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Rex Mundi


Monfreid...
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Rex Mundi tome 1
de Nelson et Johnson
aux éditions Semic



Résumé : Paris, France, 1933. La magie est un phénomène réel et la séparation entre l'Eglise et l'Etat n'a pas eu lieu. C'est dans ce contexte que le docteur Julien Saunière est mêlé à l'enquête sur le vol d'un manuscrit enfoui dans la crypte d'une église parisienne. L'ancien document semble relié à une société secrète, mais aussi à une série de meurtres récents à caractère rituel. Malgré le danger, Julien Saunière entreprend d'arrêter les tueurs avant qu'ils ne disparaissent à nouveau.


Avis : Paris, France 1933; des prussiens pas loin de nos portes, la volonté expansionniste colonialistes est bien présente et encore d'actualité, et pour cause la première guerre mondiale n'a pas eu lieu. Des hommes en bure déambulent dans les rues, les décisions politiques se font dans des chambres qui n'ont pas grand-chose à envier aux loges maçonniques. Faut faire gaffe à vos gestes : l'inquisition vous guette.

Déjà sur la couverture le masque triste issu d'une comedia dell arte ou bien encore du festival de Venise, peut intriguer. Lorsque l'on sait à qu'il y appartient le mystère ne fera que s'épaissir.
Ce qu'il y a de sympa, c'est qu'en tant que français je pense que nous sommes d'emblé plus sensible au travail de "fouille" de l'auteur, à son respect historique. Bien entendu nous sommes habitués à ce genre de chose dans la bande dessinée franco belge, on peut toutefois espérer que les amateurs "exclusifs" de comics (en France et ailleurs) aient la bonne idée d'aller voir un peu plus loin.

De plus le "background" n'est pas là pour alimenter la trame en arrière fond, pour faire bien dans les devoirs à faire à la maison (genre "j'y suis allé, j'ai appris des trucs et des références je m'en sert pour vous en mettre plein la vue). Les éléments sont bel et bien présent pour faire "vivre" la narration.
Ce qui est déjà un bon point quand on fait de l'uchronie. J'avoue que j'ai eu peur d'avoir affaire à un prétexte déguisé en contexte pour l'occasion, avec des incohérences à gogo, des lourdeurs. C'est tout le contraire, ce début de 20ième siècle au sein d'une europe hyper catholique sonne juste. Cela est sans doute due au travail de recherche en amont de l'auteur, un travail minutieux. Chaque nouveau fait venant parfaitement s'emboîter dans l'horlogerie globale.

un cadre historique tangible, une hiérarchisation et une extrapolation des pouvoirs parfaitement maîtrisé; font de la structure scénaristique de ce premier volume une parfaite mise en place.
Si l'on ajoute à cela la bonne idée d'avoir choisi un médecin de quartier (de son plein gré) pour tenir le rôle principal de ce polar pré futuriste, on tient un récit qui va nous prendre par la main pour ne plus nous lâcher.

Quoi de mieux en effet qu'un médecin, qu'un "humble artisan" qui n'appartient ni à la politique, ni au clergé et encore moins au monde de la magie pour enquêter sur la mort d'un de ses amis.
Le "petit truc" en plus, qui fait que l'on reste dans l'aspect "comics", c'est que le manuscrit tant recherché, notre héros s'en cogne comme dans le l'an 40. Enfin plus exactement ce n'est pas sa motivation première, et c'est tant mieux. Les informations sur un possible "complot" nous sont appris ou distillés par hasard ou par d'autres biais. De quoi non seulement faciliter l'identification au personnage principal (ne serait ce que par ses choix sociaux), mais aussi donner un temps d'avance au lecteur.
Le rythme soutenu ne tolère alors aucune défaillance de notre attention.

Des petits des taux…des petits détaux…des petits détails je veux dire, viennent nous montrer qu'en plus d'être à une époque moderne et d'avoir à lire des dissonances historiques, le genre peut apporter quelques réflexions sur notre propre réalité. La place et la signification de la RFA ou de la CSA, sont particulièrement mordantes, la portée économico-politique du carburant à venir est bien amené.
Bref pour basée sur des vieux principes qu'elle soit, cette monarchie n'en est pas moins confronté aux mêmes problèmes qui furent ou sont les nôtres.

Cette uchronie se fonde sur un monde duquel la science n'est pas absente, la marche du progrès semblant insensible au pouvoir qui la dirige (là encore le choix d'un médecin ne semble pas innocent).

Le graphisme n'est heureusement pas en reste. Si quelques portraits ou attitude laisse à désirer dans certaines cases, le fait de retrouver une alternance de case courte et de dessin pleine page, nous rassure : il s'agit bien d'un comic.
Ce genre de projet, ou de concept risquant en effet de sombrer dans l'impossible mélange (une uchronie à la française vu par un américain, ce n'est pas gagné d'avance quand même), le respect du média est primordiale, ne serait ce que pour proposer une base de référence solide.
Pour rassurer les plus septique, on ne négligera pas la part laissée à la retranscription de paris, de son ambiance, de ses costumes, au décors (quoique certains plans de rue m'ont laissé de marbre) etc.
Le rendu est donc réaliste. Toutefois l'aspect "rigide" des comics contemporain parait inapproprié pour rendre la "fluctuation" des sentiments. Quoique crédible les personnages apparaissent engoncés dans leur costume et dans leur rôle. Certes le cadre d'une monarchie se prête à se genre de traitement mécanique, à la composition martiale (au sens militaire) des cases, reste que l'on déplore le manque de "vie" de l'univers.

Le dessin est, à mon sens, trop respectueux du scénario il y a du mal à s'en détacher à prendre son envol. Il l'enlumine parfaitement, l'illustre fort à propos, avec l'analogie (le rat des les premières pages) ou emphase (la porte dérobée après les égouts) sans pour autant parvenir à nous faire vivre l'histoire, à faire réellement exister les personnages.
Personnages parfaitement mis en place au demeurant, aucun souci sur cet aspect là.
On aurait cependant apprécié un traitement plus "en dedans" à la limite plus invasif.

Outre le dessin, on déplorera aussi le fait que le scénariste se repose un peu trop sur ses connaissances préalables de l'histoire. Lui sait où il va, il joue donc avec nos nerfs, jusque là rien de très illogique, de plus nous attendons que ça.
Le "problème" c'est que le suspens est un suspens d'intrigue (pas de vaudeville non plus hein!). Il y a trop peu de symbolisme, de titillement de notre imaginaire; la magie est juste un élément narratif, de même que le magicien blanc (le seul qui paraisse étrangement moderne avec ses lunettes). Non pas que cet élément soit absent (bien au contraire) mais il me semble que les auteurs sont passés un peu outre son potentiel autre qu'ornemental, du moins dans le premier tome et qu'ils furent trop occupés à nous faire "en vouloir plus". Mais je chipote là.

Un premier tome fort sympathique, qui donne bougrement envie de lire la suite.
Une série qui devra pourtant faire ses preuves pour entrer dans la cour des grands.

Bonne lecture
Monfreid…
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