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Otaku [attention SPOILERS]


M_Spock
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pour le côté scientifique de Zéas, il ne devrait pas avoir trop de problème :wink: et pour cause biggrin.gif

bien vu Lionel sur sa façon de lire 8)
et merci pour les explications en prime.
vite fait, que malheureusement peu de gens sont enclin à accepter des commentaires qui ne vont pas dans le sens de leur sentiments :roll:

sinon :
Lionel sur l'aspect "chaînes de sens" et sur mon trip sur les jeux videos, y as tu songés as un moment ou un autre de l'écriture ?

et en reprenant sur le dessin et sur les propos d'Ivan (dites monsieur, je vous assure une interview dessinée ça à l'air rigolo et juste pour de rire, mais en fait, on en apprend beaucoup 8) )

«Au vu des nombreux thèmes abordés ou
effleurés, il me paraissait important d’adopter un traitement graphique clair, lisible et accessible au plus grand nombre. J’ai tenu à ce que le dessin soit plaisant et agréable à lecture, les détails et les arrières plans fournissent un apport de sens et d’information à l’ensemble, sans entraver le récit. La neutralité apparente du dessin fait écho aux situations décrites et donne d’avantage d’ampleur au texte. »


on peut donc ici aussi parler de "construction". non pas de négation de l'instinct mais de son contrôle.
on perçoit clairement uen volonté de ne pas laissé le second plan vide de sens. souvent le fond éclaire la proximité et vice et versa.
or je me demandais, s'il avait utilisé les gros plans pour recentrer la narration sur les persos principaux par exemple.
et si parfois ce jeu de construction n'était pas dur à gérer dans l'ensemble ?
sur une case cela parait possible, par contre à gérer sur tout un album ça devient une autre paire de manche il me semble (gestion du second plan et du premier plan à la fois entre eux mais aussi dans la continuité).

sur la "lisibilité" du dessin justement, je voulais savoir ce qui l'a fait opté pour ce choix un peu manga, mais un manga "sali" pas aussi net que les productions communes.
il apporte aussi un grand soin à son trait je trouve (je refait reférence à Neaud là). n'a t"il pas eu peur de trop diriger le lecteur, de ne pas lui laisser d'espace de liberté (cette question m'obsède).

s'il à pu aussi influer sur le texte ?

et aussi comment c'est déroulé la construction graphique des personnages principaux ? (et plus anecdotiquement de la console de jeux :wink: )

voilà, en espérant que ces quelques propos laconiques fassent passer des interrogations importantes à mes yeux (sinon je vais encore m'étaler laugh.gif )

bien à vous,
Monfreid...
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CITATION(Monfreid...)
malheureusement peu de gens sont enclin à accepter des commentaires qui ne vont pas dans le sens de leur sentiments  :roll: ...

Je crois que beaucoup d'oeuvres sont massacrées ou trop vite digérées, ce qui est assez triste. Les auteurs ont leur part de responsabilité là-dedans, dans la bande dessinée comme ailleurs (il y a eut une discussion intéressante à ce sujet sur le forum de la maison des auteurs de bande dessinée, où Fabrice Neaud intervenait largement.) Je pense que c'est important en tant qu'auteur d'être capable d'avoir des échanges "concrets" autour de son travail, et pas seulement affectifs. Pour moi la relation entre un auteur et son public n'a pas à reposer sur un rapport de fascination, que je trouve triste sur le plan humain et malsain. Une belle dramaturgie est une belle pièce de mécanique, ce n'est pas l'oeuvre d'un démiurge. Expliquer, en tant qu'auteur comment fonctionne une oeuvre n'est donc pas sacrilège, c'est plutôt sain, donc.

CITATION(Monfreid...)
Lionel sur l'aspect "chaînes de sens" et sur mon trip sur les jeux videos, y as tu songés as un moment ou un autre de l'écriture ?...

Question compliquée, une fois de plus. Je ne suis pas joueur (ni de jeux de rôles, ni de jeu vidéos), par contre je m'intéresse à eux, je me suis souvent demandé comment se construisait un scénario de jeu vidéo. C'est quelque chose qui m'intéresse en tant que système et que mode de communication. Pendant que nous travaillons sur l'album, j'ai faillit faire un "stage jeu vidéo" (!) chez un ami écrivain et cinéphile qui défend l'idée que les jeux sont la forme d'expression artistique du 21ème siècle. Cela ne s'est pas fait. Par contre avec un ami infographiste 3D nous avons réalisé une fausse démo animé du jeu eXil, à partir de peintures d'Ivan Brun qui ont été recrées en 3D. Un logo existe, avec une musique. J'ai pas mal écrit sur la conception du jeu, il existe même une interview imaginaire des deux créateurs du jeu, réalisé par un faux site de jeu. Nous pensions un moment lancer l'album par ce biais là : annoncer le lancement d'un jeu qui n'existait pas.
Je tourne autour de ta question. J'ai envie de dire que j'avais trop le nez dedans, que j'étais trop obnubilé par l'élaboration maniaque des détails (des textures) de l'album, de son moteur narratif que je n'ai pas pris le temps de me demander s'il fonctionnait comme un jeu. Beaucoup de lecteurs commencent à nous renvoyer cette interprétation d'Otaku. Cela me pose de sérieuses questions.
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Pour ceux que cela intéresse, Ivan Brun et moi seront :

au Salon de Montreuil les 26-27-28 novembre
vendredi 26 / 19h - 20h30 (nocturne/soirée BD)
samedi 27 / 16h - 18h00
dimanche 28 / 15h30 - 17h00

le 16 décembre, nocturne (19 h -21 heures) à la librairie Vivement Dimanche, 4 rue du Chariot d'Or, 69004 Lyon. Avec Ambre et Philippe Squerzoni pour son dernier essai dessinée, "Torture Blanche", qui parle de la bande de Gaza.

