Aller au contenu
  • S’inscrire

Dien Bien Phu


Monfreid...
 Share

Messages recommandés



Dien Bien Phu
de Casanave et Tuot
aux éditions Les rêveurs



Résumé : c'est l'histoire d'un soldat qui rêve et que l'on réveille...pour la suite...faut lire l'album!

Avis :
d'abord de M Larcenet (qui à aussi participé à la maquette et à la couverture) qui m'a gentiment autorisé à reprendre quelques lignes de lui sur le sujet...je l'en remercie vivement 8)

sur l'album
Nous (les rêveurs) avons sorti « Diên Biên Phu », de Noël Tuot et Daniel Casanave et on en est super contents. C’est un livre à mon goût très attachant par le sujet, mais surtout par le traité qu’en fait Daniel Casanave. C’est poétique sans être niais, nerveux sans être agressif… Enfin c’est un chouette livre, quoi.

sur l'auteur
Et puis Daniel Casanave… Que dire de lui ? Il connaît le dessin sur le bout des doigts et, en plus, il a une culture phénoménale… Et puis lui encore c’est un vrai, pas un fantoche… Ses dessins sont d’une justesse d’observation et d’une vilence de traduction qui me bluffent. Et puis aussi, il est pas prise de tête, il ne pète pas plus haut que son cul et ça, c’est globalement reposant !


pis l'avis du chroniqueur

Un format atypique (à l'italienne on dit quand on est bien élevé ou que l'on veut faire son cultivé), un scénariste pas connu, une collection dont on sait la volonté de nous fournir des œuvres hors norme (on va dire ça pour simplifier) et un dessinateur dont on sait la passion pour le théâtre et le trait noirci.

J'en entends déjà certains qui râlent, tout ça parce qu'on va leur parler théâtre. Faut dire, à leur décharge (public si je file la métaphore par avance) qu'en assommant les mômes à grand coup de Racine, l'éducation national leur à fournit le bûcher par avance.
Pour les néophytes, les curieux, les audacieux qui continuent de lire ces lignes…je précise tout de même que l'auteur de la pièce dont est tiré cet album est : un parfait inconnu. A moins d'avoir dans vos connaissances un membre de la seule troupe qui à montée ses pièces, je ne vois pas comment vous auriez pu en entendre parler. Point n'est besoin d'être façonner à grand coup de "bagage culturel" pour oser tourner la page.

C'est donc en béotien (encore un mot pour se la donner dans les salons ça) que j'ai ouvert cet ouvrage (pas évident à trouver en librairie).
Connaissant un brin l'œuvre de Casanave on peut dire que l'approche graphique globale ne m'a pas surpris.
Les arbres sont morts, les décors peu avenant, les visages hallucinés, le pas pressé…on est pas là pour déconner, la mort n'attends pas.

Que l'on ne se méprenne pas, le dessinateur ne donne toujours pas dans la tristesse mélancolique des jours d'autonome. Pour triste qu'il soit, son trait reste jubilatoire.

Je sens que je suis en train de mettre la charrue avant les bœufs moi…je reprends.

Déjà l'introduction est superbe, le style élégant tranchant vivement avec les dessins sombres de Casanave, une entrée en matière…étrange.
Ensuite, il ne s'agit pas d'une parabole complexe sur le rôle de cette (glorieuse) bataille au sein de l'histoire, d'une tentative de spiralisation hégélienne rattrapé au son de la rime facile. Ce n'est pas la morale après coup, l'étendard sous le bras, la larme à l'œil et le ton péremptoire.
Rien de tout cela, Diên Biên Phu c'est…euh…c'est le dormeur du val qui aurait pris un acide avant de se réveiller en sursaut (merci Franquin) au pied d'un arbre improbable planté dans la nuit sur un champ de bataille, c'est Lewis Caroll qui taperait la belotte avec Yves Tanguy en monochrome, c'est le trouillomètre au plus bas l'accompagnement de notre camarade mort au combat…c'est une farce déjanté sur la condition humaine.
Le tout dans un bordel jubilatoire…pour faire court et faire style que j'ai le sens de la formule je dirais que Diên Biên Phu c'est : l'incarnation d'un cadavre exquis en temps de guerre.

Vous voyez le tableau ?
Non!
Forcément dit comme ça, ou n'importe comment ça surprend. Le propre de ce récit, c'est de faire feu de tout bois, de pousser à l'extrême la situation pour voir ce qui va en sortir;

En gros M Tuot c'est le René Daumal (reimois lui aussi !) du théâtre, acerbe, dur, noir comme l'ébène, acide, tranchant, vif, insaisissable; mais jamais méprisant ou cynique. Le triomphe et la reconnaissance il les laisse aux autres, à lui, à nous lecteurs il promet l'exaltation du moment. Parce qu'il faut bien se marrer non ?

