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Swinging London


Monfreid...
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Swinging London tome 1 Dead End Street

Scénario Benet et De metter
Dessin De Metter
Editions : Soleil





Résumé : Août 1967 : Londres apprend avec stupeur la mort d'une de ses plus célèbres rock stars, Jasper Brown. Malgré les circonstances étranges qui entourent cette disparition, Scotland Yard conclut rapidement à un suicide. Pourtant, Indranah Ray, un énigmatique médium indien, et Cassandra Jones, une photo-reporter d'origine Jamaicaine, refusent cette thèse. En enquêtant dans le passé trouble de Jasper Brown, ils vont découvrir la face cachée du "Swinging London".


Avis : C'est marrant les aléas de la vie, c'est sur la chronique d'un album de de metter que j'ai commencé ma "carrière" surle site (mercià bdccol aussi). Et aujourd'hui pour plein de raisons qui font que nous sommes à l'aube de pas mal de changements, revoilà que de metter concrétise une envie dont il m'avait fait part il y a quelques mois de cela. C'est donc avec plaisir que j'ai accueilli la sortie du premier tome de swinging london…une série atypique qui promet de vous en faire voir.

Voila que l'on débarque en pleine séance de spiritisme, au beau milieu du Londres des années 60…bonjour les clichés! Faut dire à l'époque entre les disques soit disant satanistes des rockers ou le disque blanc de beatles qui passait à l'envers nous annonçait "paul mc Cartney is dead" , les drogues durent et douces en quasi vente libre, il y avait de quoi s'inquiéter pour notre santé mentale.
Le swingging london, c'est ce moment indéfini pendant lequel il y eu le "blues anglais" (fleetwood mac les enfants!), le début de la fin des illusions des hippies, quelques groupes en marge, l'explosion des Beatles et des rolling stones, l'émergence du courant contestataire (on sent les remous punk poindre sous les pavés londonien, bientôtla déferlante à base de doc martens va faire des ravage). C'est aussi le show business qui émerge la tête blanchie d'une poudre blanche qui fait des ravages à cette époque. Les modes se superposent tant elles défilent trop vite, même Bowie va finir par partir en amérique saoulé qu'il sera par ce climat où le brouillard a toujours quelque chose de louche à cacher.
Qu'on ne s'y trompe pas, les deux gaillard connaissant leur sujet, ils ont du grandir sur les cendres du punk(london calling et autre sex pistols), les joies désuètes des young marble giant ou bien encore la joie agressif de la new wave, le tout en révolte contre les paillettes de la disco. Le Londres que l'on nous donne à voir en filigrane c'est celui de tout les contrastes de toutes les démesures, c'est les soirées mythique où l'on croise Hendrix au trônant au milieu du salon, c'est la fin de la bonhomie régnante…forcément quand on à grandit avec pour tenante du rêve londonien une Thatcher en pleine possession de ces moyens le passéisme nous guette…forcément.

Cette intro est faîtes pour vous dépeindre à la fois ce que vous risquez de trouver dans l'album, à savoir quelques clins d'œil, parfois appuyés parfois discret, aux artistes de cette époque, pour vous faire sentir le foisonnement étouffant que toute personne doit affronter dans ce tumulte. Et aussi pour vous montrer l'état d'esprit des auteurs, qui bien que n'ayant pas "connu" l'époque lui vous un culte immodéré; forcément on "sait" ce qu'il va advenir que bientôt le jeu cynique des paillettes va engendrer le Glam mais que cela ne suffira pas à faire perdurer le feu sacré.
Il faut non pas connaître ce Londres là, mais s'en imprégner comme le font si habilement les auteurs, dans un mélange de reconnaissance mais aussi en toute lucidité. Ainsi les clins d'œil (Jagger en panne de lucidité) donne à la fois le ton "contextuel" de l'album, mais aussi la portée du récit. Il n'est pas question ici de s'appesantir dans le réflexe larmoyant du réactionnaire en mal de reconnaissance qui préfère glorifier des idoles perdus en gommant si possible leur débâcle et leur errances. Hendrix n'est pas une bête de scène c'est un noir, entouré de blanches de harpies en manque de gomina pour leur gloriole, c'est un être triste que l'on vient pomper de son énergie vitale et pourtant c'est aussi l'ébullition créative qui suppure de chacun de nos pores. L'album retrouve ce ton unique dans cette scène où le héros/mort s'énerve et injurie sont public pour sa méconnaissance du blues…comme cette scène et dure et réaliste! (Quel anglais blanc connaissait muddy waters au début des 60').