En février ou mars 2005, la date reste à fixer, nous serons à la librairie Le grand nulle part de Rouen
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CITATION(lionel tran)
. Expliquer, en tant qu'auteur comment fonctionne une oeuvre n'est donc pas sacrilège, c'est plutôt sain, donc.  
[...]
Beaucoup de lecteurs commencent à nous renvoyer cette interprétation d'Otaku. Cela me pose de sérieuses questions.


re...

sur la relation auteur/lecteur, il est certain que si c'est fait dans les deux sens avec la même vision, c'est très agréable :wink:
d'accord aussi pour le côté "auteur=dieu" qui tombe souvent dans la béatification pour est simple.

sinon, sur le côté "jeu vidéo", en lisant ton post je me suis dis (je me parle des fois à moi même, surtout les soirs sans lune, alors que s'eccorcher de...euh...reprenons) que lancer un "faux" jeux aurait pu être une bonne idée...
et puis non en fait :roll: :wink:

cela aurait été trop "art contemporain" trop "je pense donc je suis".
qu'une série comme donjon, se donne les moyens du foisonnements de ses délires est une chose! son contenu ludique (pas que, m'enfin quand même)l'autorise à ce genre de digressions sont trop de risques (en terme intelectuel j'entends).
Pour Otaku, cela aurait pu être une "bonne chose", aurait pu faire franchir un peu de plus à l'idée vers sa "formation au monde" (faire prendre la forme la plus juste possible à l'idée, pour qu'à la fin ce soit le monde qui est la forme de l'idée est non l'inverse).
le souci, c'est qu'il y a déjà assez peu de place pour le lecteur dans Otaku?
il est impossible de s'emballer pour la "révolte" des héros, car il n'en ont pas.
un album parlant du punk par exemple aurait soulevé plus de réactions viscérales. alors que là forcément on parle de l'abscence.

or, chose importante, je me suis aperçu qu'en usant de ce terme d'abscence, souvent le lecteur inférer (il n'est pas idiot le lecteur) l'idée de"non dit", de réalité caché, d'abscence qui parle mieux, de silence profond ce genre de chose.
or, on ne parle pas ici de ce genre d'abscence. on cause bel et bien d'abscence de responsabilité, de prise en compte du monde qui les entoures.

ce qui est assez horrible en somme, car cette absence ne renvoit à aucun manque!

c'est quelque chose qui m'a beaucoup frappé personnelement.
en sens chez les acteurs underground une conscience du monde! un savoir.
comme je disais dans un autre post, il faudrait poser les limites culturel et folklorique de ce savoir.
m'enfin, reste que ce savoir est leur outil pour s'apercevoir à quel point la masse de gens qui les entourent s'ennuie à mourrir dans le bastion du quotidien.

cela n'engendre donc pas de volonté agressive!
juste la masse est con!
mon savoir me permet de le constater.
la masse dépend de faux besoin, tout le monde y cours derrière le "au jour le jour", tout en recherchant le bonheur.
le bonheur y est un manque! un sentiment de manque!
ainsi tout y est raisonnable, pas raisonnée, mais raissonable; il y a de la place pour tous! tant que l'ordre public peut rentrer à l'heure à la maison (les flics du detersif, comme disait le poète).

bref, le savoir permet d'échapper à cette agluitinement social, à ces leures.
néanmoins et c'est là que ça devient intéressant. (enfin j'espère)
ne pouvant accepter à la frustration du manque, nos petits bons hommes, se retrouvent livrés à eux mêmes lobotomisés, déconnecté du monde, de l'oragne, du parti, de l'état, du voisin, de la concierge, des responsablité, de la vie en somme.

débute alors une quête du jouissif!
mais le jouissif n'étant pas "vrai" (puisqu'éphèmere tout ça tout ça)
il devient procuration, il devient virtuel!
il devient pur absence sans manque!

c'est marrant de voir cette quête de sensation qu'on ces personnages cultivés.
ils sont véritablement "attirés par le vide" (comme disait un autre poète qui aime beaucoup le premier d'ailleurs).

"exil" est fascinant dans son concept, il ne se passe rien, c'est glauque, mais j'y reviens.
il y a un refus de la vie en tant qu'elle serait vécue!

mais il suffit que la vie revienne toujours aussi morne, glacial, cyclique, chiante et morose sous une autre forme pour qu'immédiatement l'humaine se jete dessus.

ce qui me fait en venir à la question de la morale
c'est une oeuvre pessimiste quand même (ce n'est pas un mal).

en trouvez vous la tournure crédible ?

c'est à dire, est ce que c'est une idée que vous avez cherché à rendre crédible ou bien une idée crédible que vous avez cherché à rendre le mieux possible ?

sinon c'est vraiment fascinant cette histoire de boucle, de destin...quoiqu'on fasse on en revient au même...

bien à vous,
Monfreid...
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CITATION(Rand)
Vu que c'est la librairie que je fréquente, je vous y croiserais surement.


Non seulement, tu t'offre une lecture tranquille du topic! (cf fauteil aspirine et co )
non seulement tu ne réponds pas (alors que te connaissant tu as des choses à dire)

mais en plus tu te permets de pouvoir rencontrer les auteurs!
c'est honteux, je te hais d'abord na tongue.gif

tu as quand même le droit de leur faire coucou de ma part! :wink:
et leur dire qu'ils peuvent aussi passer sur Reims c'est gris certes, c'est moche certes mais les gens sont gentils (enfin shaa et moi) :wink:

Bien à vous,
Monfreid...qui va essayer de trouver d'ici peu le dernier Squerzoni
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CITATION(Monfreid...)
CITATION(Rand)
Vu que c'est la librairie que je fréquente, je vous y croiserais surement.


Non seulement, tu t'offre une lecture tranquille du topic! (cf fauteil aspirine et co )
non seulement tu ne réponds pas (alors que te connaissant tu as des choses à dire)


L'échange actuel étant d'un haut niveau (me trompe je en disant que nous avons ici des universitaires) il me faut un peu de temps pour assimiler le discours.
J'ai aimé lire otaku, j'aime le décortiquer, j'essai de le comprendre.

