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Dontar


Monfreid...
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pas encore dispo sur bdnet


Dontar
tome 1 jeux d'enfant
par Corominas
aux éditions Paquet




Résumé : Angleterre, hiver 1420. Le château fort de Dontar se dresse sur un rocher qui émerge de la mer. L’un des versants de la falaise plonge dans un tourbillon d’eaux noires ; on raconte que ce sont les portes de l’enfer, où vit le véritable Léviathan. Dans le château, le Duc de Dontar, au comportement anormal depuis la mort de sa femme et sa fille, refuse d’obéir aux ordres du roi. Sa cousine Margery de Windeatt fait le trajet avec sa fille, Alice, et l’abbé de Dontar pour essayer de raisonner son seul parent proche


Avis : Il en existe peu des albums comme "Dontar", une poignée par an. C'est une joie de savoir que nous ne sommes pas passé à côté de l'un d'eux.

L'un des atouts de l'aquarelle, c'est que même parfaitement maîtrisée, elle échappe toujours au peintre. L'eau est un élément instable, c'est ce qui fait son charme. Ainsi l'éclat enluminé que laisse présager un feuilletage rapide, est immédiatement contredis par une quatrième de couverture qui laisse présager les pires cauchemars.

D'emblé on se dit que l'auteur va avoir du mal à mettre en place son univers. Car, si le deuxième volume est celui qui permet de vraiment se rendre compte de la qualité d'une série: le premier, celui de la mise en place, est un couperet. Dans l'abondance actuelle, un raté signe souvent un arrêt de mort pour une série, qui ne trouvera son public que plus tard, en tant qu'œuvre culte, quand elle ne sera plus éditée.

Alors quand un album se présente, forcément on finit par en attendre beaucoup ou par être un peu défaitiste. Et puis, et puis parfois loin de ces automatismes, au détour d'une page, la magie opère.

Nous sommes saisit par la beauté des cases. Il convient ici de parler de "charme" et non d'esthétisme. La force brute qui se dégage des couleurs est telle qu'elle n'offre aucune échappatoire possible. Immédiatement les teintes semblent surgir pour nous happer dans un maelström de nuances et de teintes. Il ne s'agit pas de la première Bande dessinée qui utilise l'aquarelle, ni de la dernière; mais visuellement le choc à rarement était aussi puissant (depuis Demeter, je n'ais rien vu de tel!).

Reste à appréhender l'utilisation, de cette technique, pour savoir s'il ne s'agit que d'un écrin doré et trompeur.

La mystérieuse jeune fille a les yeux blancs, éteints sans vie, quelle pire horreur que d'avoir qu'un miroir d'angoisses comme seul compagnon de nuitée ?

Et pourtant, la lumière ocre est chaude, la vie paisible, l'eau domestiquée dans l'enceinte d'un bain que l'on devine chaud. Le souci d'apparat est encore de mise, déjà l'univers séduisant. Quelques pages lui sont suffisantes pour créer un mystère et poser des personnages. Ça se sent, l'auteur suit son instant, il "laisse aller" son envie, et ce sont les couleurs qui dictent l'ambiance. Nul besoin de délayer pour que l'on entre dans l'histoire, il n'y a qu'a observer. Le château de sable, qui s'effrite c'est bien sûr la menace sur l'enfance, mais aussi la chute de nos attentes.

S'il est difficile de parler d'un album de mise en place sans en dévoiler l'intrigue, on peut toutefois en dire quelques mots.

Tout d'abord, la délicatesse des traits des héroïnes du récit, atteste de leur pureté, d'une certaine vertu; tandis que leur actes et leur paroles (à la mère comme à la fille, dont les décisions sont toutes aussi assurées) prouvent qu'elles ne sont pas naïves ou dupes de ce qui les entoure. Cerise sur le gâteau, touche de génie, si leurs expressions corporelles assurent la "transition" des émotions; la couleur de leur parure, de leur visage en corrélation avec celle du milieu où elles évoluent, énoncent la profondeur et la complexité de leurs sentiments. Hormis quelques auteurs comme Sorel, qui arrive à ce niveau, là où l'abstraction confine à la bestialité des émotions ?

Ajoutez à cela un sens du cadrage à la justesse désarmante. Devant la beauté des images ont se laisse emporté par un certain lyrisme, on tente de se ressaisir rationnellement en se raccrochant à l'histoire, pour se retrouver tout aussi déstabiliser devant le canevas implacable de Corominas. Tout s'enchaîne à merveille, ce qui lève le voile sur un véritable don de la césure. Images saisissantes, effet réussi et dans le même temps (très court) continuité de l'histoire et gain en densité, ce qui lui laisse de la place pour des chocs graphiques.

