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Un américain en balade


Monfreid...
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Un américain en balade
de Graig Thompson
aux éditions Casterman, collection Ecritures




Résumé : Début mars 2004 : en provenance des Etats-Unis, et précédé par la flatteuse réputation que lui a valu son album "Blankets-Manteau de Neige", Craig Thompson débarque à l'aéroport Charles de Gaulle de Paris, pour un séjour d'un peu plus de deux mois en Europe et au Maroc. A la fois séjour d'agrément et voyage professionnel, son périple va aussi lui fournir l'occasion de beaucoup dessiner. Et ce sont ces images, déroulées jour après jour à la manière d'une chronique personnelle du temps qui passe, que rassemble "Un Américain en Balade".

Avis : On entre en lecture, comme on entre en guerre, tout est question de conquête. Le terrain est d'abord à défricher à débarrasser des pissenlits des opinions préfabriqués. La continuité étant l'art de savoir admettre quand il est bon de mettre la terre en jachère. On entre en lecture, comme on entre en campagne, autant prévoir ses bardas et faire fi du mauvais temps, tant qu'à faire.

Parler du dernier 'Graig Thompson" c'est se fourrer le doigt dans l'œil, l'auteur le dit lui-même, il s'agit juste de faire patienter le lecteur, d'un passe temps, d'un amuse gueule en attendant l'œuvre véritable.
La fin de l'ouvrage, nous en dira plus sur les motivations réelles de ce l'ouvrage, mais la défloraison n'est pas notre gagne pain.

Quel choix nous reste t'il ? Celui de lire cet ouvrage comme un recueil de "moments" mis en bd ? Le traiter comme un album et se foutant de l'avis de l'auteur ?
Pas si évident qu'il n'y parait, mettre en avant l'opinion du lecteur, c'est mettre de côté son temps de lecture, sa position.
L'apéritif se déguste, c'est ce qui met en bouche la suite de la soirée, ce moment de partage conditionne le reste, d'autant plus lorsque nous avons un ami à notre table. Un ami précieux, pas forcément de longue date, nous ayant déjà fait l'honneur de deux précédents albums, des plus romantiques qui soient. Un ami sensible sans niaiserie, un ami constamment amoureux et dans le doute, un ami qui vous permet de prendre du recul et du bon temps, un ami précieux vous dis je. Pourquoi se priver de sa compagnie, avant de passer à table réservons nous de ce délicieux breuvage.

La construction de cette ballade, est celle classique d'un journal, un journal qui aurait conscience d'être un journal, on suit jour après jour les pérégrinations de l'auteur. De séance de dédicaces douloureuses pour sa mains meurtrie, en souk, jusqu'aux nostalgique montagne Thompson ne nous cache rien. Enfin rien de ce qu'il prend la peine de dessiner.

Pas mal de pensées convenues sautent déjà sur l'occasion de nous parler du renouveau de la bd, par le vent autobiographique qui l'emporte en ce moment, élégie facile et tardive, autant que parcellaire et incomplète pour ne pas dire réductrice.
On laissera le soin à Blutch (présent dans l'ouvrage) d'en dire plus au lecteur sur ce thème. Reste que l'autobiographie n'est pas une compilation d'anecdote ou de routines, passons donc sur ces névrosés du bulbe pour nous attarder sur le croustillant, le doré de cet entremet de qualité.

Le trait surprend immédiatement par sa force et son caractère. Quand on lit un album, on peut rester sur le cul, du fait de l'aspect qualitatif, avec le recul pourtant l'effet de surprise peut se tarir pour laisser place à une prise de conscience du travail effectué en amont pour arriver à ce résultat. Les heures de travail, le dos courbés marquent le pas dans notre esprit, en finit par penser en terme de composition.
Là, ce sera aussi le cas, un temps d'adaptation sera cependant nécessaire à nos émotions, pour se remettre de la "perfection" du trait. Les amateurs de l'auteur ne seront pas déçus, le graphisme est souple, enlevé et sonne toujours aussi franc. L'auteur persiste à vouloir saisir la courbure des choses, plutôt que les choses elles mêmes et c'est un régal, cette courbure apportant toujours un contre point nostalgique, toujours on pensera à lui, à son état lorsqu'il dessine la planche.
Le sentiment est à l'honneur.

