Aller au contenu
  • S’inscrire

No sex in New York


Monfreid...
 Share

Messages recommandés




No sex in New York
de Ryad Sattouf
aux éditions Dargaud (poisson pilote)





Résumé : les aventures de Riad Sattouf aux Etats-Unis. Parti en reportage pour prler de l'invasion des sauterelles au Texas, il a préféré rester à New York et se concenter sur son sujet préféré : la solitude et la misère sentimentale et sexuelle de ses jeunes contemporains

Avis :on retiendra
le sens de l'humour paradoxalement assez "juif" de l'auteur. son sens de la dynamique molle (comment rendre compte de la lacheté des êtres humains par la biais de scène d'action), des scènes un peu "en trop" (celle sur ground zéro dont l'utilité m'échappe par exemple), un ton à la fois gamin et très maitrisé qui offre une lecture bien agréable. l'air de pas y toucher en s'amusant.
sa façon de parler de la quête, des errances et de l'hypocrisie universelle qui règne autour du sexe.

Un bon album, pour les amateurs de la collection et aussi pour les autres.
car il sait ne pas tomber dans la facilité (un peu parfois certes) s'offrant ainsi à de futures relectures tout aussi agréables.


Ecrire pour un journal, un quotidien. On a beau partir au loin,prétexter d'obscur sujets (sauterelle) à traiter, on revient toujours au quotidien, jours burlesques à force d'être navrants.

Le sticker jaune "Publié dans Libération" est le gage d'une campagne marketing c'est certains, mais aussi celui d'un lectorat. Ne lisant pas ce journal, ma première question est de savoir si oui ou non, je fais partie du "public cible" ? si oui ou non, je vais rire, je vais aimer…si ce simple fait, ce préliminaire à toute défloration va conditionner ou non ma lecture.
La réponse est : oui, forcément.
il ne reste plus qu'à empoigner le taureau par les cornes.

J'avais peur d'un sempiternel "sitcom à l'américaine" ou d'une réflexion "post-contemporaine, vu de l'intérieur" sur les mœurs américaines en période de 11 septembre, bien heureusement il n'en est rien. Riad Sattouf se montre plus intelligent que cela.

Le "quoditien", parlons en. Un journal estampillé un brin à "gauche", ne rime pas avec paiement rubis sur l'ongle des factures. Première page, première césure d'avec les choix rédactionnel de "Libé". Pas de fayotage, juste l'occasion d'aller se mesurer au monde et de plonger dans le grand bain, après tout les reporter de guerre aussi on commencer dans des rues encore pavées.

Une fois balayé l'idée (pas con) de nous gratifier d'un reportage animalier en bande dessinée (je garde l'idée sous le coude et la dépose à qui de droit dès que possible). L'auteur, nous parle de lui, de ses misères et de ses tracas. Le conte à rebours d'un épopée pas grandiose, un peu de vu quelconque pour explorer la grosse pomme.
Le désaccord de principe entre les mésaventures d'un jeune français made in arabe et la paranoïa ambiante qui semble régner aux "states", nous fait nous attendre à milles et unes cocasseries sans nom, qui viendront nourrir notre anti américanisme primaire si réconfortant.
Ryad déjoue très vite et à maintes reprises le piège grossier de la tentation, et choisit de nous immerger dans les affres de son périple.

Le quotidien donc, le néant, la variation de l'inaction, les milles ressources factuelles dont disposent la vie pour nous faire croire qu'aujourd'hui est différent.
Le pain béni des biographes à tendance "extrapolaire jubilatoire", la figure imposé de l'ennui des autobiographes, la carte postale familiale; la cartographie des infortunes du romancier. Bref, un recours à double tranchant, on peut s'y complaire narcissiquement ou s'y emmerder à mourir.

Ici, ce choix pose l'écriture. Ryad ne fait pas dans le détail il interpelle le lecteur, l'apostrophe, ne le laisse surtout pas s'échapper. Le quotidien, c'est l'aventure de la page, l'adhésion du lecteur est primordiale. Le ton est rapide, précis, efficace; il faut que ça fasse mouche. Le format "gaufrier-strip" n'est pas choisi au hasard, l'action y est souveraine.
Dans ce genre d'acrobatie,le sens du rythme est prépondérant, un dérapage, une fausse note suffit à rompre la magie de l'album en son entier. Le "vécu" découpé en strip, n'existe que par le conditionnement, le découpage de son activité.
Force est d'avouer qu'à ce jeu Ryad est très fort, ni trop long, ni trop court ses "instants" ont un calibre parfait, toute son écriture (et une grande partie de son talent) réside dans ce choix instinctive de l'angle d'attaque de la situation. Les cases transpire le journalier, succession d'instants marquant qui bout à bout forment un tout cohérent. De ce point de vue l'album est une totale réussite.

Ce serait être blasé que de s'arrêter à ce constat.

