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Sleeper


Monfreid...
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Sleeper
tome 1
de Brubaker et Wilson
aux éditions Semic
genre : super héros dégradable




Résumé : Grifter, membre des Wildcats et expert en armes à feu, a derrière lui une logue carrière de mercenaire, qui l'a amené à fréquenter les mauvais endroits et les mauvaises personnes. Alors qu'il rumine de mauvais souvenirs au-dessus d'un verre d'alcool fort, Grifter retrouve Lynch, vieux barbouze mêlé à des missions top-secrètes au sein de commandos dont l'existence n'est pas reconnue, ainsi qu'à la création du projet Gen. Quand ce dernier lui demande son aide pour une mission délicate, Grifter sent à nouveau le frisson d'adrénaline du bon vieux temps. Cependant, les maux de tête et les trous de mémoire dont il souffre depuis quelsques temps ne vont sans doute pas aider Grifter à plonger à nouveau dans le monde des agents secrets et des complots internationaux.

Mise au point Autant le dire tout de suite, je ne connais pas (si ce n'est que Moore y a collaboré) la série Wildcats, dont est issu le héros de "sleeper". En cela, les allusions à des faits antérieurs sont sûrement restées obscures pour moi.
En revanche, the authority ne met pas inconnu.
J'ai acheté cet album, attiré par sa couverture, je fais ça de temps à autre, et sans le feuilleter.



Résumé de l'avis : Un album, qui surprend par sa volonté de plonger le lecteur dans la déchéance d'un super héros. Cet anti héros, pathétique, vivote encore sur sa gloire passée, son manque de repaire transformera le prédateur en proie.
Un dessin imprégné de crasse et d'âpreté sert ce scénario en forme de fausse esbroufe et de vrai coup de maître.
Les amateurs de polars noirs, de cette lucidité que l'on nomme pessimisme, seront comblés à la lecture de ces pages. L'action, pour présente quelle soit y devient superflu, presque "en trop". Le labyrinthe de la ville renvoyant aux tourments d'un expert redevenu mortel.

Une enquête sans concessions qui interroge nos attentes de lecteurs par l'intermédiaire des figures du passé. Un jeu de tarot biaisé aux étranges prédictions!



avis : L'homme est plus fatigué encore que le comptoir qui lui sert de déambulateur rationnel. Il traîne là, épave de luxe, déchet d'une société contemporaine, incapable qu'il est de pouvoir rivaliser avec les modèles dernier cri de rêves sur papier.

Image trop vu, trop su, délavée…passée à la machine à oubli.
Souvenir couru d'avance.

Jusqu'à cette rencontre hasardeuse, avec ce "blueberry post-moderne". Figure abandonnée, tenue à l'écart. en faisant ressurgir cette antiquité d'une décennie dans nos mémoires les auteurs ne vont pas en profiter pour lui offrir une nouvelle jeunesse, bien au contraire. Ils vont plutôt s'attarder sur ce pan désormais déchu de l'histoire des comics.


Les héros d'hier sont les rebus d'aujourd'hui. Trop conscient d'eux-mêmes pour être de simples zonards, ils n'ont d'autres échappatoires que de continuer d'aller de l'avant. Si la noirceur n'est pas un élément nouveau dans les comics, son apparition dans ces pages, n'est pas sans faire preuve de nostalgie.


Le visage de Cole résonne de l'épaisseur du trait européen. Un encrage "novateur" en droite ligne des années 70. le doute n'y est pas permis. L'ardeur des mouvements, le bouillonnement des temps, seuls recours pour s'assurer que l'on est bien en vie.
Les scènes d'actions, flamboyantes, sont dans le plus pur style visuel d'une période qui fut faste. Pour autant, elles restent au "passé", toujours sous le mode du flash back; elles éclairent la narration de leur strass et de leur paillette, avant de retomber mollement sous le poids de leur propre inutilité.

Il faut bien le dire, l'imagerie véhiculé par des années de comics, fut telle que l'unique référent restait la puissance de "l'esthétisme", la posture comme dessein final. Des tombereaux de muscles prenant "la pose", ont servis la pâté à des scenarii de plus en plus fastidieux, où l'idolatrie tentée de se faire passer pour de la réflexion. (à la limite on peut percevoir "the crown" ou "matrix" comme des étant issus de ce syndrome de "la pose"!).