Un sentiment, fragile, friable; qui très vite va flirter avec le redondance, au "je m'écoute parler", à l'épisodique; sans jamais céder à la faciliter de l'égocentrisme.
Les pointes de mésaventures, de pensées négatives relèvent la sauce de temps à autre et c'est tout, pas de sentimentalisme ou de laisser aller. Les errances, sont communes, la nostalgie partagée pas besoin d'en faire des tonnes pour que le lecteur s'y retrouve. Thompson à bien compris les limites du verbe dans ce genre d'approche. Et si la "compilation" de dessin de voyage n'à en soit que peu d'intérêt ("ho qu'il dessine bien" et après ?), que le texte réveil le tout, il ne faut jamais en abuser, c'est un outil qui montre très rapidement ses limites.
On prend plaisir à suivre les phrases tantôt maussades, tantôt alanguis de notre barroudeur du dimanche, se demandant un peu ce qu'il fout dans cette galère, entrain de se ruiner la main (on ne connaîtra jamais le fin "maux" de l'histoire), ou au milieu du souk.

Les tribulations sont la partie "adhérentes" du récit, sans elles pas de récit, reste que l'essence du plaisir est ailleurs. Sinon, encore une fois en guise d'album, nous aurions une succession de jérémiades (c'est ce qu'on du voire de trop nombreux penseurs et "critiques" par ailleurs).
Tout tient en ce déséquilibre constant qui toujours nous met en danger, en porta faux mais qui jamais ne se casse la gueule.

On en reconnaît pas l'artiste à sa façon de dessiner, à son style, à ses histoires, à son érudition, à son humour, ce qui fait son talent c'est une particularité unique (et/ou dans la nuance) plus ou moins perceptible, plus ou moins connue. Ici l'artiste se dévoile autrement que parce qu'il est constamment malade (à la limite hypocondriaque) ou parce qu'il aime une fille malade "pour de vrai", il devient "notre", il se livre dans son sens de la composition.
Le don de la mise en scène prend toute sa mesure au fil des pages, avec des seconds plan troublants, des jeux de pistes ludiques et mystérieux, des envies des paraboles etc. une succession de petits plaisirs, qui sonnent justes.

C'est grâce à ce "petit plus", ce supplément d'âme, que chacune des pages se lit "à la suite" de l'autre, comme un moment, sans que cette apartenance ne vienne jamais rogner sur son indépendance farouche, sur sa part d'intimité et de réalité. Ici l'autobiographie n'est qu'exercice de style, que tentative malheureuse de "lire" la continuité…
L'album propose plus, c'est l'ouverture du dialogue, le partage à l'état brut, un plaisir de lecteur solitaire, à réserver au primas d'un hiver rigoureux, la neige ayant tout recouvert, un rayon de soleil en guise de visiteur.

A noter aussi, le "besoin" que ressent l'auteur de créer un "double abstrait", plus qu'une caricature, un véritable personnage avec qui jouer et dialoguer, pour faire des moments pénibles une œuvre!
Un recours surprenant et très efficace, qui nous mène vers des rivages proches de ceux de "Bobi" de Bess dans la même collection.
Une collection qui décidemment ne faillit pas à sa réputation de prestige.

Une lecture…une relecture…une œuvre.

Bien à vous,
Monfreid…
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Je crois que, comme le stipule l'auteur dans son avertissement, il est très important de lire Un américain en balade comme un simple carnet de voyage . Si vous vous attendez à un bouquin où Thompson livre entièrement ses doutes, ses envies, etc... vous risquez d'être déçu.

Pour ma part, j'ai lu ça comme un journal de son quotidien. J'ai d'ailleurs préféré le lire en plusieurs fois plutôt que d'une traite, peut-être une façon de comparer le quotidien de Craig Thompson au mien??? Pour que ses journées soient un peu les miennes...