Très vite, on s'aperçoit que l'un des secrets de ce rythme c'est qu'il nous marque, nous accroche, qu'on le ressent comme naturel
Or, ce "naturel", provient de l'insertion de souvenir parcellaire de l'auteur dans son histoire. Les instants marquants le ramènent souvent à un fait de son passé. Cette réminiscence narrative, pour ludique qu'elle soit, n'a rien de fortuit, bien au contraire. Tout l'album repose sur le même système puisque l'histoire n'est qu'un grand souvenir.
Ce qui marque alors, ce n'est pas l'événement en soit, mais sa valeur en tant que catalyseur du souvenir. Peu sont allés à new york dans de telles conditions, bien plus on vécu les mêmes situations dans leur passé (changement de la tête d'un ami perdu, reprise de contact avec une vague connaissance etc). C'est par ce biais que l'auteur nous fidélise à son personnage et à ses choix.
Et ce d'autant plus qu'il est jeune. Le passé, c'est la seule certitude, le seul lien avec "avant" avec "notre réel bien à nous"; le seul refuge quand on paume ses repères dans un ailleurs trop grand pour soit. C'est l'outil de construction du présent, car la lunette par laquelle le vécu est "compris" et digéré. Ce schéma, trop bien monté à une grande emprise sur notre lecture.

Plus avant, on remarque que cet "ailleurs" n'existe pas vraiment. New York est une ville énorme, boursouflée par son propre gigantisme.
Du fait de notre "tendresse" pour le narrateur, on à envie de rentrer dans son jeu, de se mettre à gloser sur la multitude de différences, sur le comportements des êtres humains : les new yorkais comme faune nouvelle.
Il y a de quoi nourrir des conversations de salons, de quoi s'insurgeais, de quoi palabrer sur les préjugés des "françiais" de là bas, des américains, de leur mode de vie, sur l'auteur…ainsi de suite.

Matière à lire, relire à se forger une opinion. Là, on rejoint l'optique journalistique du début. Les faits ont beaux être découpés, l'esprit cherchera toujours à en tirer une morale.

Il ne faut pas se leurrer, en proposant en guise d'introduction un "souvenir", on prenant comme base l'autobio l'auteur cherche à rendre l'homogénéité de son propos, limite à la justifier. Cette forme nécessaire du récit alliée à sa dynamique l'inclus dans le champ journalistique, il y a parti pris c'est certain; mais aussi matière à douter.

De ce point de vue l'informatif ne peut émerger que du vécu, que de l'affectif.

Là où ce parti pris peut poser problème, c'est qu'il s'engage invariablement dans un rappelle de nos valeurs. Ce point positif, cette amarre du symbole, induit aussitôt la sensation d'être en terrain connu. Ce qui inféode le quotidien au notoire, rien ne surprend jamais le lecteur. les comportements sans les mêmes ici qu'ailleurs. Fondamentalement parlant les mœurs ne changent pas beaucoup. Qu'elle réplique n'aurait pu être énoncée par un français, qu'elle nuance essentielle apporte la manière d'aborder les femmes dans la rue ?

Cela ne mène à rien, aucunes remises en question n'émerge du récit. Tout est illusion.

Ce sentiment d'illusion, de simulacre est renforcé par le dessin. Ryad, fait de la "caricature prise sur le vif". Caricature forcément du fait des personnages récurrent, mais aussi instinctive car dévoué à l'instant, encore est toujours à l'instant. En ce sens sont trait est très libre, impulsif, la composition des cases particulièrement percutante. Il ne cherche pas l'innovation, mais l'évidence du moment.
Un trait rond, humain, assez épais qui use souvent du gros plan.

Un dessin, qui le dépeint comme un "woody allen" de la bd (suffisant et pataud à la fois). Qui finit de donner un ton décalé au tout.

Mais surtout un dessin, qui rompt le charme du "vécu".
La permanence des mœurs, des idiomes et des gens, se ressent encore plus fortement au travers de ces émotions que l'on ne peut que discerner. Le doute n'est pas de mise, l'expérience que l'on nous propose n'est pas nouvelle, n'est pas "formatrice", bouleversante. Le lecteur connaît déjà tout ça. C'est l'illusion du changement, du dépaysement dont il s'agit.
La rapidité d'exécution supposé du trait, n'est pas de la prise de note frénétique, elle relève de l'exercice de "mémorisation". Se souvenir s'est arranger les faits. Emballer par l'action, on en oublie que tout ces faits finissent par raconter une histoire. Histoire en forme de boucle et donc la chute (début) se doit de trouver un sens symbolique (métatextuel) à tout ça.


Ryad à beau faire, il ne peut s'éloigner du quotidien. Et sous sa plume, ce quotidien ce fait anecdotique, morceaux choisis, croustillants d'une excursion sommes toutes banale.
En cherchant à tout prix à fuir la banalité l'auteur la retrouve immanquablement. Etrangement ce n'est donc pas dans ces touches d'humour vache et auto-flagellé qui font "marcher" l'histoire, mais bel et bien ce sentiment terrible d'impuissance.

En ne cachant pas ses doutes et ses erreurs, en livrant un album parfois en demi teinte de manière honnête, Ryad permet à son souvenir particulier de devenir un souvenir collectif.