Le "truc", c'est qu'il ne tombe jamais (et quand je dis "jamais" c'est pas une fois) dans la facilité. Les cases "d'utilité", c'est-à-dire celles qui mettent en valeur une réaction, qui proposent un dialogue "explicatif", ces passages obligés il les survolent, en les traitants avec énormément de minutie. La couleur est aussi utilisée comme élément liant ! L'eau déborde de son lit, comme les héroïnes changent de décors.
Ensuite, les "grands dessins", qu'ils proposent ne sont pas d'inutiles prouesses graphiques. Il éblouit le lecteur, mais ce qui emporte c'est avant tout le sentiment. Les questionnements (le squelette sur le mur), l'étonnement sont les nôtres mais aussi ceux des protagonistes. En reposant sur une intimité très marquée, ce lien devient palpable.

On l'aura compris, à la grandiloquence l'auteur préfère une certaine efficacité, il ne faut pourtant pas se méprendre, la poésie est au rendez vous.

Le symbolisme n'est pas feint ou suggéré, il est assumé. L'eau, la mémoire de l'écume, les remparts, les forteresses de la raison se désagrégent sous les assauts inlassables des vagues. Les certitudes s'effritent, la mer se retire découvrant les craintes oubliées. Des tourbillons de forment, brouillant encore plus nos repères. En même temps que la raison qui s'ébranle, on voit l'enfance qui doute et le pays qui de divise.

Plus encore, les figures "mâles", ne peuvent plus assurer leur rôle. L'un est parti au loin, l'autre en devenant fou, ne peut plus que tyranniser ses ouailles et devient un fantoche, l'autre perd le symbole de son pouvoir (par le feu!!!), enfin les villageois sont désemparés. La femme représente la seule issue possible, le seul secours envisageable. La femme est symboliquement liée à l'eau, et l'auteur ne se prive pas de nous le rappeler (habilement). L'enfance aussi tient une part importante dans ce récit qui enchevêtre intelligemment simplicité (impact et suivi des personnages) et thèmes plus sibyllin.

Un album à la délicatesse ténébreuse et ensorcelante, qui se permet le luxe de poser les premières pierres d'un édifice narratif et allégorique d'une ampleur énorme.

Si le ramage des suites et de la teneur du plumage de cette mise en place, je parimon dernier denier qu'il s'agit de l'un des séries cultes des prochaines années.

On soulignera l'éditeur, la maison Paquet, qui en plus de trouver des albums de superbes qualité ces temps derniers, propose des séries très bien "montés".

très bonne lecture à vous
Monfreid...qui attaque sa quatrième lecture là
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CITATION(Monfreid...)
:oops:  

Merci beaucoup (déjà de lire le texte  :D  8) )



Oui dailleur je ne l'ai meme pas fait.
Quand c'est toi qui gait un sujet je vais sur BDnet pour voir une planche et puis voila.Apres si je connais, je donne mon avis.Mais ça m'arrive tres rarement (sa ne veut pas dire jamais) de lire tes sujets, désolé. :oops:et encor tu t'es amelioré quand tu ne fait pas un nouveau topic.C'est moin long a te lire. :wink:
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Je ne l'ai pas eu en main chez mon pseudo-libraire hier mais je crois que je suis de plus en plus attiré par ce genre d'histoires fantastiques...

Si en plus, comme il transparait de ta chronique, il y a une vraie maîtrise de l'expression bd, à la fois du point de vue graphique et du récit, alors je sens que ça va me plaire.

J'avoue que ta critique m'a fortement enthousiasmé. Merci Monf'!
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Je vais être un peu moins enthousiaste que Monfreid, mais malgré tout, cette bd reste d'une grande qualité!

-Les textes sont très bien écrits (ou traduit...), et je crois que c'est important de le souligner à l'heure où certaines BD ne contiennent pratiquement que des onomatopées ou des insultes... (loin de moi bien sûr l'envie que les bandes dessinées soient un domaine élitiste réservé à des lecteurs communautaires!)

-Le dessin est impressionnant! J'ai toutefois peur que certains lecteurs soient rebutés car on ne peut pas dire qu'il soit vraiment "classique". En tout cas il crée de nombreuses ambiances très particulières et il est arrivé à me faire ressentir tantôt le bonheur, la misère ou la crainte.

-Scénario excellent et plusieurs détails laissent présager de nombreux rebondissements par la suite.

-Le livre d'Adamnam Wegener se révèle très utile pour la compréhension du personnage.

