de sa carrière, déjà "la quête de l'oiseau du temps" proposait des personnages ayant tous un côté môme prononcés. Cette réminiscence n'en reste pas moins lucide. Jamais Loisel ne cherche à Idéaliser Peter Pan, si ce dernier est apte à s'ébaubir d'un rien, à subjuguer son monde, c'est aussi un être monstrueux sous bien des aspects. Il n'y a pas chez l'auteur de recherche aveugle d'un paradis perdu, il est parfaitement conscient de son propos, il l'a mûri pendant une quinzaine d'années.
Lorsqu'il exprime cette dichotomie entre la naïveté, la pureté d'une émotion et la gravité, la cruauté d'un être; on comprend que ce qui fait lien dans cette œuvre, c'est non seulement la douleur (du passage à l'âge adulte, du rêve à la réalité etc) mais surtout l'immense compassion du créateur pour son personnage dont il à choisit de narrer les aventures.
Cette profonde empathie, qui nous renvoie à la notion d'un inéluctable destin est au cœur de la trame de la saga. En y faisant allusion, l'auteur finit par passer à autre chose, sous le coup de l'émotion.

Nous assistons alors à la projection de la bande annonce de l'album.

Si plusieurs tentatives de montage d'images avaient déjà vues le jour, pour présenter des albums, on ne peut pas dire qu'elles aient marqués les esprits. En revanche, on peut parler ici de véritable révolution dans ce domaine, tant sur le plan technique que pour l'avenir qu'elle laisse entrevoir.
Le film de 30 secondes, propose des acteurs (amateurs mais crédibles) jouant les personnages principaux, au milieu de décors virtuels. Le tout, filmé avec une caméra HD, offrant un tourbillon d'images chocs très réussie et très alléchantes.
A la fin de la projection, l'idée d'une adaptation dans ce format en long métrage s'impose à nous avec clarté. Régis Loisel, ne tarie pas d'éloge sur le réalisateur de ce petit chef d'œuvre.
Il faut dire que Boudruche en impose, moins de trente ans, et une réalisation de cette qualité effectuée en solitaire. On comprend mieux, pourquoi, l'auteur choisit d'éluder la question sur sa propre participation à un possible projet d'envergure pour citer son nom.
Il ne faut pas négliger non plus le fait que, ce film qui sera projeté dans 300 salles de cinéma, Loisel en est directement à l'origine. Producteur du projet, il à voulu faire figure de pionner en la matière. Gageons que ce coup d'essai, qui se révèle être un coup de maître, saura faire naître des vocations.

Lorsqu' on lui demande si ses intentions de se tenir éloigné de la bande dessinée sont réelles, l'auteur explique qu'au vu de sa cadence de production qui n'est pas des plus rapides, il s'est souvent tenu éloignée de cette dernière.
Si quelques idées autours d'une histoire d'amour tragique mais à la fin heureuse le titillent; toute ton attention semble se porter sur la peinture.

Loin des considérations d'esthètes de salon, Loisel nous affirme son manque de pratique en ce domaine. En marge de la bande dessinée et de l'illustration il va chercher à se confronter à la peinture. Il s'agit là de son centre d'intérêt du moment, il sait qu'il sera attendu au tournant, mais persévère dans cette voie. Il est intéressant de noter qu'il appuie sa démarche et son envie, sur l'énonciation de son incapacité. L'anecdote, selon laquelle il aurait été malhabile à produire un portrait convenable lors d'une séance de peinture, montre à quel point cet auteur est curieux de lui-même.
Il en va de même lorsqu'il évoque son style, il ne stagne pas, il n'est pas non plus en "évolution", c'est la recherche qui domine son caractère graphique. Il prend note de ses erreurs, et c'est grâce à elles que sans cesse il se remet au travail. Ce qui le fascine lorsqu'il parle de son attrait pour la peinture, c'est la possibilité de s'y engouffrer et d'avoir des tas des choses à découvrir. N'étant pas dupe de ses propres "tics", des artifices dont il use, pour notre plus grand plaisir, il continue de vouloir se mettre à l'épreuve, sans vanité aucune, ni prétention, affichant au contraire un entrain soudain à la perspective de peindre des toiles.

Cette auteur culte, qui ne fait pas de la Bande Dessinée "pour rigoler", n'en est pas moins un bon vivant. Comment alors parler peinture, sans évoquer les femmes ?
Les femmes, qui le fascinent de plus en plus nous confie t'il, sans doute l'un des piliers de son œuvre. Une remarque fuse énonçant, le lien direct de la femme à l'enfant; forcément ça touche au but. Mais nous ne sommes pas là pour décortiquer ce qu'il en est, juste pour observer le plaisir qu'a cet auteur à évoquer ses thèmes de prédilections, et dire combien les lectrices apprécient sa vision du beau sexe, tant elle est fidèle à une réalité qu'ignore encore trop d'artistes. On ne peut pas se détacher de cet homme, dont les mains posées nonchalamment, ne demandent qu'à venir corroborer les propos de leur maître.

Ce qui trahis Loisel, c'est son œil, à la fois espiègle et sûr de lui. Tel un Spinoza contemplant le monde au travers des lentilles qu'il taillait pour gagner sa vie, Loisel ne semble créer qu'au travers des histoires qu'il aime à nous raconter. Il le dit lui-même c'est un "raconteur", et l'on ressent sa satisfaction d'adulte à pouvoir énoncer cela sans remords.
Subsiste, pourtant une lueur malicieuse dans son regard, car s'il prend plaisir à se raconter, il semble jubiler à l'idée que c'est au lecteur de se débrouiller avec l'histoire.
"Elle ne m'appartient plus", lance t'il à propos de la BD qui clôt le cycle, sous entendu "vous en êtes les responsables dorénavant".

Il est là le présent de l'auteur au lecteur, dans cette confiance qu'il place en nous. Et ce premier "café-bd" aura su nous en faire prendre conscience.

Bien à vous,
Monfreid...


Un grand merci à
Régis Loisel
aux éditions Vents d'ouest
à Marielle de m'avoir supporté
et à Renardrouge!

sans oublier d'autres qui contribuent par leur méfaits à me faire persévérer!
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Beau boulot Monfreid (je me permets car j'ai accompagné Monf à cette rencontre hier soir pour mon plus grand plaisir).
8)


(et la bande annonce est très rapide (30s), mais elle est tout simplement époustoufflante, :shock: et encore plus quand on connait ses conditions de réalisation (bénévolat)). Ne la loupez pas dans vos cinéma.
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  • 3 weeks later...
Je remonte ce topic,
pour vous dire que la page du site qui lui est consacré ici
à été agrémentée pour inclure des photos de la soirée en question!

ce qui est toujours plus sympa!

Les photos sont de Mr Melikian, qui nous a fait confiance et nous le remercions encore une fois pour cela!

comme vous êtes gentils, j'en met quelques unes ici, (dont des qui ne sont pas sur la page du site)...

















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  • 1 month later...
CITATION(Monfreid...)
CITATION(hélène)
ou alors trés flou dans un reflet de miroir...  :?


et vi :wink:
docn tu m'as trouvé!

plsu dur maintenant :
où est RR ?
(ceux qui connaissent pas le droit de jouer!) une aide, on ne le voit presque pas! :roll:

Le monsieur dont on voit un peu les cheveux entre toi et celui qui lit une bd?
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