CITATION(Monfreid...)
mais en plus tu te permets de pouvoir rencontrer les auteurs!
c'est honteux, je te hais d'abord na  :P  


Tu vas encore plus me hair quand je vais t'annoncer que je vais rencontrer Fred Bernard le 3 décembre.

CITATION(Monfreid...)
tu as quand même le droit de leur faire coucou de ma part! :wink:  
et leur dire qu'ils peuvent aussi passer sur Reims c'est gris certes, c'est moche certes mais les gens sont gentils (enfin shaa et moi)  :wink:  


Je n'y manquerais pas.

CITATION(Monfreid...)
Bien à vous,
Monfreid...qui va essayer de trouver d'ici peu le dernier Squerzoni


Le thème de son livre à l'air casse gueule.
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CITATION(Rand)
Tu vas encore plus me hair quand je vais t'annoncer que je vais rencontrer Fred Bernard le 3 décembre.


non
parce que tu es l'un des seuls qui connaisse et apprécie ce bouquin 8)
donc pas de soucis
non plus car tu vas demander une dédicace pour moi et une interview dessinée non?

:wink:

Sur les "univerrsitaires", oui et non
oui dans les études peut être
non car qui dit universitaire dit spécialiste et les gens curieux et ouvert qui réussissent à l'université ne sont pas si nombreux que ça!

:wink:
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Salut à tous,

Bon, Okay, je me décide à intervenir sur le forum ( tardivement, j'en conviens ) afin d'apporter quelques précisions en ce qui concerne les partis prix esthétiques, enfin la mise en images de cet album..... atypique.

Je tenais également à vous remercier pour l'intérêt porté à Otaku et d'avoir fait l'effort de décrypter les différentes problématiques et questionnements qui y sont abordés... Ca fait toujours plaisir dans la mesure ou notre propos et nos intentions ont été saisies, ce qui je le reconnais, n'était pas forcément gagné d'avance.

:| :!: :?:

[size=7][/size]( n'ayant pas l'habitude de fréquenter les forums, n' étant pas familier avec les procédures techniques pour poster les messages, ce post fera office de test... sorry, i'm low-tech...)

Ivan Brun
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CITATION(Monfreid...)
Le souci, c'est qu'il y a déjà assez peu de place pour le lecteur dans Otaku??

Le livre est extrêmement contrôlé, c'est vrai. Je comprends ce que tu veux dire, mais je n'en suis pas si sûr qu'il ne laisse pas de place au lecteur : Otaku, comme un film du type Avalon, ne peux vivre en tant que livre que dans la mesure où le lecteur s'implique activement dans sa lecture, comme le prouve les discussions en cours sur ce forum. C'est un livre qui vit au contact du lecteur, que le lecteur active par ses interprétations et qui renvois au lecteur des choses très personnelle. Sa dramaturgie n'est pas classique (je reviendrais là dessus), et c'est vrai qu'il ne fait pas de place aux côtés des personnages, que l'on voit presque comme "des petites figurines que l'on peut déplacer ici ou là". On ne ressent rien avec ni pour les personnages, mais cela ne nous empêche pas de ressentir quelque chose de troublant.
Pour faire un peu de provocation, j'ai presque envie de demander si un récit qui s'articule autour d'une dramaturgie particulièrement efficace, qui reposera sur l'identification très forte du lecteur au protagoniste, laisse autant de place que ça à au lecteur ? La dramaturgie, qui est la science de la mise en scène du conflit, touche aux instincts, et paralyse souvent la réflexion. C'est une sacrée arme, utilisée depuis longtemps dans des domaines qui ne sont pas seulement ceux de la création artistique.

CITATION(Monfreid...)
C'est quelque chose qui m'a beaucoup frappé personnellement.
On sent chez les acteurs underground une conscience du monde! Un savoir. Comme je disais dans un autre post, il faudrait poser les limites culturel et folklorique de ce savoir.?

Tout à fait, je suis d'accord avec les observations très lucides que tu développes à ce sujet depuis plusieurs posts. En parlant ce week-end avec Ivan, nous nous demandions : pourquoi amener Ryu et Mui dans l'underground, finalement ? La réponse (qui s'éclairera de manière plus cinglante encore quand vous aurez finit de percer la chaîne de sens en cours de décryptage) est assez flagrante : l'underground n'est pas en marge, mais à la pointe de cette société. Les modes y commencent toujours, auréolé de vapeurs d'authenticité et de rébellion.

CITATION(Monfreid...)
c'est marrant de voir cette quête de sensation qu'on ces personnages cultivés. Ils sont véritablement "attirés par le vide" (comme disait un autre poète qui aime beaucoup le premier d'ailleurs).
"exil" est fascinant dans son concept, il ne se passe rien, c'est glauque, mais j'y reviens. Il y a un refus de la vie en tant qu'elle serait vécue!

Je n’ai lu l’Incal qu’après avoir écrit Otaku (j’attends une réponse d’Ivan de ce côté-là par rapport à l’affiche du jeu, qui est de son fait.) Par contre Ivan et moi sommes pas mal imprégnés par les écrits de Paul Virilio et de Jean Baudrillard, qui ont beaucoup dépeint cette quête du vide de nos sociétés, qu’amplifie la technologie et les nouveaux modes de communication.

CITATION(Monfreid...)
Ce qui me fait en venir à la question de la morale  
c'est une oeuvre pessimiste quand même (ce n'est pas un mal).
En trouvez vous la tournure crédible ?
C'est à dire, est ce que c'est une idée que vous avez cherché à rendre crédible ou bien une idée crédible que vous avez cherché à rendre le mieux possible ?

