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Les Cités obscures


Monfreid...
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Les albums des cités obscures

Les liens sur les couvertures renvoient à la chronique de l'album correspondant







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Que sont les cités obscures ? S'agit-il de cités existant sur un continent parallèle au nôtre et dont l'accès est extrêmement difficile et bien gardé, ou s'agit-il tout simplement d'une création sortie de l'imagination de deux auteurs de génies: François Schuiten et Benoît Peeters ? Les cités obscures existent-elles vraiment ou sont-elles imaginaires ?

Depuis Les Murailles de Samaris, qui marquait le début de leur cycle des Cités Obscures, les auteurs bâtissent une Europe imaginaire où s'épanouit leur goût pour les utopies architecturales des années 1900.

Les cités obscures
Cités oscures.free;fr
Urbicande
Obskur en anglais
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La frontière invisble Tome 1 et 2
De Schuiten et Peeters
Aux éditions Casterman


A noter que le tome 2 est aussi proposé avec une carte IGN des cités obscures !

Résumé : C'est avant même d'avoir terminé ses études que Roland, un brillant jeune homme se voit attribuer un poste au Centre de Cartographie de Sodrovno-Voldachie. Il gravit très rapidement les échelons. Roland, qui comme ses confrères vit pratiquement reclus dans le Centre, fait la connaissance d'une mystérieuse jeune femme, dont le corps semble couvert de lignes étranges que notre héros apercevra à peine. Bientôt, le Centre reçoit la visite du Maréchal Rasidic, le dirigeant suprême du pays, dont la politique expansionniste ne fait pas de doute: tous les moyens seront bons pour reconstituer la "Grande Sodrovnie".

Avis : Comme toutes les histoires de ce cycle, « La frontière invisible » peut se lire indépendamment des autres ; mais n’en trouvera que plus de saveur qu’à leur contact.

L’aventure que va vivre Roland et celui d’un égarement, d’une perte de repère…un comble pour un cartographe.

Le scénario met en place plusieurs thèmes récurrent qui vont s’entremêler. Il y a déjà la paternité et l’initiation. Le lecteur s’identifie très vite au héros qui est un jeune homme perdu entrain de rechercher de son nouveau lieu de travail. Ce sentiment d’errance est fondateur car connu par tous un jour ou l’autre. En même temps que le centre Cartographique du pays on apprend que Roland est considéré comme l’héritier d’une lignée de grand cartographe, sur ses frêles épaules il y a un avant goût de responsabilité.
Des teintes ocres (chaud mais hésitant laissant peu de place à la stabilité des sentiments…le tout renforcé par le désert fait de sable et d’inconnu) et une gestion des espaces élargie ; font perdre au lecteur et au héros les repères nécessaire à un nouvel arrivant. La visite du site donnera lieu à une scène atypique concernant la fabrication d’une carte. Les auteurs placent ici leur second thème à savoir la construction et la reproduction/conservation des frontières par les hommes.

La frontière est un démarcation…qui d’ordinaire ne s’incarne pas autrement que par des biais naturels (forêt, rivière, mer…). Les tracés arbitraires, politique, l’économie ou les guerres qu’imposent des hommes à d’autres hommes, sont ici plus que dessinés : véritablement placé sur un échiquier géant. Cette découverte brutal du cynisme scientifique qui s’enferme dans ses œuvres sans conscience de ce qui se joue au dehors, crée un climat oppressant qui tranche avec les grands espaces de vie et la grandiloquence des moyens. L’hors norme de ces moyens est –elle que nul ne sait vraiment qui est qui ou qui fait quoi. Pourtant même accrochés à leur tâche comme à une bouée les hommes trouvent le temps d’instaurer des querelles de clochers. Les réactionnaire s’opposant farouchement à un modernisme galopant. Il est impossible de ne pas voir par cette découverte de la vie par un jeune homme exalté…la découverte par les pays occidentaux les plus riches des problèmes graves existant en Europe de l’est lors de l’ouverture à l’Europe. Parce qu’ils se trouvent sur le même continent et qu’il s’agit souvent de problèmes liés aux frontières…on ne peut que rapprocher ces deux visions. Le regard posé sur les solutions qui se proposent résonnent d’autant plus justement qu’elles reflètent une bien triste réalité. Le « terrain » est une aire de jeux, de manipulations, d’apprentissage, de convoitise…jamais d’entente !