A force, faire des comics, revenait à vendre des scories indignes de ses propres exigences.
C'est à cela que nous ramènent ces actions forcenées, solutions extrêmes et inadaptées à des situations complexes parce que vulgaire.
Le culte du héros, sous l'égide de la monomanie précieuse, a fondue comme neige au soleil.

La recette n'est plus suffisante pour ranimer l'étincelle chez le lecteur. Les auteurs en sont conscients. Il n'y a pas ici de démarche réactionnaire, ce n'est pas une réanimation désespérée, la mise ne place d'un autel ou d'une maison de passe ouverte à tout les vents, c'est l'exhumation d'un cadavre oublié pour voir ce qu'il aurait encore à nous dire, à nous apprendre.

Cycle morbide, cycle obligé.

Cole est las de sa propre stature, le mythe est épuisé. Toujours prêt à en découdre, il n'agit plus que par réflexe, des actes de bravoures qui perdront de leur impact par l'usage des flashs back. Sa position à perdue en crédibilité, ses mouvements émoussés ne transmettent plus le suspens, plus de "sens caché", plus d'attentes chez le lecteur. L'ange à perdu ses ailes et nous l'envie de rêver. Tout est crade, les hommes, les paroles, les relations, les complots et les cabbales.

Ce qui va être mis (judicieusement) en avant ça va être, une voix off. La pensée du héros va être au premier plan. Reprenant en cela la figure de style de Miller (encore un flash back si on veut, un retour dans le passé!), les auteurs vont pouvoir nous immerger dans cet esprit boueux qui est celui d'une idole brisée. Ultime ersatz du caractère de wolverine, Cole n'en reste pas moins homme et en cela il souffre. On comprend très vite que ce à quoi il s'accroche n'existe plus. Ses valeurs et ses promesses sont d'un autre âge, elles ont perdues tout échos.

C'est là qu'est le tournant de l'album, de splendide ce genre de personnage était tombait dans le ridicule (aléas des modes et des goûts présumés du public). Son errance présente le rend pathétique. Ce pathos, qui n'engendre aucunes compassions, nous permet un regard neuf sur ce qui fait la valeur d'un super héros et aussi, sur ce qui induit notre attachement à ce dernier.

Plus encore que tout cela (ce qui est déjà beaucoup quand même !), cette déchéance, nous fait toucher du doigts, ce que l'on avait pas ressenti depuis des années : l'urbanité. Les trottoirs sales, la chaleur moite et humide véhiculant l'odeur âcre de l'urine, les façades menaçantes…la paranoïa citadine. Plus encore que dans "sam and twicth" par exemple, la ville réclame son due, broyant toujours un peu plus la personnalité de chacun, mécanique implacable et bien huilé. Enfin le cynisme des salons redescend dans la rue, les riffs graisseux du punk renvoient le tumulte de la révolte qui gronde, enfin le nihilisme abrutissant est au rendez vous, l'air est saturé, malsain; propice à la destruction.

Les "cross overs" montrent des super héros présents engoncés dans la suffisance de leur position, dans la certitude de leur position (cf : scène de la porte qui mène sur le vide!); ils croient naïvement que la ville leur appartient, qu'ils la contrôlent. Or, la ville choisit son maître. La rareté des "plans larges" (d'ailleurs assez étrange, vu la tête de certains corps), la petitesse des cases, accentue, provoque et prolonge cet effet angoissant. Pour un peu, on aimerait sortir la tête de l'album pour respirer un peu.

Etrange! Comme l'empathie est un met trop luxueux pour la région, la solidarité se greffe autour de la quête (que l'on sait vaine) de cet homme. En perdant son statut, le héros perd aussitôt ses privilèges. Or, que sont ce ses privilèges si ce n'est la connaissance, ou plutôt l'accès à cette dernière ?
Son accréditation au placard, son désir de vengeance devenu illégitime (important aussi ça), cole n'est plus qu'un homme comme les autres ballotté entre "le bard des gentils freaks" et "le bar des méchants freaks".

