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Le petit bucheron


Monfreid...
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Le petit Bucheron
Par Tarek et Guilloteau
aux éditions Soleil



Résumé
: Cette chronique relate une série d'événements mystérieux qui a bouleversé un petit royaume du sud de la France, au XIIème siècle. Une communauté villageoise vit d'heureux jours sous l'autorité d'un petit Roi débonnaire. Mais malgré les apparences, la famille royale est divisée. Le Prince, frère du Roi, souhaite sa mort pour pouvoir lui succéder. Quant au Roi, il semble rencontrer quelques difficultés à marier sa fille...d'une laideur repoussante. Loin de là, dans la forêt d'en haut, un petit bûcheron vit paisiblement jusqu'au jour où il est accusé à tort d'un attentat à l'encontre du Prince. Mais un géant, venu à l'improviste planter un immense arbre au milieu d'un champ, pourrait bien bouleverser le cours des événements.


Avis : La douce mélopée des « il était une fois » s’incarne parfaitement dans ce one shot de qualité.
Le folklore (surtout russe en fait même si méconnu) regorge d’histoires mettant en scène ce type de héros qui en jour se retrouve banni voir apatride. La force de Tarek ne réside donc pas dans une originalité à toute épreuve ou dans le flou artistique, bien au contraire. Il aime raconter des histoires comme il à aimer en écouter, avec le plus de franchise possible ! La découverte d’un monde, d’un imaginaire ne se fait pas par le biais de trame nouvelle mais par une traversée nouvelle de celles-ci. Tarek donne à relire ces rites anciens, mais modernisation ne veut pas dire éraflure ou non respect loin s’en faut. Tarek fait donc dans l’enracinement (c’est le cas de le dire) dans notre subconscient, il nous montre qu’étant bourré de comptines ce dernier nous promet encore de beaux feux d’artifices !
Les péripéties de ce jeune bûcheron qu’un talent hors du commun sortira des pires mésaventures, se lisent avec grand plaisir. Ce qui est marquant c’est que pour sa peine il sera reconnu par d’autres que ses paires. L’attachement à ce personnage s’effectue par le biais de sa condition. Il fait partie d’une communauté mal appréciée qui plus est il est chétif et timide ce qui le place idéalement comme victime désigné.
Dans de nombreux autres récits cette innocence est le moteur à un développement picaresque, Tarek préfère laisser le héros loin des complots ourdis contre le royaume. Si le lecteur lui est au courant de ces manœuvres, la tentation n’est jamais au rendez-vous ! La complexité est donc rendu par les actions et non par les intentions. Souvent une noblesse de cœur vient faire office de rédemption, pardon ou prise de conscience, Tarek préfère les faits directs. Le bûcheron est le successeur direct d’Arthur tirant l’épée du rocher.
Encore une fois le récit est admirablement servi par des dialogues ciselés…un régal pour des enfants qui enfin ne sont relégués au rang de bêta. Il en va de même pour les jolies paraboles sociales qui les attendent à la relecture !

Si la pertinence des propos et au rendez-vous, encore fallait-il des bases graphiques solides pour rendre cet univers connus et novateur. Guilloteau s’acquitte parfaitement de sa tâche. Il oppose aux dialogues modernes un trait primaire pour le moins efficace. Non pas que ce trait soit grossier, grotesque ou mal employé au contraire il est doux. Diffusant ce qu’il faut de chaleur et de compassion pour cette destiné. La clarté est le maître mot de cet univers. D’emblé la forêt est accueillante, les personnages attachants. Et puis le rythme est peu soutenu tout ici est paisible et lent. Ce n’est jamais lent mais plutôt tranquille et apaisant. Guilloteau rend toute la dimension tragique et universelle de cette histoire avec densité et beauté ; laissant à notre âme le loisir de s’y recroqueviller doucement, sans crainte.
Un album comme on aimerait en découvrir plus souvent…un ton unique et pourtant tellement connu, celui de certaines madeleines peut-être ?

bonne lecture,
Monfreid...
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