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L'âme du vin


Monfreid...
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L'âme du vin, l'aïl et l'huile
d'Efa
aux éditions Paquet




Résumé : Un jeune peintre étranger. Un village de la côte catalane. Deux filles et du vin. Engagé pour réaliser une fresque sur les murs d'un restaurant, Philippe décide de chercher l'inspiration auprès des habitants de la région, dans leurs habitudes, mais surtout dans ses filles et son vin. Ce village, qui semble être perdu dans le temps lui fera découvrir l'amour, le plaisir de la gastronomie, la passion de la vie, la musiqu, les gueules de bois. Il va se laisser porter par le rythme tranquille des villageois, par les longues conversations banales à la belle étoile, par les cheveux noirs de Laia, la fille du patron, et par le doux regard de Rosa, l'estivante. Et l'inspiration est là, les muses se cachent à chaque coin de rue, dans chaque sourire, et également dans chaque verre de rouge. Ah, la vie !



Avis : Je dirais bien aux amateurs d'eau de se tenir à l'écart de cette lecture, je renonce pourtant, je voulant pas les priver d'un aussi bon cru!

Le graphisme de cette histoire est d'emblée particulièrement attachant. Un trait fluide pour des personnages comme croqué au hasard d'une rue. Ça facilite l'approche, l'ambiance parait "bonne enfant" et un peu burlesque malgré l'orage qui gronde. Ce n'est qu'une fois passé cette mise en bouche que l'on remarquera que le dessin n'est pas si "fluide" qu'il n'y parait, que les personnages ne sont pas lisses et que ce qui commence comme une bluette, va finir par capter notre attention.

Il y a des albums comme ça, dont on commence la lecture quelques certitudes en poche et qui finissent par nous surprendre au coin d'une page. L'âme du vin et de ceux-ci. Sa mise en place est très (trop?) conventionnel le petit village on à l'impression de le connaître, d'en avoir arpenté quelques rues chez Larcenet ou Dumontheuil. Les couleurs, pastelles, et les hésitations du trait nous font nous attendre à quelques pointes de burlesque prêtent à nous fondre dessus. Sauf que voilà, il n'en sera rien, le patelin en question n'est pas des plus joueurs, les visages font se faire grave et l'histoire plus dramatique.

Ce qu'il y a d'intrigant dans cet album, c'est que son aspect dramatique nous atteint son qu'il y besoin d'un drame ou d'une tragédie horrible. Tout était déjà là bien avant nous, et seule la présence du peintre fait ressurgir les choses au grands jours. Ce procédé, aujourd'hui galvaudé dans les séries de l'été télévisuelles, fonctionne encore ici, car il s'appuie sur un réalisme saisissant.

Là où les auteurs proches du réel en montre l'amertume, par une grande lucidité, une noirceur et une dérision fort à propos; Efa choisit de tout faire passer par le bais de son histoire. Rien ne peut se développer en dehors de la trame narrative, il n'y a pas d'échappatoire possible. Forcément les travers paraissent au grand jour et nul n'en sort indemne. Même le peintre, figure positive par excellence de ce genre d'histoire, ne serait être épargné par le ton sans ménagement du scénario.

Cet aspect est renforcé par le choix de l'auteur, d'opérer dans un gaufrier strict et de toujours s'y tenir. Une planche c'est 6 cases, pas d'autres alternatives possibles. Cette technique met en place un sentiment de répétition de la lecture, on prend du recul sur les événements et petit à petit les personnages nous apparaissent tel qu'ils sont, à savoir : enclavés dans un destin qui ne leur appartient plus.

Il ne faut pourtant pas croire, que cet album cherche à rendre le lecteur neurasthénique ou qu'il traque la désolation de note monde. Bien au contraire. Car ce qui prévaut dans ce village c'est paradoxalement ça quiétude. Son rythme est paisible, son train de vie un bien précieux. On comprend donc que ce qui vient le troubler c'est bel et bien ce peintre. Les bonnes intentions de ce dernier ne permettront pas d'endiguer le cercle infernal des révélations.

Le tableau ne saurait être complet si au milieu de ces figures, ne trônait pas l'amour, éternel insatisfait, il semble se repaître du malheur qui génère. L'auteur joue beaucoup sur un rapport de causalité entaché d'intrigues amoureuses. Les passions qu'elles déclenchent semblant alors trouver échos dans les soucis politiques du village.

Cela donne un enchevêtrement de situations parfois un peu grossières, il faut l'avouer. La lecture n'en pâtie pas, mais le rythme interne laisse de temps à autre le lecteur dans la marge du récrit, sentiment étrange que celui-ci, qui ne perdure heureusement pas.