La cohésion de l'esprit, se forme par réflexe autour d'improbable bulle d'énergie. C'est-à-dire, que les actions n'acquiert de l'importance que parce qu'il y subsiste encore de la violence et, de l'intérêt pour notre héros. Ce qui pose les limites de ce genre de pratique.
D'existentiel et de salutaire le monologue intérieur finit par se transformer en ratiocination, en pensée obsédante et morbide.

Forcément le lecteur se prend au jeu des incessants retour en arrière, plongeon de plus en plus profondément au cœur de ce dédale tragique.

Si le trait repose, sur une pratique efficace des attributs de l'avilissement et, des polars. D'un recours à certains "trucs", le mélange est habile, l'image colle à la rétine. L'histoire elle joue sur plusieurs tableaux et ce qui pourrait apparaître au final comme un ressort usé jusqu'à la corde, n'est en fait qu'un ultime pied de nez aux attentes du lecteur, encore un flash back, invitation à peine camouflé à explorer nos propres tourments, à nos risques et périls.

Un exercice agréable, qui sait louvoyer entre les thèmes qu'il aborde sans vraiment y accoster jamais. Pour les amateurs de super héros pessimiste et de polar noir sans sucre ou nuage de lait.

si la suite est du même acabit, nuls doutes que l'on à affaire à une grande série!

"Bonne" lecture,
Monfreid...
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ben moi c'est ce que j'ai trouvé sympa!

le dessin de Wilson (dont à la base je ne suis pas fan) fait que le héros qui devient "anti héros" s'en prend vraiment plein la tête, qu'il ne "pose" pas pour la postérité, qu'il à l'air vraiment paumé...et du genre tête brulé!

pour une fois, la "morgue plein d'avenant" du héros qui en bave, n'est pas au rendez vous! ça change c'est une bonne idée et le dessin est bien utile.

tu en as pensé quoi sinon?

et c'est pareil ou pas wildcats (je ne pense pas mais bon)?

bien à toi,
Monfreid...
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non je ne l'ai pas encore lu.
non c'est pas du tout pareil que wildcats v2 quoique déjà à cette époque on le sent sur la pente déscendante: après la séparation des wildcats suite à la mort de zelote, grifter en a été pas mal affecté (faut dire, elle était son ex, son sensei et accessoirement l'a empêché de sombrer dans la folie à cause de ses pouvoirs psychiques), les enjeux sont devenu plus subtils.
pour tout te dire avant cette série il y avait déjà eu une première série sur grifter à l'époque de la 1ère série wildcats et effectivement là c'était tout l'archetype du héros mercenaire que tu décris.
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Alors voilà je l'ai lu et bien aimé. Malgré l'utilisation de grosses ficelles, on reste plongé dans le récit et on suit avec inquiétude ce personnage qui n'est plus que l'ombre de lui même qui ne peut meme pas se raccrocher à ses souvenirs.
Coté dessin Wilson ne peut pas renier ses influences. Monfreid ne cite pas Blueberry par hazard.
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oups :oops:

je m'aperçois que j'ai oublié de parler des grosses ficelles!

alors effectivement les amateurs du genre (et pas que du genre d'ailleurs) ne seront pas surpris par le déroulement de l'enquête, ou par le scénario en général...

mais je pense qu'il s'agit surtout d'un leurre! ou plutôt d'un prétexte!

c'est bien ficelé, mais dès l'intro on peut deviner tout ce qui va suivre!
heureusement l'intérêt change vite de camp et on finit par se prendre au jeu...

et du coup la fin "fonctionne" bien je trouve!
ce que j'ai apprécié, c'est que je n'ais pas ressentie le "côté " regarde comme je suis trop fort ami lecteur et comment je te retourne la tête.

voir plus!
le scénario on le sent dès le début va jouer sur l'ambiguité d ela situation de départ!
or n'étant pas neuve cette situation ne nous étonne pas!
or ensuite on est pris par le traitement noir du bouquin qui est vraiment pessimiste...
et la fin s'en trouve vraiment contaminé!

j'ai bien cette idée de contamination !

bien à vous,
Monfreid...
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