Otaku a été écrit entre février 2000 et juin 2001. J’ai poussé l’exagération le plus loin que je pouvais. A l’époque, notre éditeur trouvait par exemple que les forces de l’ordre étaient trop présentes dans l’album et que « ça faisait trop anticipation. » Je vous laisse juge...
Nous vivions déjà plus ou moins dans ce monde là et chaque jour nous en rapproche d’avantage. En ce moment chaque matin, je me dis que j’aurais du plus exagérer tel aspect ou tel autre (rajouter des alertes terroristes, par exemple.)
Je dirais que c’est une idée que nous avons chercher à rendre crédible, tout en synthétisant ce que nous pouvions comprendre du monde autour de nous.

CITATION(Rand)
L'échange actuel étant d'un haut niveau (me trompe je en disant que nous avons ici des universitaires) il me faut un peu de temps pour assimiler le discours.
J'ai aimé lire otaku, j'aime le décortiquer, j'essai de le comprendre.


Je n'ai pas fait beaucoup d'études, n'hésite pas à rejoindre la discussion. Comme disait Monfreid, ne te laisse pas impressionner par nos numéros d'équilibristes verbaux, il y a pas mal d'improvisation et de paillettes...
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Bien, ça marche....

Pour répondre aux quelques questions esquissées par Monfreid en ce haut de page,

CITATION
on peut donc ici aussi parler de "construction". non pas de négation de l'instinct mais de son contrôle.  
on perçoit clairement uen volonté de ne pas laissé le second plan vide de sens. souvent le fond éclaire la proximité et vice et versa.  
or je me demandais, s'il avait utilisé les gros plans pour recentrer la narration sur les persos principaux par exemple.  
et si parfois ce jeu de construction n'était pas dur à gérer dans l'ensemble ?  


Comme Lionel l'avait expliqué plus avant, l'élaboration de ce récit s'est faite par de nombreuses couches successives, en gros, au fur et à mesure que le récit s'étoffait autour des deux protagonistes, il nous a semblé interessant de traiter les arrières-plans / le décor / le contexte comme pouvant apporter davantage de signification.
D'une part car il s'agit d'un récit d'anticipation, d'anticipation à court terme qui plus est, donc il s'agissait de représenter un environnement qui soit à la fois familier et en même temps légerement transformé, altéré.
D'autre part, nos deux héros viennent d'un pays, d'une culture différente; étant étrangers à la culture occidentale, ils sont censés porter un regard légerement décalé sur ce qui les entoure.
Donc, dans une certaine mesure, il a fallu essayer de faire passer ce sentiment, leur regard, à travers le dessin...
Quant au fait de montrer, de suggérer le fait que le pays était en voie de paupérisation, que les disparités sociales s'étaient accentuées, il nous a semblé plus subtil de le faire passer à travers quelques petits détails disséminés ici et là plutôt que dans faire état dans les dialogues.
Même chose pour la campagne publicitaire autour de la console...

En ce qui me concerne, ça ne m'a pas posé de problème, j'aime plutôt ça.
Mes dessins sont toujours remplis de petits détails, j'apporte un soin particulier aux arrières plans en rêgle générale, de façon à ce que le lecteur puisse s' immerger dans les images.

Quant à l'aspect manga, ce n'était pas quelque chose de délibéré quand au traitement de l'album, j'ai été fortement marqué par le dessin d'Otomo il y a 10-15 ans de ça, surtout pour cette équation simplicité/ précision / efficacité qui m'avait frappé à l'époque, mais bon, mes sources d'inspiration ne se limitent pas uniquement à Otomo/ Akira...
j'apprécie le dessin d'Horacio Altuna, qui se montre particulièrement généreux avec ses arrières -plans...
Employant beaucoup d'outils & techniques différentes, le traitement d'Otaku est spécifique à cet album uniquement. Le "challenge" consistait à créér des personnages plausibles et si possible attachants, qui aient un minimum de présence et d'épaisseur, à travers les expressions, le langage corporel... et des decors, un environnement qui paraisse plausible, bien qu'étant futuriste.

Je n'ai pas vu le film Avalon, donc je n'ai pas pu en être inspiré pour les images, par contre le clin d'oeil à l'Incal pour l'affiche, ça serait plus de l'ordre de la réminiscence que de la citation, en fait je me suis inspiré d'une pub vues sur les panneaux JC Decaux autour de l'hiver 2000-2001.
ça devait être pour des services de téléphonie mobile, un couple qui volait dans un décor de ville du futur. Curieux de voir que toute ctte imagerie SF est revenue à la mode depuis quelques années...
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[quote="lionel tran"[Jean Baudrillard[/quote]

j'aurais parié ma chemise sur cette référence (placer une image du monde sur le monde, où est l'image (reprise aussi dans le dernier schuiten par ailleurs mais sous une autre forme)

pas le temps de répondre plus avant à ce post très intéressant si ce n'est pour dire

-je laisse la chaîne à Zéas, je suis du genre à me ballader et à fouiner (je ne me perds jamais je peux le faire du coup laugh.gif )

-merci aux auteurs de citer du baudrillart sans tomber dans matrix 8)

-quand à l'underground à la pointe de la société, c'est exactement ce que je lui reproche en fait. la même chose qu'aux altermondialiste. c'est "anti système" mais ça fonctionen sur le même système que le système.
j'y reviendrais, c'est kafkaïen comme truc :wink:

bien à vous et encore merci à vous tous :wink:
Monfreid...
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CITATION(Ivan Brun)
Bien,  ça marche....

Hello Ivan, ça fait plaisir de communiquer avec toi dans l'espace désincarné des 0 et des 1...

