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[Livre] Le gang des Daltons


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Le gang des Daltons, notre véritable histoire
par : Emmett Dalton
aux éditions Futur Luxe Nocturne




Ce sujet est renvoyé à la section livre, mais visible dans la partie BD du fait de ses accointances certaines avec la série Lucky Luke.

[b]Résumé :
la véritable histoire des frères daltons!

avis : Tout est affaire d'alignement, de succession aussi.
L'histoire toujours nous rattrape, dans son souci linéaire la pensée s'efforce de redonner du sens à ce qui s'est passé pour mieux l'intégrer dans une mouvance, dans une continuité plus facile à digérer. Les frises chronologiques de notre enfance ne sont pas à l'échelle, l'individu n'existe qu'en terme de repère historique, de date et de fait, idem pour l'art et la culture. Qu’en est-il des digressions ?

Ce livre "Le gang des Dalton", nous donne l'occasion de percevoir autre chose que ce que nous évoquons habituellement dans ces colonnes, le changement n'étant pas un mal, allons y gaiement.

L'histoire est à la fois spirale hégélienne et amalgame hasardeux. La narration est l'enfant illégitime née des scories de ces deux axiomes.

Parfois les deux mouvements viennent à s'entrechoquer, le résultat n'en est que plus surprenant. Ainsi, si les lecteurs de longue date ont encore souvenance des premières aventures du cow-boy solitaire, ils se souviendront de la mention faîtes par Morris aux "vrais" Dalton, je gage pourtant que la majorité des lecteurs plus ou moins récents, conservent des frères Dalton une image de perpétuels évadés parfaitement débiles.

Lire ce livre, c'est offrir un contrepoint intéressant à nos attentes, à nos plaisirs d'amateur de bd.
Tout d'abord, la couverture nous surprend par la seule évocation des visages des Dalton!
En effet, ces personnages ayant réellement existé on ne peut que s'étonner de les voir en "chair et en os", la plongée historique s'avère plus passionnante que prévue.

Les premières nous rendent vite dubitatif, comment un "gangster" pourrait-il s'exprimer de la sorte ? D'où lu vient ce langage châtié, ce culte du verbe, cette élégance dans les périphrases, on y décèle une certaine redondance, comme un trop plein de mots ? Surprenant pour un rebut de la société.
La surprise du parcours scolaire, de l'éducation "bonne famille", de l'inculcation des valeurs et de taille. On s'attend à une reproduction ordurière des casses et autres pillages, et voilà que nous avons droit à un questionnement profond sur la notion de justice aux USA en pleine conquête de l'ouest, exemplifiée par la famille Dalton elle-même.
L'ombrelle de Ma dalton est bien loin, les péripéties des quatre frères stupides sont bien loin.

Pourtant, cette lecture nous permet de remarquer, que si les Dalton sont les chantres de l'évasion loupée, de la chamaillerie et de la méchanceté, ils sont aussi la mise en exergue de l'incompétence des autorités. Lucky Luke est un personnage solitaire, certes souvent mandaté par des supérieurs aux services de l'État, mais il agit pour la "loi", pour la morale et non pour son application au coup par coup. Les autorités en question, sont le plus souvent incapables de la moindre prise d'initiative.

Si les personnages que l'on nous présente n’ont rien à voir avec les Dalton fictifs, la vision de la vie américaine est assez similaire finalement, les voyages de Goscinny en Amérique y sont pour quelque chose.



Les faux

Il est impossible de parler de ce livre sans évoquer la part importante de la notion de famille qui le compose. Là encore le parallèle avec les scénarios de Goscinny s'impose de lui-même.
Emmett Dalton va chercher par tous les moyens à anoblir sa démarche et celle de ses frères. Il ne va jamais trahir les faits au mépris de la partialité, il ne dédouane pas les acteurs de leurs méfaits, il n'en minimise pas les conséquences. En revanche il insiste sur la portée "médiatique", sur l'extrapolation que les journaux ont faite des actions du gang. Il resitue les événements dans le contexte de l'époque et non dans le contexte "informatif" de l'époque. Se faisant, il retrace le parcours de sa famille, du moins de certains membres. Ce travail, fort instructif, cerne l'importance de la corruption du moment et définit plus spécifiquement le ".hors-la-loi".
Emmett n'échappe pas à une certaine "nostalgie" en évoquant ses frères et compagnons d'armes disparus, il donne de la consistance à un peu trop de "bonheur familial" ce qui lui fait perdre en crédibilité, et ne résiste pas à la tentation de critiquer un système au profit d'une forme de patriarcat.

Ce qui est intéressant c'est de voir, que le scénariste a pris la peine de donner lui aussi un "passé" une densité nouvelle à ses personnages, en leur adjoignant une mère (et quelle mère), un amour filial fortement prononcé, et du même coup un code des valeurs, une morale.
Du même coup, nos lectures d'enfance, nos bons moments prennent une autre dimension. Toujours drôles, elles gagnent en pertinence, quant à l'image des brigands.


Les vrais

Ce qui est troublant c'est qu'en adoptant un ton "neutre", très méticuleux et détaillé (ce qui regrettable sur le plan des dialogues, qui essaient de donner de la vie et du rythme à l'ouvrage mais lui font perdre en force, du fait que l'auteur n'était parfois pas présent au moment des faits!) Emmett, arrive à rendre le côté méthodique du gang, sans jamais tomber dans le fait divers.
Toujours il y a une réflexion, une prise de recul, permettant au lecteur de relativiser le tout.

Du coup, de la même manière que certains albums de lucky luke sont encore "d'actualité", les sentences d'Emmett vis-à-vis du système carcéral américain sont encore, pour la plupart, entièrement justifiées, ce qui fait perler une goutte due sueur froide entre nos omoplates.

Un ouvrage, qui permet de jeter un œil différent à des albums cultes, d'en dégager une lecture à la saveur particulière. Qui nous régale d'une période croustillante des USA, mais qui surprend aussi par l'intelligence et la modernité de son propos, on y entre par curiosité on s' y plonge avec délice et envie.

Une lecture que je conseille.
Bien à vous
Monfreid…
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