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Voleurs de chien


Monfreid...
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Voleurs de chien
de Laperla
aux éditions Paquet





Résumé : 3 protagonistes: un voleur en manque d'amour, un écrivain qui n'écrit pas et le chien le plus riche du monde.
Tout commence en 1992. Harold Lloyd, voleur de profession, rencontre Ludmila, voleuse également. Harold et Ludmila sont comme Bonnie & Clyde. Deux années de bonheur intense, et puis, criminels ou pas, la routine s'installe. Ludmila s'ennuie, Harold est fatigué. C'est la fin. Elle le quitte. Mais la vie continue. Sans Ludmila ? Harold est encore amoureux. Il faut faire quelque chose, ne pas y penser. Harold rencontre Léon, le faux écrivain, et ils partagent leurs peines. Léon est chauffeur et veut devenir écrivain.

Avis : l'avis ne rentre pas dans les considérations liées aux persos ou àl'intrigue, j'attends vos avis pour cela

Un bon mot, une structure, un rythme, de l'inventivité autant d'éléments qui se doivent d'être réunis pour qu'un album soit plus qu'une pierre dans l'édifice, et que son importance s'en dégage, pour que son originalité nous touche. Cet album offre une histoire bien agréable dans un style et un ton bien marqué.


Le dessin à tendance "naïve" fait un retour fulgurant depuis quelques années, les parutions populaires sans imprègne, ce qui élargie les horizons et les goûts des lecteurs. Il convient toutefois de ne pas trop vite enfermer ce trait, dans une école ou sous la bannière exclusive de quelques artistes, mouvances ou pays. Ce retour consacre surtout une partie d'un iceberg présent depuis fort longtemps dans l'océan de la bande dessinée.

Son utilisation ici, ne mène ne dehors des préoccupations contemporaine de l'autobiographie ou de la "fausse simplicité". La naïveté ici ne rime pas à une crédulité du trait et à un cynisme du propos (il faudrait revenir un jour sur ce retour déguisé du cynisme, comme cache sexe à toute analyse profonde), mais tout simplement à un moyen simple et efficace de servir une histoire burlesque.
Le trait semi-réaliste, repose sur une grande flexibilité.

Le récit de Laperla est celui, ordinaire, d'un polar des origines. Nombre de formes nouvelles nous font oublier que l'absurde ne fut pas inventé il y a moins de 20 ans. En lieu et place de quelques traces d'humour moderne, il convient de remarquer les références assumées aux marx brothers. Si une recommandation, un mandataire actuel avait à se porter garant de l'auteur, les plus recommandables à ce poste seraient sans aucun doute les frères Cohen.
"Revenir aux sources" d'un genre, ce n'est pas forcément dépoussiéré quelques trames obscur, c'est au contraire faire fi des attentes "dernier cri", des effet à la mode; pour saisir un rythme universel.
Cette histoire de "voleur de chien", c'est surtout l'occasion d'une ressouvenance, d'une cure de jouvence dans une trame à l'allure décontractée. Des moments de délices, des imbroglios improbables, des personnages farfelus à souhait qui n'ont pas besoin de la panoplie esthétisante et fade des gars " à la cool" pour nous faire partager leurs folles aventures.

Une trame et un rythme classique donc, (que l'on retrouve, grâce aux éditions paquet, chez pas mal d'auteur espagnol) un gaufrier des plus commun, un fil narratif mis en place simplement. Ce souci de la simplicité, nous amène au sens certain de la sobriété de l'auteur. A la maîtrise dont il fait preuve. La folie, le grotesque, l'amusant sont contenus dans les cases, dans leur composition, dans des effets qui leur sont propres. Leur arrangement dénote un potentiel énorme, on se prend souvent à sourire à une simple expression à un bon mot, à un geste. Le tout à envie de déborder, de s'exprimer en dehors de son domaine, toujours Laperla sait réduire le feu et laisse le lait dans la casserole. A croire qu'il en est pudique.
Plus encore qu'un sens inné de l'harmonie, on mettra en avant le bon goût dont fait preuve l'auteur lorsqu'il ne se laisse pas déborder par ses effets ou ses personnages. Jamais l'envie d'en faire trop ne prend le dessus, toujours l'histoire passe avant tout, le rire est au service de l'histoire. Quel bonheur de suivre un récit servi par un ton délirant, sans que ce dernier ne tire la couverture à lui et ne vienne nous gâcher la nuit.

Du fait de ce style toujours un peu en retrait, on aimerait parfois que l'auteur se lâche un peu plus, qu'il donne libre cours à ses idées, que les personnages soient encore plus extravertis. Pour jouissive qu'elle soit, la satisfaction de nos envies, nuirait pourtant à l'équilibre de l'ensemble. A l'image de ses personnages qui ne savent que faire de cette vie si insipide qui leur offre pourtant d'heureux hasard, l'auteur à du faire un choix. Le savant dosage induit par la lecture de ce volume (il tient quand même sur la longueur, ce qui n'est pas donné à tout le monde, loin de là!), vient d'un travail de longue haleine, on le suppose de nombreuses réécritures, de gommage, de rajout, un souci du détail qui forcément sacrifie la spontanéité des erreurs et des égarements.

L'humour est présent, le récit bien ficelé, les personnages intéressants, la bluette amoureuse en forme de parabole sur les conditions de vie et les phantasmes que l'on porte sur le monde, n'est pas amenée lourdement. L'ironie n'est jamais inconvenante, un peu acide mais pas trop, on regrettera juste le manque de place laisser au lecteur, le manque d'audace dans le traitement formel, dans le cadencement.

Reste que l'auteur nous gratifie d'un album de fort bonne qualité, que je vous enjoint à découvrir, il devrait ravir les amateurs de la collection "poisson pilote" tout en les sortants de leur habitudes et de leur routines mensuelles, ainsi que les nostalgiques des vieilles histoires un peu folles comme on n'en fait plus.
Bien qu'un peu cher (15€) ce volume nous permet de faire l'heureuse connaissance, d'un auteur à suivre de près!

Bonne lecture,
Monfreid...
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