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Pourquoi tant d'amour ?


Monfreid...
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POURQUOI TANT D’AMOUR ?
Tome 1 Baby love
Par Foenkinos et Reiss
Aux éditions: Emmanuel Proust
Collection: tri lo gies.

Résumé :
Manu est un jeune caid latino. La star de son quartier. Jusqu'au jour où... il tombe amoureux ! Or, pour éviter que ça devienne trop sentimental, la mafia arrive dans cette histoire. Une mafia prête à vous casser la gueule si vous n'écoutez pas de la soul. Humour décalé pour ce vaudeville au graphisme hyper réaliste.


Avis : C’est étrange comme la référence ultime d’une génération se dilue avec plus ou moins de réussite dans l’art. Récemment les copies conformes de Matrix vont dans ce sens. Mais qui se souvient de l’impact que fut la mise en scène bordélique de Pulp fiction ? Les auteurs de cette série s’en souviennent eux.

Le résume laisse à penser que l’histoire d’amour de Manu à besoin du piment mafieux pour être suivie, point du tout.
Mais revenons d’abord sur l’hyperréalisme du dessin. Ce mouvement désigne une oeuvre qui choque par sa ressemblance avec le réel, si possible avec une situation quotidienne. Je ne pense pas qu’agrandir un bras de façon démesuré pour prendre l’expression « avoir le bras long » au pied de la lettre aille dans le sens de cette définition. Certes la graphisme de Reiss choque par son réalisme à fleur de peau et sa puissance d’évocation, mais il ne faudrait pas en négliger l’humour et la prestance ! Reiss n’y va pas par quatre chemins : les souvenirs sont en « sépia », le présent narratif en bleu et la mafia va dans des entrepôts bien glauque, c’est clair, direct et précis. On sent dès le début qu’il joue avec les canons du genre. Cette systématisation des lieux et des décors, établit un monde connu mais aussi un second degré omniprésent. Le mafieux noir à la coupe « jackson five » nous arrache forcément un sourire, sans pour autant perdre de sa crédibilité. La force de Reiss vient du fait qu’il peint un monde sordide où au milieu de ruelles peu fréquentables règnent la désolation et la solitude, et qu’il sait y glisser ce qu’il faut d’humour et de recul. Son trait « forcé » va prendre le dessus quand il va s’agit de mettre en avant la dureté inflexible d’un regard. La page d’après les couleurs vont « tâcher » de faire valoir l’ironie d’une situation.
De plus la mise en scène multiplie les points de vues, les inserts ce qui donne une impression constante de mouvement. Un mouvement que les personnages insuffleraient à leur monde et à leur avenir. Souvent l’on dit d’un dessinateur qu’il parvient à rendre une ambiance ou un sentiment, et bien Reiss parvient à rendre le « possible ». Ici un ado peut-être un chef de bande, un amoureux transi et un manipulateur de première sans que son entité vole en éclat à chaque revirement de situations. Cette crédibilité est obtenue par un volontarisme à toute épreuve, le second degré est aussi jusqu’au bout même dans l’amour pour lequel « la vie est rose ».


Cet aspect protéiforme du dessin est à la fois attaché et indépendant du scénario. Attaché à lui car il le sert à merveille. Indépendant puisque les deux développent une attitude différente dans le recul au monde. Le récit de Foenkinos est loufoque. Dans le cadre sérieux d’une « ghetto » américain, l’auteur donne naissance au rêve de bluettes d’un adolescent un peu paumé, qui se lasse des coups d’éclats à la va vite. Il crée des destins forcément tragiques, des « méchants » sans pitié, des hommes sans honneur et des adolescentes en mal d’amour. Les faits sont tragiques, l’ambiance morose, le lecteur s’apitoierait presque sur ce quartier poisseux quand un « Hé ! Manu tu descend » le ramène sans appel aux bons souvenirs de ses zygomatiques. Toujours l’humour permet à l’auteur d’avoir un train d’avance sur le lecteur. Le mafieux cruel qui frappe en fonction d’une inculture musicale, le « héros » qui prend les devants de l’histoire, le marie de « l’héroïne » qui dit qu’à sa prochaine apparition dans cette BD son statut aura changé, autant de faits qui tourmentent le lecteur. On se retrouve épuisé à la sortie de ce premier tome. Le dessin joue sur le second degré, tandis que le scénario change constamment de piste et de ton. L’amourette n’est pas importante par sa « beauté » mais par le fait que c’est elle qui motive vraiment le protagoniste principal.
Le plaisir mêlé à l’attention fait que l’on suit cette histoire d’un bout à l’autre, sans la voir passer. L’intrigue est étoffée, sans être incompréhensible, puisque c’est au lecteur de faire le lien entre tous les éléments. Ce jeu de rebonds et de clins d’œil est mené tambour battant ce qui flatte le lecteur et lui donne envie de lire la suite. Et l'on se prend à chanter "Baby love" en se disant que le titre de la série n'est peut-être pas qu'un pied de nez.


Seul regret, cette narration à tiroir toute réussie qu’elle soit manque une fois terminé d’originalité dans son fonctionnement.


Bien à vous,
Monfreid...
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