Au cœur des mutations que subit le centre Roland ce fait un « ami » comme on attrape une tique. Cet initiateur de fortune sera lui ouvrir le chemin jusqu’à la maison des plaisirs, luxe farouchement conservé…luxe discret prenant ses lettres de noblesse dans la cachotterie. Aux exubérances précédentes , Schuiten va préférer ici un traitement tout en douceur en harmonie, en chaleur. Les angles et voûtes en masses se font rondeur, souplesse en mouvement…au sein du dédale:la femme est née !
La découverte du corps transcende celle théorique des cartes. Les lecteurs du cycle remarqueront aussi un petit changement car si les villes sont souvent traitées comme des entités vivantes à différents stades de leurs évolutions, par le biais de l’architecture. On montre ici certes une architecture mais surtout une gestation de ces villes…la programmation de leur devenir en quelque sorte…un point de vue intéressant et nouveau sur les cités !
La femme c’est l’incarnation de l’interdiction. Les dialogues qui jusqu’alors rendait bien une atmosphère guindée et conservatrice.. .se font plus feutré la pesanteur de la chape de plomb se fissure pour laisser la fleur de la passion romantique s’épanouir. Roland est un introverti un timide.. .son parcourt est maladroit.. ;le déniaisement n’aura de véritable impact positif que physiquement, son émancipation restera boutonneuse.
Le dessinateur rend parfaitement ce non-changement des choses, puisque si la femme reste une pure icône (surtout en tant que catin, suprême paradoxe de la débauche au cœur de la citée !) il n’en va pas de même pour le héros qui ne change qu’intérieurement. Dans les cités obscures tout changement radicale intérieur à une influence sur l’extérieur (ville ou façon dont on nous perçoit) et vice-versa…ici rien ne se passe Roland change mais pas la structure du monde !

Le scénario manœuvre habilement on incluant alors des éléments de perturbation qui vont à la fois faire s’accélérer les choses mais aussi les rendre plus complexe, le dessinateur va abondé dans ce sens en focalisant un peu plus les cases sur le héros, l’action va se recentrer…pour ne dévoiler l’essence des choses que plus tardivement.

La femme que l’on découvre, la carte de nos désirs…va se révéler être une porteuse d’une marque, le tatouage compromettante, dans le même temps le modernisme va prendre le dessus. Le politique puis le militaire vont faire monter la tension d’un cran. Les enjeux internationaux ne sont en fait que des décisions de pantins aux ordres d’un pouvoir envahissant…et le salut doit venir d’une pasionaria incarné. Pourtant le statut de sauveur qui incombe soudainement à Roland n’est que de son fait…le recourt au passé ayant échoué la fuite en avant qui va s’en suivre va mener à une conclusion bien étonnante…

Toujours est-il que cet album choisit habilement sa métaphore pour lier le destin d’une nation et la vision d’un homme. Le scénario rend parfaitement compte du fait que désormais les situations géopolitiques ne se délibèrent plus sur le lieux même des hostilités. Il en va de même pour un esprit scientifique étriqué dans les devoirs qu’elle s’incombe loin d’un monde sur lequel elle glose sans rien ni connaître. Tout cela (et plus encore) et rendu magnifiquement par le recourt à un cheminement picaresque. Quoique fort usité le procédé littéraire se ressource ici grâce à une métaphore d’une grande portée.
La vision lointaine qu’impose ce diptyque sur le cycle en lui-même est remarquable de lucidité. Les deux compères ne font pas que gérer une idée rentable il savent aussi la remettre en cause brillamment pour le plus grand plaisir des lecteurs, à travers des thématiques remarquables. Quoi de plus premier et irremplaçable qu’une carte pour commencer à voyager ?