On l'aura compris, il y a de la chronique sociale, un brin de polar (l'étranger dans la ville) et du romantisme dans cet album nanti d'un graphisme épuré qui sait parfois s'alourdir pour retrouver l'aspect des anciens albums d'Efa. En résulte une lecture toute en nuance, qui ne s'apprivoise pas facilement, une fois dompter son originalité on se régalera de son talent et de sa fraîcheur. Nul ombre vaniteuse ne venant assombrir l'histoire, tout s'opère en délicatesse.

Bien évidement, reste que le tout résonne un peu comme une anecdote et qu'il nous fait faire un effort pour se laisser séduire par sa prosodie particulière. Le thème du "nouveau" dans la ville qui s'y découvre tout en accompagnant le lecteur, bien que traité habilement, n'est pas novateur. On regrette un certain manque d'audace. Mais ce ne sont là que des reproches que l'on peut faire après coup, pour mieux alimenter la conversation que cet album à eu le mérite d'engager pour nous.

Il ne est de ce album comme du vin, sous des dehors austères et âpres, il se révèle d'abord léger voire guilleret, avant de nous révéler une part plus sombre et inconnue de nous. Finalement, il agit comme un produit de la terre et des hommes, une alliance naturelle qui se donne en cycle saisonnier. A la pluie d'automne, à la mort(sure) de l'hiver, viendra succéder la renaissance de la vie, le lien à la famille.

Un album qui sera vous charmer par sa poésie brute, un peu âpre en bouche, mais qui tout les grands crus saura se faire désirer de votre palais. Amateurs de cépages plus jeunes et plus acides, passez votre chemin. Ce n'est pas une mise en bouteille de la veille, mais bien un met à discuter en toute connaissance de cause, dont on se délecte.


A lire sans modérations
Monfreid...
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j'avoue avoir été intrigué par la couverture et surtout ce titre! finalement je fus enchanté et suis resté un peu sur ma faim. enchanté par un dessin qui dédramatise un temps soit peu l'histoire. j'ai apprécié les regards, les expressions légères mais justes (la demoiselle un peu pompette), la mise en planche conventionnelle comme le souligne Monfreid qui donne un rythme particulier... Malgré cela l'histoire simple et agréable manque un peu de surprise et finalement un soupson d'originalité. Ce one-shot mérite toutefois d'etre lu
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  • 4 weeks later...
Un peu décu, j'en attendais un peu plus de cette Bd. J'ai surtout que l'auteur nes'attardait aps assez sur l'ambiance du village, l'intrigue me semblant de trop dans ce one-shot. Un Bd a lire, elle est plaisante pour sur, mais l'achat ne me semble aps nécessaire... Dommage car le titre et la couverture m'allaichait...
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tiens c'est marrant ça, je trouvais justement que le fait ne causer "en biais" du village, de ne pas chercher à y entrer de front donnait une approche un peu "différente" .

je sais pas je trouve que ça évite de belle manière la "chronique sociale"...

mais ça doit être une question de sensibilité :wink:

par contre j'aimerais savoir quel est ton avis sur le dessin?

bien à toi,
Monfreid...
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CITATION(Monfreid...)
tiens c'est marrant ça, je trouvais justement que le fait ne causer "en biais" du village, de ne pas chercher à y entrer de front donnait une approche un peu "différente".
je sais pas je trouve que ça évite de belle manière la "chronique sociale"...

mais ça doit être une question de sensibilité  :wink:


Oui mais par exemple la page où l'on apprend les différent liens familiaux m'a semblait un peu tombé du chapeau, et je n'y est pas vu de réel intéret... Mais bon je l'ai lu a virgin donc aps dans les meilleures condition, cela à peut etre joué wink.gif


CITATION
par contre j'aimerais savoir quel est ton avis sur le dessin?

bien à toi,
Monfreid...

Il m'avais attiré, même si j'avais l'impression qu'il allait etre un peu trop lisse. Finalement même si il l'est un peu parfois il exprime bien plus de chose que j'aurai pu le croire, mais ma veritable surprise viens de la decoupe ( je ne connais aps le terme technique pour parlais du "montage" en bd) qui m'a très agréable surpris surtout avec l'utilisation de dessin "vide de personnage" et parfois cadré "bizzarement" pour faire ressentir certaines chose. La dessus j'ai trouvé le travail sur le dessin très intéressant smile.gif J'ai du mal à explicité mon idée car je ne connais pas vraiment les termes de la bd, mais je veux dire par la que l'auteur a su tout autant faire parler ses décor ( en non dans le coté grandiose, mais par une bouteille au coin d'un table, deux pinceaux dans un verre, une fenetre le soir...) que le reste de sa Bd.
Voila, bien bonne soirée a toi wink.gif biggrin.gif
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