On comprend mieux le choix de Casanave, ce dernier est mu par le bruissement du monde, par la passion autant que par l'instinct. A quoi sert d'adapter, de mettre en dessin, si c'est pour ne pas prendre son pied, pour se faire chier à enluminer ou à mettre en valeur ?

Encore une fois, ce qui compte c'est la sincérité. Ce sentiment dont la noblesse dans le statique et dans le questionnement, comment lutter contre la récupération ?
C'est simple, il suffit d'aller de l'avant. La case est lieu de rendez vous entre texte et envie, de cela née une image, simple directe…violente, saisissante.
Je n'use pas de ces adjectif pour faire joli, le dessin de Daniel n'est pas "beau". Il faut s'entendre, les fétichistes du "populeux", les fanas du "grand public" sont des esthètes du détail, du perfectionnement, du crédible. A force de certitude et de complétude, beaucoup (trop) de bd finissent par ne plus être que des réceptacles à imaginaire tout prêt, digéré, fabriqué. Le "populaire" c'est bien…parce qu'on à plus rien à y faire.
Forcément les attentistes du beau, les contemplateurs à la petite semaine, qui s'ébaubissent de petits mondes parfaits et sans failles…ceux là risquent d'être déçu.

L'art n'est pas affaire de "plaisir"..du moins l'art n'est pas tenu de vous plaire. Le lecteur aussi doit s'en prendre plein la tête.
Le dessin de Casanave n'est pas un dessin facile d'approche.
Son évidence est trop brutale, trop brusque pour s'absorber consciencieusement, exhaustivement…lire ses adaptations n'est pas les assimiler. Que l'on se comprenne bien, ces dessins sont beaux, lisibles, ils servent admirablement le récit. L'auteur ne s'épuise pas à nous démontrer la supériorité de sa démarche.
Je cherche juste à dire qu'ici "être au service du récit", ce n'est pas le rendre agréable à lire ou digeste. Ce n'est jamais rendre service à une histoire que de trop en faire.

La simplicité dont on parle (enfin là je suis tout seul, donc forcément je ne me contredit que moyennement), est de celle qui savent vous charmer (en filiation directe avec Fred Bernard!), qui vous laissent insidieusement de la place, qui font les émotions faciles et perméables aux notre. On ne pense pas à Lewis Caroll au hasard, on se reconnaît dans ce jeu de dupe, dans ces hérésies notoires.
Ce dessin vous prend au piège, vous capture et ne vous lâche plus. La lecture est passionnante, haletante d'un bout à l'autre. Comme nos mains sont prises (elles tournent les pages) on nous prend par l'imaginaire…quoi de plus stimulant.

On nous parle, de cadavre, de guerre, de commandement militaire, de responsabilité, de science et du corps des femmes et de leur rôle dans les actions humaines…on nous parle de tout ça, de bien d'autre chose encore…

Point important à noter, même si je sais que le dessinateur ne voudra pas l'admettre…du moins ne voudra pas admettre la démarche que sous tend ce constat. Le découpage à changer, ici nous sommes plus proches des personnages, peu à peu ils se transforment en véritables acteurs.
Plus de cases pour autant d'action, plus de plan serrés, un rythme plus proche des dialogues, tout cela rend l'ensemble plus dynamique. La sincérité, la passion se manifeste ici dans ce refus des concessions…dans les contraintes que l'on devine à mener cette tâche à bien.

Et dire, que déjà le dessinateur annonce un prochain album…à croire qu'il y prend du plaisir.

Une œuvre qui permet de faire un pas dans le théâtre surréaliste.
Un auteur que l'on découvre par curiosité.
Que l'on suit par envie.

Bonne lecture,
Monfreid…
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

A tête reposée :wink: :

Je n'avais pas attendu l'avis de Monfreid pour acheter Dien Bien Phu, car je suis poussé par une force inconnue vers les albums de la collection "On verra bien" des rêveurs. Pourquoi? Le format? Le contenu? La qualité? Les trois?

En tout cas, j'ai vraiment accroché au dessin. Dès la première page, on voit que Casanave arrive à rendre le côté "cuvette dégueulasse" de cette guerre grâce à son trait épais, un peu brouillon et son noir et blanc. Toute la panoplie des expressions passe sur les visages, du doute à la folie, bluffant!

L'histoire est quant à elle complètement folle! Mais pas tellement finalement... Qu'en penser? Qu'en dire? Je ne sais vraiment pas, mais en tout cas, j'ai trouvé le tout très fort! Parler de la guerre sans la montrer...
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 weeks later...
Invité Invité
pour les fans de Casanave , sachez qu'il dédicacera Dien Bien Phu et l'histoire du soldat le 22 mai 2005 à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), dans le cadre d'un festival de BD indépendante. + expo de ses planches.
renseignements : tel :01 43 88 03 03
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

×
×
  • Créer...