Les dessins sont remarquables car si leur trait rendent une précision folle aux décor et aux expressions, la couleur les faits sortir d’un méplat potentiel. Nous sommes loin de l’esthétisme pur que l’on reproche souvent à Schuiten, il sait au contraire parfaitement immergé le lecteur dans un univers se jouant perpétuellement sur des décalages.

En bref deux albums formidables, qui viennent agrandir un cycle de qualité.
A lire…

Bonne lecture
Monfreid…
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je sais pas vous, mais moi à chaque fois je suis abasourdi par les chronique de Monfreid. mais comment fait-il pour pondre des trucs pertinant comme ça ? en fait j'ai trouvé, monfreid est un super héros méconnu sorti d'une planche de Larcenet: c'eeessssst SuperChroniqueur!
Son superpouvoir: il lit une bd, hop il pont 4 pages de chroniques. :wink:

bref, je n'ai pas lu ces albums mais rien que pour comprendre ce que tu as écrit je vais le faire (et aussi un peu pour Schuiten et Peeters quand même)
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L'affaire Desombres
de Schuiten et Peeters
aux éditions Casterman


Ce livre à peine réédité déjà épuisé contient un livret et un dvd

Résumé : Qui est Augustin Desombres ? Peintre pompier ou génie méconnu de la fin du XIX°siècle ? Répondre à ces question est délicat, d'autant plus que presque toute son oeuvre semble avoir disparue. L'enquête que mène une jeune femme permet pourtant de retrouver de très étranges documents, dont une série de partitions d'une étonnante modernité. Mêlant avec brio des techniques très diverses, ce film propose une plongée poétique dans l'univers de François Schuiten et Benoît Peeters, en collaboration avec le compositeur Bruno Letort. Sur le DVD de 90 mn se trouvent le moyen métrage "L'Affaire Desombres" ainsi qu'une série de clips sur les Cités Obscures: Urbicande, Brusel, Alaxis, Mary et une séquence inédite montrant François Schuiten au travail dans son atelier.

Avis livre
Il ne s’agit pas véritablement d’une bande dessinée au sens stricte du terme, plutôt d’une tentative de retour au source de ce média. On nous présente la vie d’Augustin Deshombres, un peintre et un découvreur à la charnière du 19 et 20ème siècle. Si les building et les rues bondées manquent à l’appel, c’est parce qu’il s’agit plus d’un cheminement que d’une conquête. L’une des forces de ce cycle de bd est de proposer une image déformée de notre propre monde, pareillement au miroir d’Alice qui permet de passer d’un univers à l’autre. Les albums nous offrent cette opportunité. Comme la vie d’un artiste n’est pas d’un bloc, les délires s’insinuent peu à peu dans chaque recoin de son monde.
Pour exprimer cette persistance de la folie, les auteurs choisissent de présenter des travaux de diverses natures ayant trait à l’artiste. Des photos, des dessins, des tableaux, des esquisses,…tous sont unifiés par les extraits d’un journal intime. Autant de traces qui permettent d’authentifier la quête de ce peintre maudit. C’est aussi un nouveau moyen de lier le texte à l’image afin de montrer la gestation d’une bd. Cette transition difficile est l’essence de ces quelques pages. On réapprend la lecture de cette relation singulière qu’est celle d’un album à travers la vie d’un homme en pleine mutation. Cette imbrication du style et du contenu donne une consistance unique à cette œuvre. Le souci d’impliquer le lecteur dans le voyage fait qu’on ne tombe jamais dans l’auteurisme ou le mysticisme.
C’est un ouvrage qui offre une vision inédite des cités obscures et une perception inédite de la portée d’une œuvre par l’artiste qui l’a composée.

Avis Dvd
Si ce livre fut longtemps indisponible chez nos libraires, il est aujourd’hui réédité avec un dvd en accompagnement. A l’heure des bonus et autres menus interactifs à gogo, j’avoue avoir eu quelques doutes quant au bien fondé de l’entreprise, ils furent vite dissipés.
Examinons le contenu plus en détail.