CITATION(Monfreid...)
-merci aux auteurs de citer du baudrillard sans tomber dans matrix  8)


On n'en a jamais réellement parlé, mais je crois qu'il a toujours entre nous été évident que la "musique" de Baudrillard nous parle, très directement. On n'a pas voulu faire un hommage, mais on est impregnés, je pense.
Pour ceux qui ne connaissent pas, allez vous faire vriller (réellement, cette fois), la tête sur cet article écrit par Jean Baudrillard quelques temps après le 11 septembre :
http://www.egs.edu/faculty/baudrillard/bau...ism-french.html

Sur Baudrillard faisant une mise au point vis à vis de Matrix, si vous avez digéré le très beau morceau qui précède :wink: :
http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2015/a201937.html
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CITATION(Ivan Brun)
par contre le clin d'oeil à l'Incal pour l'affiche, ça serait plus de l'ordre de la réminiscence que de la citation, en fait je me suis inspiré d'une pub vues sur les panneaux JC Decaux autour de l'hiver 2000-2001.
ça devait être pour des services de téléphonie mobile, un couple qui volait dans un décor de ville du futur. Curieux de voir que toute ctte imagerie SF est revenue à la mode depuis quelques années...

Ce qui m'épate, c'est que, par références/inspirations successives, on en revienne à l'Incal presque involontairement. Comme si cette imagerie faisait maintenant partie de l'inconscient collectif (Zéas pensait au 5ème élément mais on sait que Moebius y a ardemment participé, quand à la campagne de pub, il ne serait qu'à moitié étonnant qu'elle lui ait aussi emprunté).
A un niveau plus fouillé, j'ai trouvé que votre accroche de 4ème de couverture (vivons-nous dans un monde tel que l'imaginent nos pires récits d'anticipation ?, je cite de mémoire), faisait presque un clin d'oeil à l'Incal. En effet, je viens de le relire et j'ai trouvé de grosses similitudes de fond entre vos personages déconectées de la vie réelle, les inégalités sociales qui montent et la civilisation décrite dans l'Incal. Et votre phrase de la 4ème, semble dire : "nous somme sur la première marche".

Au bilan, je me rends compte que cette référence n'est pas voulue par vous mais me semble fonctionner quand même, je m'en contenterai donc à titre personnel. Il n'est finalement pas plus mal qu'une BD puisse permettre aux lecteurs de faire appel à leurs propres lectures pour capter un sens.


En revanche, sur cette campagne de pub de la console, je sèche un peu. Il est maintenant clair qu'il y a une campagne à grande échelle, que des quasi émeutes (faisant oublier les problèmes sociaux dans les JT) surviennent à sa sortie et que les japonais arrivent en France avec la console et le jeu dans leurs bagages. Les gens de l'underground n'ont pas l'air spécialement intéressés par le sujet (on ne voit qu'une seule fois la console tourner chez eux et ça n'a pas l'air de les préocuper outre mesure).
En ce qui me concerne, le sens que je donne à tout ceci est (comme Zéas je pense) que la sortie de cette console est une bonne occasion pour le pouvoir en place de subsituer des problèmes d'approvisionement en consoles de jeu à des manifestations à caractère social, le milieu underground, lui, semble se fouttre un peu de tout (du social comme de la console). C'est particulièrement ce genre de choses que je raccroche à l'Incal.

Bref, ceci est mon interprétation, peut-être est-elle éloignée des intentions des auteurs mais en tout cas, cette BD a le grand mérite d'ouvrir des portes, quand bien même elles ne seraient pas les mêmes que celles que les auteurs ont choisies.
Je tiens encore une fois à remercier les auteurs (les 2 cette fois ci) d'être venus ici. Il est très instructif et enrichissant d'avoir la vision du créateur de l'oeuvre afin de mieux en saisir le sens premier.
Il y a quelques BD pour lesquelles j'aimerais beaucoup avoir ce genre d'échanges (bin tiens, l'Incal par exemple mais il y en a d'autres...) et ces occasions sont rarissimes. Soyez donc chaleureusement remerciés du temps que vous nous consacrez.
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CITATION(M_Spock)
En revanche, sur cette campagne de pub de la console, je sèche un peu.


La marque "gamma" propose, comme vous l'avez bien compris, un état d'être et vend par ailleurs des artefacts permettant de "vivre" cet état d'être. Question : l'objet de la campagne marketing est-il seulement de promouvoir la nouvelle console ? :wink:

Je suis d'accord avec toi pour l'Incal, c'est drôle comme les choses travaillent "par dessous". La différence entre l'Incal et nous c'est que nous sommes aujourd'hui beaucoup plus conscients (ou sur le point de le devenir) que ce genre de réalité n'est plus de l'ordre de la fiction. Une des idées à la base d'Otaku était de regarder notre présent à travers le filtre des idées brassées par l'anticipation et de réaliser qu'en fait on s'en rapproche beaucoup plus que l'on s'en éloigne, ce qui est extrêmement perturbant. La banalité avec laquelle ce glissement se fait est étonnante.
En sortant sur le marché ce matin, par exemple, j'ai vu un homme porter un petit masque antipollution, comme dans les récits des années 70...
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CITATION(lionel tran)
Question : l'objet de la campagne marketing est-il seulement de promouvoir la nouvelle console ?  :wink:

Finalement, la réponse à cette question est peut-être tellement évidente que nous l'avons déjà sous les yeux aujourd'hui : les grandes campagnes marketing ne vendent plus un produit mais une identité liée artificiellement à la marque.
Cela fait partie de ma science fiction personnelle : je m'imagine un futur (ou présent ?) où les individus ne se définiraient plus par leurs pensées mais par leur appartenance à une "tribu" de marques. On aurait des "Leclerc/adidas/Peugeot/Sony" contre des "Carefour/Nike/Renault/Microsoft" et bien d'autres encore. Ces transmissions se feraient de parents à enfants par le biais des réductions et bons d'achat accordés à la naissance. Le futur sujet de socciété, Roméo et Juliette du futur, serait la gestion du mariage d'un fils de Carefour avec une fille de Leclerc...

CITATION(lionel tran)
Une des idées à la base d'Otaku était de regarder notre présent à travers le filtre des idées brassées par l'anticipation et de réaliser qu'en fait on s'en rapproche beaucoup plus que l'on s'en éloigne, ce qui est extrêmement perturbant. La banalité avec laquelle ce glissement se fait est étonnante.