On l'aura compris tout ce joue ici à coup de riff puissant et un peu primale! Un blues lourd et lent envahit la salle, notre lecture s'appesantit se ralenti et fil des cases. Car en plus de cela se profile une histoire lié au milieu de la musique mais aussi des producteurs (et de leur liens avec la pègre), mais surtout lié à la sorcellerie…il convient ici de faire une petite parenthèse, parce que le choix de mettre la magie là dedans n'est pas non plus au hasard. Bien évidement les puritains fustigés la rébellion et les paroles contenu dans le rock, mais il faut aussi savoir qu'avant même l'arrivée du ska à Londres. Il y avait des relents de nouvelle Orléans, que le blues ne s'est pas pointé sans bagage, que les hippies et les drogues hallucinogènes ce n'était pas pour danser le plus longtemps possible mais pour faire des voyages intérieur, qu'il y avait déjà pas mal d'émigré indien dans la ville. Bref , le melting pot de chacune des villes voit un jour ou l'autre revenir le spectre de la magie (noire ou non), et ce fut le cas pour Londres en ces années 60 de légendes.

Attention, je ne dis pas qu'il est nécessaire d'avoir tous ces éléments en tête pour apprécier cette bd, cela permet juste d'en apprécier encore plus le travail et le plaisir mis par les auteurs dans ce petit bijou!

Parce que le scénar déploie très vite une ombre noire et inquiétante sur le monde, il nous entraîne dans sa spirale. On se retrouve très vitre pris entre l'énigmatique médium et la journaliste fouineuse,deux "archétype" du genre, mais dont les représentations donnent toute la mesure. Le scénario est parfaitement calibré "mise en place des persos et de l'enquête" donc de ce point de vue c'est plutôt alléchant, mais cela demande de lire la suite pour voir si les promesses sont tenues!

Reste des dialogues bien ciselé, des répliques qui font mouches, un rythme soutenu ce qui permet de ne pas tomber dans le piège de "je fais une bd d'atmosphère" avec rien de dedans ce qui est bien sympa et offre au lecteur pas mal de plaisir à suivre ces deux héros dans leur pérégrination.

Vient ensuite le dessin, alors pour ceux qui connaissent de metter, et bien sachez qu'il a changé de style, il a opté pour un trait nettement plus "dessiné", ce qui choque l'amateur; puis le ravi. Son trait existe donc réellement, alors que sa peinture le gommait (mais c'était son but), il se fait aujourd'hui plus remarquer. De fait on assiste à une véritable mise en couleur (usant de plusieurs techniques) assez primale, il s'en dégage une force et une intensité peu commune, ce qui change des couleurs "numérique". On peut dire que par sa souplesse et sa non-conformité le trait est la ligne mélodique du dessin, tandis que part sa rigueur mais surtout sa rugosité la mise en couleur en assure le rythme. Quand on parle de "musicalité" on parle souvent de rythme interne, il est rare que ce dernier soit aussi visible, ce qui est une bonne idée étant donné le sujet.
La composition diffère aussi de ses précédents albums, les choses y sont moins statiques, moins "névrosés", le dessinateur a appris à libérer son pinceau à découper ses planches de façon plus osé. Son travail très pictural auparavant tend de plus en plus vers le traitement d'un Sienkewic. Un graphisme novateur qui a su s'adapter à un récit plus "grand public" tout en essayant de faire plier le genre.

Un thème sous-jacent maîtrisé de bout en bout, un dessin novateur et intéressant, des dialogues efficaces, un scénario bien ficelé dont on a envie de lire la suite, des personnages charismatiques…autant d'élément qui font de cet album est objet atypique fort agréable, dont je en serais que conseiller la lecture.


du même auteur sur 1001bd Emma

Bonne lecture à vous,
Monfreid...
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  • 2 weeks later...
Une belle découverte et une excellente lecture. Une bien belle idée des auteurs aussi, que de placer ainsi une intrigue policière en plein milieu des années 70, c'est surprenant et parfaitement réussi. On suit ainsi l'intrigue tout en croisant tout naturellement au fil des pages Michael Caine, Hendrix, Burroughs ou Jagger, sans qu'à aucun moment cela ne tourne au "clin d'oeil" . Ajoutez à cela une enquête qui s'annonce riche et palpitante... En bref une bd qui se détache vraiment du lot en cette période de surproduction.

A découvrir !
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  • 4 months later...
je viens de remettre la main sur le topic!

alors je vous préviens de la sortie du tome 2


je vais essayer de vous chroniquer ça pour d'ici peu!

mais je vous conseille déjà cette série qui mérite énormement
par son dessin et son scénar qui vous changeront des vos habitutes

bien à vous,
Monfreid...
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