- une pièce musicale offre un hors-d’œuvre de premier choix. Elle apporte une dimension nouvelle à l’univers des cités. Bien que seulement esquissé, cet ajout de qualité nous permet de nous laisser glisser au cœur de la vie de Desombres. Le lecteur qui a l’habitude de « créer » la bd autant qu’il la lit, connaît des impressions nouvelles. Une idée à creuser.
- Bien que plus anecdotiques, les quatre séquences animées musicales offrent tout de même une utilisation nouvelle de certaines planches somme toute assez agréable.
- La pièce de résistance de ce dvd est sans conteste le documentaire de 50 min sur « L’affaire Desombres ». il s’agit d’un reportage faisant le point sur toutes les pièces à conviction à notre disposition. Conçue pour être à la frontière entre une chronique réaliste et un court métrage, cette approche plonge le spectateur dans un questionnement perpétuel. Les deux « compères » nous initient prudemment au difficile passage entre les mondes en ne faisant qu’effleurer cette mise en abîme. La réalisation elle-même est très sobre et classieuse. Le noir et blanc utilisé est comme un peu patiné par l’usure ce qui donne de forts contrastes mais le grain de l’image est net ce qui rend l’ensemble très lisible. Le montage efficace scinde bien la narration entre les moments reconstitués et ceux contemporains. Ce film aborde le parcours de l’artiste par le biais du mouvement et c’est paradoxalement ça qui nous fait comprendre que c’est l’immobilité des bds qui nous empêche d’y pénétrer.
- Reste à regarder le dessert de ce dvd, à savoir le documentaire inédit « Naissance d’une planche ». Bien qu’étant le programme le plus intéressant, il y a peu à en dire tant les images parlent d’elles-mêmes. On remarque juste que la franchise qui s’en dégage finit d’éloigner cet ouvrage du mercantilisme ambiant.

Une réédition qui a valu toutes nos impatiences.

Bonne lecture,
Monfreid...
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J'ai lu uniquement "l'enfat penché" et "Brüsel", mais j'ai beaucoup aimé toutes les deux.

Les personnages, l'histoire, l'architecture magnifique, c'est atmosphère "d'ingravité pessante"..., en bref tout.

Un des deux frères Schuiten est aussi architecte, et ça se perçoit dans les décors si magistralment soignés. Et dans "Brüsel" l'architecture devient le thème principale dans l'histoire, que se prèsente comme une critique à la nèfaste politique de planification de la ville de Bruxelles.

Ca vaut le détour!

Salut :|
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Le guide des cités
de Schuiten et Peeters
aux éditions Casterman

Résumé
: Après 15 ans de recherches minutieuses, François Schuiten et Benoît Peeters livrent le premier guide consacré à cet univers trop longtemps considéré comme mythique. Un outil indispensable pour les sceptiques comme pour les passionnés.

Avis: Il s’agit véritablement d’un guide pour touriste en voyage dans les cités obscures ! C’est dire à quel point l’investissement des auteurs dans leur univers est profonde.

Cet ouvrage est présenté en différent thème des plus classiques pour ce genre d’ouvrages : faune, flore, les grands noms, les habitudes, les grandes cités…autant d’entrée qui rendent la lecture facile et agréable.
Effectivement il est déconcertant de voir que l’on peut commencer la lecture d’une BD par n’importe quel bout. L’ordre logique ne nous apportera rien de plus qu’un autre. C’est un bon moyen d’impliquer véritablement le lecteur dans la géographie des cités obscures. Tout les amateurs de ce monde parallèles sont intrigué par la vie qui s’y est développée, par les mœurs en applications, de ce fait on choisira de connaître tel ou tel renseignement en fonction de nos préférences. Ce système normalisé pour un guide touristique est à ce jour inédit en bande dessinée.

