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Sumato


Monfreid...
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Sumato
de Dillies
aux éditions Paquet




Résumé : Sumato, un petit chat rêveur, et Herbie, une grande brute usée par différents abus, sont les deux meilleurs amis du monde. Un jour, ils quittent leur quotidien pour une longue fuite en avant, dans l’espoir de pouvoir vivre de leur passion, la musique. Mais Sumato a une autre raison de faire ce voyage: retrouver Sally, chanteuse magnifique mais rongée par la solitude.
C'est surtout l'histoire de gens qui, gagnés par une lassitude de la vie, décident de prendre des chemins de traverses...


Avis : Pour qui sonne le blues ?
Après un premier album, plus que prometteur (prix du premier album à Angoulème ), nous en attendions beaucoup de ce second essai. L'auteur nous ravi en continuant sur sa lancée. Ce Sumato résonne des tréfonds de l'enfer.

Beaucoup de lecteurs seront surpris par l'aspect plus "cartoon" du dessin, tandis que les autres, trouveront que le "blues" pose l'ambiance idéale au vu de la tristesse de l'histoire.

Peut être, pourrait on y voir un renouveau de la bd, un auteur en devenir, sûrement!

Il ne faut pas se fier aux apparences, M Dillies ne dessine pas de Bande dessinées, il fait de la musique. A trop vouloir y voir un auteur "inspiré", un auteur qui fait "aussi" de la musique, on finit par faire la vie longue aux préjugés et aux clivages!
Le blues ne fait pas l'ambiance, la musique n'est pas un prétexte, un cadre narratif de plus. Le blues ne s'offre pas en pâture aux conventions littéraires, qui veut en user doit en goûter. La mélancolie n'est pas ici, un effet de style, elle suinte de tous les côtés.

Le trait allégé (comparé à "Betty blues), n'induit pas des sentiments succincts et vite expédiés. La simplicité apparente des figures, leur bonhomie ne fait que renforcer notre implication dans le récit. Techniquement ce n'est pas un bond en avant, ce petit personnage ne subsume pas les points de vue contemporains en vu d'un retour aux sources. Nous ne sommes pas dans l'esthétique du primaire, les considérations béates sur l"'abandon" de la technique, au profit de la pure émotion, sont des considérations de salons mondains. L'auteur, ne simplifie pas son trait, il ne le rend pas plus digeste, bien au contraire. Trop de fois, on a tendance à percevoir le dessin comme un élément de lisibilité. Pour le lecteur, plus l'image est complexe plus le sentiment qui lui est attaché se noue en d'interminables nuances. Nombres de lecteur vous dirons qu'il n'aime pas tel ou tel style, du fait de sa non lisibilité, ils ne se retrouvent pas dans le dessin, n'accroche pas au récit ou aux personnages.
Les théoriciens aiment à voir dans ce comportement un refus de la gradation du sens. M'enfin, cela présuppose tout de même, que l'auteur soit incapable d'exprimer d'autre émotions que celles sibyllines.

Bref, pour ne pas tourner autour du pot de crème de Perette pendant des lustres, je vous propose de revenir à ce dessin, si mystérieusement abordable.

De part l'utilisation outrancière de ce terme, on à tout de suite l'impression de parler à une femme facile, qu'immédiatement les choses vont se concrétiser, que l'auteur va, enfin, se livrer à nous. Il n'en est rien, le personnage, si attachant de Sumato repose sur une vision qui n'a rien de si "utilitaire", de si fantasmatique. Il est l'élément idéal pour de l'histoire, son principe moteur essentiel.