En fait, ce n'est plus vers l'Incal qu'il faudrait chercher des références mais plutot vers 1984. Accessoirement, cela me rapelle ma lecture récente de Pyongyang de Delisle et l'omniprésence des portraits du dictateur nord coréen sur tous les murs. Le marketing ne devient qu'une forme évoluée et pernicieuse de propagande, un moyen d'endormir les masses, non plus par les discours officiels mais par le bonheur de la consomation à outrance.
Finalement, mon inteprétation de la campagne marketing comme un moyen de récupérer la paix sociale ne me déplait pas, même s'il me semble que ce n'était pas votre intention première.

Bon, j'ai un peu soliloqué sur ce coup, peut-être que ça en inspirera d'autres (Monfreid ? :wink: ) et qu'on finira par percer un peu le mystère de vos sens cachés...
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CITATION(M_Spock)
Finalement, mon inteprétation de la campagne marketing comme un moyen de récupérer la paix sociale ne me déplait pas, même s'il me semble que ce n'était pas votre intention première.


Vu que le livre nous présente une jeunesse qui est indifférente aux problèmes politiques et sociaux, je ne pense pas qu'elle ait besoin d'être "recadréé". Moi je vois plutôt une récupération du phénomène Otaku par les multinationales. Les marginaux devenant assez nombreux pour devenir un coeur de cible.
Le jeu Exil était sorti dans la confidentialité mais devant son succès, il a été adapté en manga et en film. Le grans pouvoir du capitalisme est sa capacité d'intégration même de ces opposants.
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CITATION(Rand)
Moi je vois plutôt une récupération du phénomène Otaku par les multinationales. Les marginaux devenant assez nombreux pour devenir un coeur de cible.
Le jeu Exil était sorti dans la confidentialité mais devant son succès, il a été adapté en manga et en film. Le grans pouvoir du capitalisme est sa capacité d'intégration même de ces opposants.

Très juste !! Je n'avais pas formalisé cette interprétation de la chose alors que c'est une grande force du système capitaliste.
Je crois que ce point est cité dans la discussion autour de Matrix par Jean Baudrillard citée plus haut. Il considère que le film Matrix, lui même, pourrait être un produit de la matrice.
Cet argument a aussi été expliqué par Michael Moore : il expliquait (je ne sais plus si c'est sur Bowling for Columbine ou Farenheit 9 11) que le pire pamphlet possible trouvera toujours un distributeur à partir du moment où ça peut rapporter de l'argent. La question après ça est de savoir qui manipule l'autre car le rebelle se retrouve finalement partie intégrante du système.

En fait, c'est là que l'on distingue le mieux la vision sombre de notre société dans Otaku : le système en place est d'une stabilité à toute épreuve. Non pas une stabilité statique à l'image des régimes staliniens, figés par la force, mais, au contraire, une stabilité dynamique, celle d'un balancier en somme, oscilant entre les "moutons" et les "rebelles" et se nourissant de tout ce petit monde.
Dans un monde où la révolte elle même est un produit de consomation, il n'y a plus de place pour le changement...

D'ailleurs, je repense au fait que le récit a une structure cyclique à mes yeux (comme l'Incal finalement, décidément, je n'en démors pas...) : on voit partir les japonais pour être remplacés par un américain venu, lui aussi, faire des performances. Au bilan, on a l'impression d'être entré dans une sorte de mouvement perpétuel où tout est mobile et immuable en même temps, où les luttes sociales sont vite effacées par les sorties commerciales en grande pompe et le désengagement des intellectuels. Finalement, cela colle assz bien avec mon idée de balancier, voire de toupie.
En plus de ça, vous aurez remarqué qu'une toupie tient bien mieux debout en tournant qu'à l'arrêt tongue.gif

Bon j'arrête là, je vais finir par me faire des idées noires.
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CITATION(Rand)
Vu que le livre nous présente une jeunesse qui est indifférente aux problèmes politiques et sociaux, je ne pense pas qu'elle ait besoin d'être "recadréé".

Juste un retour sur cette phrase : je ne suis que partiellement d'accord avec toi. Certes, la jeunesse ne s'intéresse pas à l'avenir de la société, mais les "émeutes" liées à la sortie de la console ne sont jamais montrées dans la BD, elle ne sont que présentées au JT. En revanche, les marches de protestation sociale sont, elles, bien montrées.
De là à dire que les média peuvent faire le jeu du pouvoir en insistant sur cette agitation bon enfant au détriment des vrais problèmes de société...
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La densité des réfléxions en cours est vivifiante: des questions se croisent, il n'y en a pas qu'un qui tient le crachoir. C'est bien ce qui se passe ici.
CITATION(M_Spock)
Cela fait partie de ma science fiction personnelle : je m'imagine un futur (ou présent ?) où les individus ne se définiraient plus par leurs pensées mais par leur appartenance à une "tribu" de marques. (...)  Ces transmissions se feraient de parents à enfants par le biais des réductions et bons d'achat accordés à la naissance. Le futur sujet de société, Roméo et Juliette du futur, serait la gestion du mariage d'un fils de Carrefour avec une fille de Leclerc......

Il y a quelques années, j'avais entendu un type raconter qu'il imaginait qu'un jour les multinationale proposeraient de sponsoriser les prénoms des enfants en échange de coupons de réduction à vie. J'avais trouvé l'idée terrifiante. Aujourd'hui on a déjà dépassé ça : de plus en plus de gens donnent le nom d'une marque (Chanel, Lexus, Armani...) en guise de prénom à leurs enfants :
"Moins de 1% des nouveaux nés sont aujourd'hui baptisés avec des noms de marque, mais la tendance va en s'amplifiant. Cleveland Evans, professeur de psychologie à l'Université Bellevue (Nebraska), s'est penché sur la question. Selon son étude, ces choix insolites sont le fait de parents appartenant aux couches pauvres de la population. Ils concrétisent en quelque sorte leurs rêves en donnant à leur enfant le nom de biens qu'ils ne pourront jamais s'offrir. «On ne verra jamais des parents opter pour Toyota. Ils choisissent systématiquement des marques associées à la beauté et à la richesse.» "

CITATION(M_Spock)
CITATION(Rand)
Moi je vois plutôt une récupération du phénomène Otaku par les multinationales. Les marginaux devenant assez nombreux pour devenir un coeur de cible. Le jeu Exil était sorti dans la confidentialité mais devant son succès, il a été adapté en manga et en film. Le grand pouvoir du capitalisme est sa capacité d'intégration même de ces opposants.