Ce procédé va permettre de pousser encore un peu plus l’aspect quotidien et durable de cet espace de vie. Si chacun des albums du cycle entraîne le lecteur dans les faits et gestes assez détaillés de plusieurs personnages voir d’une cité entière, le réalisme se heurte toujours à une certaine densité qu’inflige le manque de pages d’une Bande dessinée. Il est tout simplement impossible de tout montrer ou de tout dire. Si la suggestion est une arme redoutable que Schuiten et Peeters manient avec dextérité, il n’en reste pas moins que leurs lecteurs souffrent d’un manque d’informations et que l’harmonie même de ce monde est constamment menacée par un anachronisme soudain. Comment connaître l’impact réel des découvertes et des innovations d’Eugène Robick ? Quand l’épisode de la Tour se déroule t’il ? L’affaire Desombres à t’elle eu une répercutions dans les cités ?
Autant de questions qui peuvent enfin trouver des réponses dans ce recueil.

Le vérisme inhérent à la création d’un monde permanent se trouve alors renforcé pour le plus grand bonheur des lecteurs. On peut glaner les informations qui nous semblent les plus à même de nous satisfaire, mais aussi obtenir des avis quand au choix à faire pour nos prochaines lectures. Le novice ne sera pas complètement perdu puisque la lecture ne nécessite aucun savoir présupposé, au contraire comme la densité de tout les albums peut faire peur et rebuté au premier abord, on pourra ici se faire une opinion assez fiable sur tel ou tel album.

Les connexions « souterraines » paraissent ici au grand jour, ce qui fait que l’on quitte le simple cadre narratif. Cet ovni de la bande dessinée démonte méthodiquement l’un de ses supports les plus élémentaire à savoir le recourt à un récit actanciel. Il est vital dans un média (quel qu’il soit) de compiler des faits afin qu’il forme une histoire, d’adopter un point de vue sur les choses. Ce guide agit à l’inverse en replaçant les faits dans un véritable contexte historique et sociologique.
De plus il opère quasi systématiquement une comparaison avec notre propre monde. Ces rapprochements se font notamment part le biais d’exposition d’œuvres de Schuiten et Peeters dans nos villes (station de métro, scénaographie…), ils officialisent l’écho entre les deux mondes. Du coup on quitte la particularité propre à chaque album pour retourner à une certaine objectivité. Ce souci de justesse et d’impartialité matinée de comparaison et de mise en recul constante, rend le tout comparable à un recueil d’ethnologie.

La pertinence et la mise en danger (parce qu’il faut l’oser le réaliser et l’assumer l’ouvrage en question) de ce guide porte sur la cohésion de l’univers du cycle ; mais aussi (et de façon plus perverse en somme) sur le lecteur. C’est directement notre mode de lecture qui est visée ; notre manière de percevoir le monde, nos besoins et nos désirs sont ici catalogués et mis en évidence.

Les documents graphique présentés sont la plupart du temps des dessins ou des esquisses, voir des photos, réalisés par Schuiten. Le style inimitable de ce maître n’est plus à présenter. On peut simplement dire qu’il allie un sens profond du réalisme en ce qui concerne l’architecture et les ornements teinté d’un certain romantisme .La présence d’ébauche ou de dessin plus « intimes » offre une vision plus globale de travail du dessinateur. S’il est évident de percevoir la volonté minutieuse de Peeters au travers de ses textes fort détaillés, les dessins ne sont pas en reste dans cet abord des cités. On se sens plus proche que jamais du quotidien de ces personnages fictifs, comme si les auteurs avaient pris le temps de « délaisser » leur course effrénée di sensationnelle pour s’octroyer un période propice à l’observation au microscope de leur microcosme.

A l’instar de quelques grands artistes Schuiten et Peeters, partent ailleurs pour une fois arrivé pouvoir observer de long notre monde et en avoir une vision plus juste moins empathique.
Ce guide est la marque de cette volonté…car il donne envie de voyager…ce qui est un gage de qualité.

A noter que certaines références bibliographique (et autres) sont réelles !
Et si quelqu’un sait quand repasse la série des « quarx » à la tv qu’il me contact

Bien à vous et bonen lecture,
Monfreid...
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Les murailles de Samaris
de Schuiten et Peeters
aux éditions Casterman

Résume
:Franz Baueur, jeune officier de Xhystos, est envoyé en mission dans la lointaine cité de Samaris. Des rumeurs insistantes font état de disparitions, et les amis de Franz tentent vainement de le dissuader d'entreprendre ce périlleux voyage.
Franz finit pourtant par atteindre Samaris. Errant dans cette ville presque déserte, aux architectures enveloppantes et trompeuses, se laissant envoûter et séduire par une mystérieuse jeune femme, Franz parviendra-t-il à échapper à cette cité tentaculaire ?