Au départ, on le perçoit comme un succédané attachant et jubilatoire, narrateur sympathique échappé dans manga. Objet de toutes les attentions, fragile à bien des égards, on à envie de prendre soin de lui. On le sent "petit" dans un monde dur et intraitable. Ce monde est celui atroce, des usa au début du siècle, un monde urbain que les usines rendent gris et impitoyables. Sumato ni à d'ailleurs pas sa place, on voit par exemple Hervie à l'œuvre, ce qui n'est pas le cas pour lui. La présence de ce petit chat ne va pas à l'encontre d'une peinture réaliste de la société de l'époque. Ce personnage là, ne vit pas dans un monde enchanteur, ses illusions, ses rêves et ses espoirs sont fondés sur des réalités tangibles. Sa simplicité, nous permet d'y prendre part immédiatement, de nous sentir concerné. Toutefois, le réalisme du concept nous empêche de vraiment concevoir ce qui se déroule comme une "fable" ou un "conte".

Beaucoup de "critique" s'arrête à la seule présence de Sumato, pour n'y voir qu'un petit être fragile à qui il va arriver des malheurs. Si cette définition n'est pas fausse en soit, elle néglige une grande part du travail de l'auteur. Certes, ce personnage provoque une forte empathie de notre part. Nos émotions lui sont toutes entières dévolues. Le monde de sont compagnon Herbie ne nous étant pas accessible (il est quasi muet et assez "premier degré"), on se jette sur les couleurs de Sumato. Seulement nos sentiments sont mesurés, inféodés à un climat peu encourageant. Le contexte ne fait pas que limiter la porté de nos affections, il les met à rude épreuves.

Si les premières cases, peuvent nous laisser penser que l'amitié est consolider par la musique, tout n'est pas aussi rose qu'il parait. En plus de la rareté de ses interventions parlées, ce cher Herbie a un caractère soupe au lait. Pas si simple dans ses conditions d'arriver à cerner les relations qui lient les deux personnages, mais comme dirait l'autre cela n'empêche pas les sentiments. Comment ne pas songer à "adieu chuncky rince" de Thompson ?
Malgré milles défauts, malgré les incompréhensions et les silences; la vie offre parfois de ces êtres dont la seule présence assure notre réconfort, et la certitude de notre propre valeur.

Cette relation ambiguë, sera souvent célébrée dans les rapports entre les joueurs de blues et de jazz. A l'affût du moindre contrat, de la moindre occasion, n'hésitant pas à fustiger l'autre ou à s'emporter pour des broutilles, les pires ennemis du monde sont capables de se rendre des hommages mutuels et musicaux aussi profond que sublime. Sans aller jusqu'à l'exacerbation des tensions, Dillies explore là des relations denses et secrètes avec une grande justesse. Un ton démonstratif aurait été trop impudique et pour tout dire inadapté à ce genre de lien.

Lorsque l'amour s'en mêle, ce n'est pas uniquement le cœur de notre héros qui chavire, c'est out un univers de préjugés qui part à la dérive. La figure emblématique de l'amant jaloux, elle-même ne résistera pas aux assauts de l'ennui, de la mélancolie du blues.

Car enfin, si trop en dévoiler sur cet amour passionnel, ne rien en dire sera pire.
On ne saura passer à côté de cette affliction de l'âme qu'est l'ennui, de l'apparence, des gestes, de la parole, du comportement, de l'extérieur on ne devine aucune morbidité, aucune pathologie. Dans ces instants d'abattement terrible, on touche à l'intériorité, à l'essence du sentiment. Dillies a le bon sens de nous faire vivre ces éloignements/rapprochements en parallèles. D'élaborer deux gammes qui pourront se répondre et se rejoindre tout au long de l'album.

Ne pouvant trop en dire sans risquer de déflorer le plaisir de la découverte, je tiens néanmoins à attirer votre attention, sur le fait que ces "portraits croisés" se présentent à nous par le même biais que le graphisme, avec aisance, laissant penser à une certaine facilité, avant de nous embarquer dans des sentiments plus dur, plus âpre, moins facile à gérer. Tous les personnages se révèlent torturés. Que sont ils, si ce n'est des variations, des thèmes de blues ?