Très juste !! (...) Au bilan, on a l'impression d'être entré dans une sorte de mouvement perpétuel où tout est mobile et immuable en même temps, où les luttes sociales sont vite effacées par les sorties commerciales en grande pompe et le désengagement des intellectuels.

Alors, finalement, Otaku ne serait-il pas un album désespéré, plutôt que désespérant ?
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et hop!
comme je n'ais pas encore tout bien digére baudrillart et qu'il faut parfois regarder le "problème" sous un autre angle, je change mon fusil d'épaule et continue sur une autre piste (mais je ne lâche pas la première, je la laisse juste faire un bout de chemin toute seule, lui fait prendre l'air, histoire qu'elle nous fasse du gras pour les jours de disettes)

donc,

Bonjour Ivan :wink:

déjà on remarque, le dessinateur, le côté "la main" du projet!
réponse et ton, clair, net et prècis.

j'avoue que sur la lancée du du topic, je n'ais toujour pas bien analyser (et je ne cherche pas à le faire) l'effet de ta réponse. soit une bouffée d'oxygène, soit une claque dans la tête!

en tout cas, un retour à la "réalité" objective du projet qui ouvre d'autres voies ça c'est sûr.
forcément j'ai envie de quelques éclaircissements

sur les "couches successives" j'aimerais savoir si cela c'est passé au fur et à mesure, ou s'il y avait déjà des idées que vous auriez voulu faire passer dès le début.
c'est à dire
"tiens si tu fais ça, on pourrait mettre ça au second plan, et puis là autre chose, ce qui ferais qu'à chaque fois qu'il y a uen manifestation les gens mangent..." (exemple inventé là)...
ou
"bon, il faudrait modifier un peu ça, parce qu'on avait dit que l'on traiterait ce thème ci avec et donc il va nous falloir de la place..."

pourquoi cette question ?
et bien voilà
pour moi la deuxième démarche
suppose une démarche "picturale", d'ajout de couche, d'épaississement du sujet, mais en fonction de ce que l'on veut faire. un peu comme un travail à l'huile, il faut utiliser plusieurs couches, passer par différentes étpaes pour obtenir le résultat voulu.

tandis que la première démarche, bien que très pictural aussi, suppose pour moi un recourt plus littéraire, c'est à dire, j'ai une idée, je la met en place! et c'est là que je m'aperçois de son potentiel, qu'elle m'aparait autrement, sous un jour nouveau, qu'enfin je peux me l'approprier autrement et en faire autre chose, qu'elle méchappe aussi.

je pense bien que c'est pas tout l'un ou tout l'autre, qu'il y a un peu des deux, et que ma façon de poser la question est torturée...mais c'est parce que ça recouvre mon interrogation, quand à votre propre étonnement vis à vis de votre album.

en vous lisant, encore plus que chez Lionel j'ai le sentiment que vous savez ce que vous faîtes. Ce qui n'est pas un mal, loin de là...mais je m'interroge, sur votre perception de cet aspect de l'album (la gestation qui se fait sans souffrance donc).

sinon, justement je cherchais et tu as mis le doigt dessus: Otomo.
ce qui est fou chez lui, c'est la gestion de la lumière (en cela la version couleur d'akira ne lui rend pas justice).
or donc, ton traitement pour "manga" qu'il soit, je persiste à trouver qu'il cherche à "mangaifier" le réel (franchement les quelques images du jeu vidéo, m'ont paru plus "vraies").

je me demandais aussi, comment tu t'y étais pris (techniquement) pour rendre un ton "grisâtre" à l'album.
quand je dis grisatre, c'est parce qu'on à l'impression que ça se déroule l'une de ses journées d'automne citadine.
pas un arbre, pas de nature, rien de coloré et tout semble se noyer dans la même tein bleu/grise...un temps de suicide en somme, qui coup l'horizon.
d'ou ma question.

bien à toi et merci d'être passé :wink:
Monfreid...
ps : je sais que je suis chiant, mais toujours pas une ch'tite interview dessinée ? :wink:


Comme Lionel l'avait expliqué plus avant, l'élaboration de ce récit s'est faite par de nombreuses couches successives, en gros, au fur et à mesure que le récit s'étoffait autour des deux protagonistes, il nous a semblé interessant de traiter les arrières-plans / le décor / le contexte comme pouvant apporter davantage de signification.
D'une part car il s'agit d'un récit d'anticipation, d'anticipation à court terme qui plus est, donc il s'agissait de représenter un environnement qui soit à la fois familier et en même temps légerement transformé, altéré.
D'autre part, nos deux héros viennent d'un pays, d'une culture différente; étant étrangers à la culture occidentale, ils sont censés porter un regard légerement décalé sur ce qui les entoure.
Donc, dans une certaine mesure, il a fallu essayer de faire passer ce sentiment, leur regard, à travers le dessin...
Quant au fait de montrer, de suggérer le fait que le pays était en voie de paupérisation, que les disparités sociales s'étaient accentuées, il nous a semblé plus subtil de le faire passer à travers quelques petits détails disséminés ici et là plutôt que dans faire état dans les dialogues.
Même chose pour la campagne publicitaire autour de la console...

En ce qui me concerne, ça ne m'a pas posé de problème, j'aime plutôt ça.
Mes dessins sont toujours remplis de petits détails, j'apporte un soin particulier aux arrières plans en rêgle générale, de façon à ce que le lecteur puisse s' immerger dans les images.