Avis : Ce premier album du cycle des cités obscures permet de pénétrer de plein pied dans leur dimension particulière.

Le jeune officier en quête de gloire et de reconnaissance qui est le héros de ce récit, ne laisse pas planer le doute bien longtemps il s’agit bien d’un histoire picaresque. Schuiten et Peeters ont préférés, pour leur première aventure en commun, choisir un thème « classique » qui a fait ses preuves tout en laissant aux artistes un canevas assez libre. Encore faut-il avoir quelque chose à faire de cette liberté. Pour déroger à la coutume on remarquera d’abord le découpage des planches.

S’il y a une évidence qui s’impose dès l’ouverture de cet opus c’est celle d’une influence direct du cinéma. Les premières cases sont un magnifiques travelling avant (pas un zoom !) qui donne à voir la ville de Xhistos. Cette introduction muette se charge de nous mettre dans l’ambiance, la ville et son architecture sont au centre de l’aventure, l’homme pourtant créateur de telles merveilles ne fera sont apparition que plus tard. Tout au long de l’album le poids du cinématographe se fera sentir, par exemple les plans des murs de Samaris avec leur ton jaune agressif renvoyant à la splendeur et à l’arrogance d’un monde qui paradoxalement en remplie pas les rues de la ville, et bien cette atmosphère angoissante n’est pas sans rappeler les films de Bunuel (« el » par exemple). La ville en expansion et en voie de modernisation qu’est Xhistos est cadrée sobrement sans emphase, ses couleurs pâles accentuent encore une quiétude qui tranche avec la population qui jalonne ses rues. Au contraire Le silence et le sentiment d’abandon qui règnent dans les rues de Samaris, devraient se positionner sur une construction de scènes moins tape à l’œil. La constance de cette ambiguïté renforce les deux atmosphères.

Le choix des teintes et d’importances vert-bleu pastellés pour l’une et jaune désertique pour l’autre, des antinomies, un jeux de questions-réponses symbolique qui n’aboutira qu’à la perte des illusions d’un homme.
Le parcours de Franz est typique des jeunes loups qui refusent de se faire les dents sur de trop tendres proies et préfère succomber à leur envie d’aventure. En ce sens la « raison » incarnée par ses mais, n’est pas très dure à repousser, le goût du risque la balaie d’un rêveur de main agacé. Son besoin de mouvement est sec et brutal en dysharmonie avec le cadre de la cité (rapport avec la citée des sages et celle des idées de Platon ???), son voyage lui fera découvrir ce qu’est la lenteur et l’angoisse par la même occasion. Il y a une certaine éloge de la fadeur dans se voyage d’ailleurs, comme si le pas ne pouvez se franchir qu’en terme d’apprentissage de la patience puis de la routine. Du néant de Samaris va surgir la remise en question, le doute sur soi. Loin de se cantonner à un cartésianisme de bon aloi, les deux auteurs n’hésitent pas à lorgner du côté de la sf d’anticipation en ajoutant une touche de mysticisme à cet instant du récit. Car l’un des éléments les plus importants c’est la parole, on comprend qu’un homme seul dans une ville désertique ressente le besoin de parler et que cette parole ne touche plus le quotidien mais quelque chose de moins palpable, de plus dangereux aussi.

S’enchevêtrent alors différents paramètres qui intensifie la lecture, déjà la présence d’une mystérieuse femme aux courbes séduisantes, incarnation singulière de la ville symbole même de la stabilité. Cette même ville allie structurellement la rondeur et le carré, les murs minéraux bougent comme autant de végétaux. Il y a plus qu’une perte des repères, il y a perte de l’orientation donc de la morale, du bien fondé de la mission, de l’aventure elle-même. Le pèlerin Franz n’a des lors plus raison d’être…et ce qui fut un beau voyage se termine par un retour désenchanté. On peut aussi remarquer le parallèle entre la ville/monstre qui engendre un être déshumanisé et la présence d’une femme qui porte en elle les germes de cette destruction ! (« La Jérusalem d’en haut est libre ; c’est elle qui est notre mère : Réjouis-toi stérile, toi qui n’en portais point, éclate en cris de joie »…et aussi Rome/Babylone comme une prostituée).