En tout cas, étant fan de ses dessins, je suis ressorti de mes lectures les yeux ébahis, le coeur emballé et la tête pleine de rêves. (Ce YUCCA page 191 :shock: ) Voir toutes ces villes (dont plusieurs me sont familières) vues par un américain, m'ont fait prendre conscience de nombreuses choses qui me passaient au dessus de la tête ces derniers temps au point d'en oublier le plaisir de vivre dans le sud de la France (un peu à l'image de Laureano et de la sagrada familia)! Il m'a rappelé ce que sont le plaisir simples!

Bref, l'auteur nous propose une succession de plaisirs comme de doutes et renforce encore un peu mon sentiment de crainte vis à vis des dédicaces... Cette album permettra aux fans de renforcer leurs convictions et aux néophites de découvrir un homme sensible dont les albums méritent d'être découvert. Un bouquin qui, l'air de rien, est rempli d'émotion!
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c'est marrant, malgré le fait qu'aucunes des villes ne me soient famillières, on se rejoint.

on prend ce livre comme un carnet, on prend en compte l'avertissement de l'auteut.
effectivement ce n'est pas de l'autobio ou un album à part entière.

reste que l'on se retrouve ému à la fin (et au fur et à mesure de la lecture)

un album vraimetn sympa (j'en relis des pages par plaisir de temps à autre)

bien à toi,
Monfreid...
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CITATION(Monfreid...)
un album vraimetn sympa (j'en relis des pages par plaisir de temps à autre)


Pareil, d'autant plus qu'à la lecture de la fin de l' "album", j'en ai éprouvé le besoin.
Je n'en dirais pas plus pour éviter de gâcher le plaisir de certains, mais c'est vrai que maintenant je regarde l'album et la démarche de l'auteur tout autrement...
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C'est bizarre, j'ai l'album à la maison, je ne l'ai pas encore lu, pourtant , je suis très content de l'avoir acheter.
La mise en page est très jolie et puis quand je la regarde, je trouve qu'il émane quelque chose d'indéfinissable. smile.gif
Je vais aimé.......c'est sûr ! :wink:
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  • 1 month later...
CITATION(okilebo)
Je vais aimé.......c'est sûr !  :wink:


En effet, j'ai aimé tongue.gif




Une première constation : cet album porte bien son nom. En effet, Un Américain en balade nous fait le compte rendu de la visite promotionnelle de Craig Amstrong en Europe, lors de la sortie de son album, Blankets.

Je pense qu'on ne peux pas vraiment parler de scénario, ici. J'ai plutôt envie de dire que nous somme conviés au voyage, tout simplement. Cette invitation n'est vraiment pas désagréable car les pays traversés sont, en général, très séduisant pour les yeux. Une autre constation : pendant son périple, l'auteur est parfois livré à lui-même, ce qui nous donne souvent des situations cocasses comme lors de son étape au Maroc.
Nous avons donc droit, ici, à un album très plaisant à lire, l'humour y est bien-sûr très présent et notre dessinateur en vadrouille devient vraiment attachant au fil des pages. Une chose est sûr : cette démarche qui consiste a être soi-même le héros de son histoire n'est pas pour me déplaire. Bien-sûr, je pense qu'il est nessécaire de garder une certaine pudeur dans ce genre d'approche mais Amstrong y arrive très bien. Cela donne un coté très réaliste au récit et c'est, ma foi, tout à fait convaincant.

Au niveau du graphisme, il s'en dégage beaucoup de subtilité. Certains portraits sont vraiment très réussis. Par exemple, celui de Laëtitia et son enfant (page 127) ou celui de Ari ( page 201). Superbe !!!

Pour conclure, je dirais que si vous n'êtes pas fan du travail cet auteur, je ne pense pas que cet album vous passionnera. Par contre, si tout comme moi, vous avez adoré Blankets, je suis convaincu qu'Un Américain en Ballade vous plaira. En somme, ce one-shot est un bon complément en attendant le prochain vrai album d'Amstrong.
A lire ou à découvrir !
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