Quant à l'aspect manga, ce n'était pas quelque chose de délibéré quand au traitement de l'album, j'ai été fortement marqué par le dessin d'Otomo il y a 10-15 ans de ça, surtout pour cette équation simplicité/ précision / efficacité qui m'avait frappé à l'époque, mais bon, mes sources d'inspiration ne se limitent pas uniquement à Otomo/ Akira...
j'apprécie le dessin d'Horacio Altuna, qui se montre particulièrement généreux avec ses arrières -plans...
Employant beaucoup d'outils & techniques différentes, le traitement d'Otaku est spécifique à cet album uniquement. Le "challenge" consistait à créér des personnages plausibles et si possible attachants, qui aient un minimum de présence et d'épaisseur, à travers les expressions, le langage corporel... et des decors, un environnement qui paraisse plausible, bien qu'étant futuriste.

Je n'ai pas vu le film Avalon, donc je n'ai pas pu en être inspiré pour les images, par contre le clin d'oeil à l'Incal pour l'affiche, ça serait plus de l'ordre de la réminiscence que de la citation, en fait je me suis inspiré d'une pub vues sur les panneaux JC Decaux autour de l'hiver 2000-2001.
ça devait être pour des services de téléphonie mobile, un couple qui volait dans un décor de ville du futur. Curieux de voir que toute ctte imagerie SF est revenue à la mode depuis quelques années...
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CITATION(lionel tran)
Alors, finalement, est qu'Otaku ne serait pas un album désespéré, plutôt que désespérant ?

Personnellement, je ne me pose pas vraiment la question en ces termes.
En effet, tout maitrisé et construit que soit votre récit, vous ne proposez qu'une vision partielle du monde que vous décrivez, laissant ainsi beaucoup de liberté au lecteur pour faire sa propre inteprétation de la chose. Cela se voit sur ce forum où pas mal d'hypothèses sont soulevées.
Au bilan, il me semble que personne n'est dans le vrai ou dans le faux, vous nous permettez juste d'approfondir notre réflexion personnelle sur l'avenir de notre société sans nous imposer votre vision. En ce sens, vous êtes complètement à l'opposé du "monde merveilleux de Disney".

Je ne sais pas si votre intention initiale était celle-ci ou si c'est un dommage collatéral, en tout cas, je trouve que c'est très réussi.
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CITATION(M_Spock)
Je ne sais pas si votre intention initiale était celle-ci ou si c'est un dommage collatéral.

La mise en jeu personnelle allait le plus possible dans ce sens là et les réactions sont un grand soulagement. Des amis, auteurs, sont très agréablement surpris par ces réactions, ces interprétations. Plusieurs fois on m'a dit "ça fait plaisir. Ça soulage. "
J'osais à peine les espérer ces réactions, mais elles ne me surprennent pas. Notre génération, je dis bien notre génération, est compétente, intelligente, industrieuse, même si ce n'est pas le regard qu'elle porte sur elle-même parce qu'elle a complètement intériorisée le regard dévalorisant que l'on porte sur elle. Je fais largement déraper le sujet ici, mais c'est pour dire que ce que je lis entre autre ici, me touche, et pas seulement en tant qu'auteur. Voilà.
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Bien, je vois que la discussion a pas mal avancé depuis ces dernières heures... C'est cool.

Bon, voyant que Monfreid se pose quelques questions sur la genèse de tout ça, je vais tenter dans la mesure de mes capacités d'éclairer sa lanterne...

CITATION
sur les "couches successives" j'aimerais savoir si cela c'est passé au fur et à mesure, ou s'il y avait déjà des idées que vous auriez voulu faire passer dès le début


En bref, comme Lionel l'a expliqué en amont, il ya eu plusieurs jets du script avant d'arriver au résultat définitif. Pour ma part, il y a eu un story-board richement détaillé où j'ai pris certaines libertés par rapport au texte en ajoutant des personnages, des dialogues, en modifiant des scènes etc... Tenant compte de ces modifications, Lionel à du réécrire, revoir certains passages, développer de nouvelles pistes, ajouter & supprimer certains éléments.... Nous avions un propos et un axe de départ ,des objectifs clairement définis dès le début, les 'couches successives' sont venues apporter un peu de densité à l'ensemble. Imagine 5 minutes ce à quoi l'album aurait pu ressembler si nous l'avions traité à la façon d'une pièce de Beckett !

Je suis en grande partie responsable de l'usage du 'bad engrish' dans les dialogues, des scènes de violence et d'agression verbale, des scenes ayant trait à la consommation de substances illicites, et de l'immersion des protagonistes dans la 'faune' underground, ( quoique je peux éventuellement ajouter quelques précisions sur ce détail qui à semblé en tracasser plus d'un... later on...)

CITATION
suppose une démarche "picturale", d'ajout de couche, d'épaississement du sujet, mais en fonction de ce que l'on veut faire. un peu comme un travail à l'huile, il faut utiliser plusieurs couches, passer par différentes étpaes pour obtenir le résultat voulu.  


You're absolutely right.

Pour ce que tu interprètes comme 'un traitement manga', enfin je pense que tu fais allusion à l'aspect artificiel, "plastique" de ma représentation, ce n'était pas quelque chose de totalement délibéré de ma part. J'ai mes tics et mes automatismes de dessinateur, d'autre part le fait est que les vignettes ont été dessinées sans avoir eu recours à de la doc photo, tout en adoptant un traitement réaliste ( éclairages, volumes, détails,etc...)
A l'arrivée, ça donne cet aspect 'maquette' , réplique de la réalité.

Pour les gris, j'ai appliqué un traitement assez systématique, les mêmes jus ( 1 gris clair, 1 foncé ) ont été appliqués soigneusement sur l'ensemble de l'album. c'est vrai qu'à l'arrivée ça donne cet aspect un peu plombé...
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