Bref, très bon moment de lecture, bien que j'aie eu un peu de mal à m'immerger dans le récit dès les premières pages...
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je suis content!

parce que l'air de rien, si descendre en flamme un album est facile...l'encensé est proportionnelement beaucoup plus dur!

déjà pour ne pas tomber dans "c'est trop fort" c'est pô évident, ne pas faire de plagiat de l'histoire non plus...
mais surtout..;y'a le "poids de l'influence"..;non pas que je pense mon avis si important que cela (bien au contraire)..;mais on se dit, "j'ai dit cet album est génial" or je me met à la place du gars qui après avoir parcouru la chroniques, se retrouve sans rien comme nouveauté et n'ayant pas le temps prend cette dernière influencée par ce qu'il vient de lire!

et là on se dit que si ça ne plait pas, on à une part de responsabilité quand même!

alors Lapingue, je suis ravi de lire ça, tu me déculpabilises laugh.gif

ravi que tu es apprécié cet album...parce que je pense effectivement qu'en dehors des affinités plus ou moins fortes avec l'histoire ou le dessin...elle est vraiment superbe et originale!

Que tu n'ais pas était "emballé" dès le début mais que cela est réussi à te charmer..;c'est déjà un gage de qualité

bien à toi,
Monfreid...
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CITATION(Monfreid...)
... se retrouve sans rien comme nouveauté et n'ayant pas le temps prend cette dernière influencée par ce qu'il vient de lire!


c'est à peu prêt ce qui m'est arrivé...

CITATION(Renardrouge)
zêtes pénibles; j'avais dit que je prendrais plus de nouvelles séries.
8)


Pareil, mais j'ai vraiment du mal! :evil:
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j'étais a la fn.. tout a l'heure avec dans l'idée d'acheter Dontar parce que tu m'a convaincu Monfreid, et arrivé sur place, impossible de me souvenir du nom de la bd, le trou. J'ai bien regardé toutes les bds mise en avant, mais rien a faire.
Je suis repartit avec un jeu vidéo.
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Une excellente lecture. Une bd noire, oppressante et prenante avec un vrai bon scénario, des personnages consistants, un dessin superbe et comme le dit Lapingue des textes travaillés... Un vrai bonheur de lecture quoi !

Mais d'où il sort ce monsieur d'ailleurs ? Il a fait d'autres choses ? Je suis preneur en tout cas.... tongue.gif

Merci en tout cas pour la découverte.
A lire pour les autres ! biggrin.gif
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Feuilletée visuellement hier. Et "visuellement", c'est déja beaucoup parce que le graphisme est plutôt particulier! J'avoue que le style se prête tout à fait à une histoire fantastique mais il m'a quand-même fallut un petit moment pour m'habituer au trait et à la couleur qui sont assez inhabituels.
Ca m'a fait penser à la bd La chute en fait pour laquelle j'avais eu du mal à me decider à l'achat puis à la lecture en raison du style graphique, mais l'électrochoc qui suivi sa lecture me fait dire que je ne dois pas hésiter à acheter celle-ci!
Donc, c'est sur ma liste (dès que ma carte bleue aura refroidie!)
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  • 2 weeks later...
Merci Monfreid pour cette excellente découverte.
Les dessins sont saisissants, ils sont si fluides. Ils ont, je sais pas, quelque chose d'organique. L'apparition du fantome a la fin .. wouaw !
Le scénario n'est pas en reste, mysterieux, angoissant, j'ai vraiment envie de connaitre la suite.
Vraiment, Esteban content biggrin.gif
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j'ai acheté cette bd hier, et je n'ai vraiment pas été décu. C'est aussi génial que le souligne Monf. J'adore particulièrement le dessin ( Corominas est espagnol non ? si c'est la cas je crois vraiment que les espagnols sont pour moi réellement les maîtres pour créer des dessins vraiment vraiment SUPERBES (suffit de regarder gaurnido, gimenez et maintenant corominas)).
Voilà je sais que c'est un peu tôt étant de donné que Dontar est une bd récente mais à quand la suite ?
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  • 1 month later...
CITATION(Chafoin)
voulais tout simlement te remercier monfreid, et t' encourager a continuer ainsi....ai pas souvent le temps de passer mais tombe toujours sur tes chroniques, et comme dirai l'autre:"on pique droit dans le vif du sujet"....tout cela me titille grandement...


bah merci :oops:

en même temps, je suis ravi que tu postes sur ce topic en particulier, c'est un album que j'ai adoré...et avoir réussi à transmettre un peu de mon intérêt et un peu de ma passion...en offrant un point de vue "singulier"...ça me fait plaisir :wink:

Bref, merci à toi :oops:

et n'hésites pas à donner ton avis

bien à toi,
Monfreid...qui n'est pas doué en remerciement :roll:
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