Le blues : figure imposée, figure simpliste si l'en est, composition évidente…lourd passé aux origines complexes et tourmentés (Irlande, France, afrique, inde etc). Sentiment aussi noble et prodigue que le "spleen" baudelairien, rien n'est plus facile à louper qu'un plus. Rien n'est plus dur à exprimer que le plus.

Tel un Revrend Gary Davis moderne, Dillies parvient à saisir cette lueur d'espoir incertaine dans les tréfonds de nos âmes en peine. Le blues c'est le chant du malheur, de la désolation, d'une mélancolie terrible mais c'est surtout l'espoir d'avoir quelqu'un à qui le chanter, c'est avant tout le partage.

Un album à lire de toute urgence pour tout amateur de blues (avec un fond de Blind Lemon Jefferson, de billiy holliday ou encore de fatz waller dans les oreilles).
Et à découvrir pour les autres.

Bonne lecture Monfreid…
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Je serai un peu moins enthousiaste que Monf' (peut-être parce que je suis moins fan de blues que lui).

Sumato a été une bonne surprise pour moi. Tout simplement parce que je ne m'attendais pas à une histoire aussi sérieuse avec des dessins aussi simples et rigolos, tout en rondeurs. Je n'ai pas trop accroché aux couleurs, mais par contre ce que j'ai vraiment aimé c'est que Dillies prend ses aises pour dessiner. Il n'hésite pas à faire une seule case par page avec une seule scène. Et c'est très agréable, ça ménage des pauses dans le récit, appuie les tournants du scénario.

Mon autre surprise est arrivée à la fin de la bd, j'ai vraiment été touché par celle-ci, et cela sans que j'ai l'impression de m'être vraiment accroché aux personnages. Touché en plein coeur sans n'avoir rien senti...

Bref un bon "mini road-movie" abordant les thèmes universels de l'amour coup de foudre et l'amour sur la fin, l'amitié, le blues...
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CITATION(lapingue)
Je serai un peu moins enthousiaste que Monf' (peut-être parce que je suis moins fan de blues que lui). ...


c'est vrai il faut le préciser :wink: (je suis un fou de blues, la preuve j'en parle rarement [chez moi c'est un signe biggrin.gif ))

donc Lapingue doit avoir raison de modérer mes propos,

en même temps, lire les mêmes avis consensuels partout m'a un peu énervé et choqué! surtout que quand on aime cette musique on sent que c'est le cas pour l'auteur...et de voir des "professionnels" passer outre, ou ne pas en faire...car se serait mettre en avant leur ignorance...je trouve ça honteux;

Passer ce petit laïus :wink:

ravi de deux choses:
-lapingue à parfaitement raison d'appuyer sur les cases "pleine page" ça offre une liberté de ton...bienvenue :wink:
-ravi de voir que tu fus touché à la fin de l'album.

bien à toi,
Monfreid...
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j'ai enfin trouve le temps de lire cette bd que j'ai achete avant noel et j'ai vraiement bien accroche pour pas dire que j'ai adoré...
j'avais deja aimé l'univers de betty blues, et bien que j'ai eu une petite peur en commencant cette deuxieme Bd de Dillies (qui es très sympa au passage rencontré a quai des bulles) j'ai vraiement l'ensemble que ce soit au niveau graphique ou du scenario et cette fin :cry:

enfin encore une bd que je ne peux que conseiller tongue.gif
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CITATION(phiphine)
j'ai enfin trouve le temps de lire cette bd que j'ai achete avant noel et j'ai vraiement bien accroche pour pas dire que j'ai adoré...  
j'avais deja aimé l'univers de betty blues, et bien que j'ai eu une petite peur en commencant cette deuxieme Bd de Dillies (qui es très sympa au passage rencontré a quai des bulles) j'ai vraiement l'ensemble que ce soit au niveau graphique ou du scenario et cette fin  :cry:  

enfin encore une bd que je ne peux que conseiller  :P

Et tu aimes le blues à la base? (à la base de quoi? qu'est-ce que j'dis moi? :? )
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