Un album que je conseille, pour le moment agréable qu'est sa lecture, et le point de vue particulier de son auteur.

Bien à vous,
Monfreid…
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 month later...
Amateur de Riad Sattouf depuis ses débuts (Les jolis pieds de Florence, Ma circoncision et dans un autre style Petit verglas avec Corbeyran au scénar), je ne rate pas une sortie de cet auteur à fortiori si cette sortie se fait dans la collection Poisson Pilote.

Ayant déjà ressenti une baisse de régime avec Le pays de la soif, j'attendais avec impatience ce nouvel opus de Sattouf pour me faire un avis sur la tournure qu'allait prendre sa production... Pour être gentil, je dirais simplement que la déception est grande :| . Sattouf nous ressert un fois de plus le même potage nombriliste avec ses personnages caricaturaux et le grand truc accrocheur : ils sont obnubilés par le sexe. Eh oui, les hommes ne pensent qu'à ça, partout, tout le temps et avec tout le monde, et tout cela commence doucettement à devenir lassant... Dès la deuxième phrase entre les deux copains qui se retrouvent à New-York ça démarre, pour ne plus s'arrêter jusqu'à la fin de l'album. Si c'était fait finement, je n'aurais pas grand chose à redire, mais c'est lourd tout le temps et les personnages virent rapidement au grotesque. On pourra toujours m'objecter que c'est de l'humour et que je dois singulièrement en manquer, mais je défie quiconque de pouvoir s'identifier à l'un de ces personnages alors que c'était encore possible dans le premier tome des Pauvres aventures de Jérémie lançant le "style" Sattouf. Il faut savoir se renouveler, et si ce n'est dans les thèmes, au moins faire preuve d'inventivité dans le traitement. Ici, que ce soit à NY, à Paris où à Guernesay, cette histoire aurait pu prendre sa place n'importe où, le cadre n'apportant rien mis à part le fait de pouvoir ridiculiser ces expatriés se sentant Américains pour des raisons imbéciles.

Reste comme l'a dit Monfreid le rythme, et c'est évident que Sattouf a un grand talent pour accrocher le lecteur, apporter constamment des éléments nouveaux pour qu'on tourne la page en s'ennuyant le moins possible, mais cela ne suffit pas à en faire une bonne bd. Distrayante peut-être (et encore :| )... La suite se fera sans moi.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

tiens je viens de me rendre compte que je n'ais lu que les jolis pieds!

et que du coup, ce dont tu parles met peut être passé à côté :roll:

faudra que j'en lise un peu plus...pour voir si effectivement cela tourne à l'obsession... :wink:

en totu cas merci de ton avis et de l'éclairage qui l'apporte sur l'album

bien à toi,
Monfreid...
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Bon moi c'est mon premier sattouf donc je ne peux pas répondre aux différents griefs de Ed. En première impression je me suis bien marré devant le portrait de ces pathétiques expatriés qui font tout pour imiter ce qui'ls pensent être la vie des américains : les dates, le recueillement devant ground zéro, l'idée que l'amérique c'est mieux pour les affaires. Une ode aux poncifs et à l'apparence.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

pour commencer je dirais que je n'avais jusque la jamais rien lu de cet auteur. j'avais entendu parlé de cet album succintement mais les echos que j'avais eu étaient assez bon.

donc ben je m'arrette devant un jour de zonage a la fnac, je prend le bouzin et je lis les 10-15 premieres pages... et je m'arrette (voila pourquoi je vais me faire lyncher, cf le topic de mon post).
mon sentiment ?
pas grand chose... j'ai un peu eu l'impression de tomer sur un auteur qui essaie un peu de s'accrocher au wagon de la "nouvelle bd" (dont la locomotive est/serait larcenet/sfar/trondheim ... poisson pilote powaaa !).
c'est pas desagreable mais c'est pas transcendant non plus. des situations cocasses qui font sourire et ... se repetent. des situations cocasses qui font sourire ... et se repetent :arrow: :arrow: :arrow:
sans vouloir blesser les fans et faire bondir les puristes je trouve que c'est un peu le genre de bd que tu mets dans tes toilettes pour que tes potes passent un bon moment quand ils doivent rester longtemps.
ce qui ne signifie pas que c'est une bd de merde (loin de moi cette idée) mais niveau plaisir ca vaut un gaston ou un leonard.
sympa mais pas inoubliable
par contre je reconnais qu'il y a un public assez large qui doit beaucoup aimer (a justes raisons)
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 5 weeks later...
en fait j'ai quand même été un peu déçu par ce tome qui malgré quelques bonnes idées (comme le coup des expatriés qui se sont formatés à la culture américaine 'Rand') nous sert une Bd un peu trop dans l'air du temps.
Le harcelement sexuel, groundzero, NYC et encore le sex, on commence à le savoir que le ver est dans la grande pomme.

c'est pour ça que je suis un peu mitigé.................. :?
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

×
×
  • Créer...