Kuklos

[Monfreid...]

Kuklos
de Ricard et Gaultier
aux éditions Soleil

Résumé : C’est l’histoire d’un homme qui, depuis qu’il est enfant, rêve de faire partie du Ku Klux Klan. Grâce à son père et à ses deux oncles bien implantés dans l’organisation, c’est rapidement chose faite. Au fil des ans, malgré sa haine viscérale des noirs, il se rend compte que les plus mauvais coups reçus proviennent de son propre camp ; il est alors trop tard pour réagir


Avis : Il en va du monde, comme l’homme le fait…est parfois on se rend compte que le monde que l’on croyait juste mauvais est pourri jusqu’à la moelle !

Déjà Chauzy et Matz nous avait donné à réfléchir avec leurs histoires dans « peine perdue ». Mais ici Sylvain Ricard prend le parti de construire une histoire
entière sur cette construction du « rêve américain » sur le dos des noirs ! Alors bien évidement il ne s’agit « que » d’un contexte, que d’un aparat qui sert au scénariste à stigmatiser ce dont est capable la pire des ordures. Mais il s’agit tout de même d’un destin en marche, d’une prise de conscience à un moment crucial de notre histoire !
Le parti pris narratif du récit à la première personne accentue encore l’imprégnation dans une idéologie. Le lecteur ne s’identifie jamais aux convictions du héros mais plutôt à son parcours, à son cheminement. La lecture se révèle d’autant plus difficile qu’elle ne permet pas vraiment d’avoir d’échappatoire, nous sommes tenu d’attendre qu’un jeune blanc bec cesse de voir le monde selon son point de vue, et quand enfin il se décide à la faire…les choses empire !
C’est à ce moment que Sylvain Ricard se révèle un bon scénariste, son choix aurait pu le faire choisir la voie du pathos et du tragique, il n’en est rien…heureusement cela aurait été obscène. Il ne fait pas non plus dans la rédemption du héros…et pourtant…pourtant…un monde en dérive, un héros endoctriné…une vision nouvelle quoi de mieux pour permettre une fin heureuse ?
Et bien cela reviendrait à nier l’évidente cruauté du monde, à nier que le mal se rend parfaitement compte de ce qu’il fait. Ainsi il n’est pas de changement possible.

Encore une fois le dessin de Gaultier se révèle parfaitement adapter à cette histoire (à croire qu’ils travaillent ensemble en fait). Au premier abord, le graphisme intrigue. Comment va-t-il pouvoir rendre cette chape de plomb que recouvrent les mots ? Et puis l’on comprend que le dessinateur ne penche pas pour une démonstration ou pour la grandiloquence des images. Au contraire, il se dégage une certaine prestance de son trait. Il joue sur la finesse, sur la rigidité d’un monde qui quoi que l’on fasse ne changera pas. C’est ainsi très prenant de voir au début un univers subjectif qui englobe le monde dans sa foi et quand cette foi tombe en lambeaux de voir qu’en fait le monde est vraiment pourri nauséabond. Un choix graphique passionnant qui c’est aussi laissé la part belle aux émotions…à faire frémir !

En bref un album de qualité à lire d’urgence !

Bonne lecture
Monfreid...

[goffer]

Dès la couverture, on reconnait le style inimitable de Gaultier. Ayant lu et apprecié le cirque alétoire, à la lecture, je me suis attaché. La lecture est très lisible du entre autre au format utilisé, plus grand que ceux employé chez Soleil. (pas facile a ranger dans une bibliotheque). La trame est dramatique et nous captive pour nous faire découvrir avac le temps l'évolution des personnages, sans chercher à juger ou a établir une quelconque morale. On est ainsi temoin de la folie des hommes. Le sujet, forcément grave mais pourtant connu de tous, réussi à nous interpeler, grace à un dessin atypique et plus puissant qu'il n'y parait. A lire!