Le cycle des cités s’ouvre donc avec la terrifiante Samaris gouffre du miroir aux alouettes. Un récit d’initiation qui n’amène nulle part si ce n’est sur la voie de la folie. A force de se perdre dans le désert le voyageur se transforme en prêcheur halluciné.
Histoire sur la désillusion, mais aussi sur le changement et la manipulation ce premier tome offre une multitude de points de vues possibles.

Le dessin impeccable de Schuiten est ici marqué par un sens de la dramaturgie grandiloquent, on sent en lui le scénographe. Il y a une réduction (volontaire) des intimités et des personnalités sous le poids des villes qui les accueillent en leur sein (nourricier). La dichotomie entre les deux cités est rendue par une palette foisonnante et impressionnante de nuances. L’aspect mécanique de son dessin (fortement influencé par les débuts des révolutions industrielles et les premières inventions dont nous avons une trace dessinée ou jules Vernes ) donne une crédibilité à l’envers des choses, au filin qui retient la folie au lieu de la raison. La psychologie et la profondeur des personnages et des émotions est rendue par le trait tout en finesse du dessinateur. On regrettera seulement son manque de « rondeur » sur ce premier volume (vite rattrapé par la suite ).

La cité douceâtre, urbanisée qui s’oppose à celle de la confusion et de la perdition…c’est surtout les faux semblant de la société qui s’oppose à la triste réalité de la solitude de l’humain. Pour preuve lors de son retour au pays, Franz n’est plus admis parmi les hommes socialement établis…il ne fait plus parti de la mémoire collective. Comment ne pas voir dans ce rapprochement une similitude avec l’homme quittant la caverne et ne pouvant plus y revenir sans opprobre de la part de ses congénères, une vue le soleil aperçue ? Une analogie inversée qui nous forcerait à nous rendre compte et de la faible profondeur de nos idées et de leur faiblesse.

Une magnifique parabole sublimée par une narration palpitante, qui offre une entrée de rêve dans l’univers si proche et si lointain des cités obscures. Un pur régal auquel on reprochera juste son manque de maturité. Peut-être est-ce pour vouloir trop bien faire, mais il n’empêche que cet album est trop dense. Le dessin est paradoxalement trop présent, il en devient pesant, ce qui accentue la tension inhérente au récit mais casse un peu le rythme de la lecture. Un « défaut » amoindrie par la densité et le rôle qu’acquiert cet album au fil des relectures avec les autres albums de la série.

Bonne lecture
Monfreid…
Ps : si ce récit vous à plu…lisez du Borges !
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  • 3 months later...



avant de continuer la folie de faire la chronique de tout les albums :roll:

voici sortie The book of schuiten
un bouquin sur les oeuvres et le travail de ce talentueux dessinateur. une jolie compilation de sa palette, avec quelques inédites dedans!
l'introduction de Peeters est de qualité mais il y a tout de même très très peu de texte et pas mal d'images sont "connues" des amateurs de l'artiste.
reste un bel ouvrage
j'aimerais pouvoir en dire plus et vous faire une présentation honorable, mais bon je n'avais malheureusement pas sur moi la modique somme de 35€ ! :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:
pour me payer l'ouvrage en question...pourtant il me semblait que schuiten était un auteur populaire :roll:

un petit bijou pour les amateurs fortunés donc :wink:
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  • 1 month later...
Autre bijou mais pour les collectionneurs très très fortunés cette fois-ci : l'intégrale de La frontière invisible (145 euros (version luxueuse est-il précisé)) :shock:

(vous pouvez bien sûr retrouver l'agenda de toutes les bd à paraître en cliquant sur le lien qui se trouve dans l'encart en haut à gauche de chaque page du forum)
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