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Le jour du loup


Monfreid...
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Le jour du loup
de Fukuyam
aux éditions Casterman (collection Sakka)



si on aime le genre!

Résumé : Dure journée pour Taihei, chef d'orchestre plein d'avenir, Kanoko, la jeune soeur de sa petite amie Natsuko, est victime d'une forte poussée de poils, signe d'une maladie infantile touchant les femmes de sa famille. Et voilà que Natsuko se transforme en louve et s'enfuit dans les bois.
Avis : S'il ne faut jamais faire d'amalgames trop hâtifs entre deux art, si trop nombreuses sont les recours de faciliter au cinéma pour avoir un point de vue sur la bande dessinée; il n'empêche que certaines œuvres de part et d'autres lorgne sur le voisin.

Le jour du loup, fait partie de ces albums de bd, qui sans être "des films" à franchement parler, la nature même de leur expression réfute cette confusion, en utilise certains ressorts. Un parallèle entre les deux mondes, va nous éclairer sur la lecture et le sujet de cet album. Il faudra prendre garde toutefois à ne pas tomber dans le piège des évidences et à toujours mesurer nos propos.

Il est des films, souvent de série B, qui font s'intriguer le spectateur part des introductions brutales et efficace. Bien souvent cette vitrine n'est pas représentative de la suite des événements, mais immanquablement, on va continuer à regarder le métrage, attendant l'impossible résurgence de ce moment de grâce. Moment, sur lequel le réalisateur et son équipe on du passer du temps, ce qui les a obligé à sacrifier d'autres scènes.

Arrivé à la moitié de l'album, la même impression nous gagne et on se prend à rechercher l'émotion présente dans les premiers pages.

"Inquiétant" c'est bien le mot (utilisé dans le résumé officiel). Un homme, ombre menaçante, plus noire que la nuit, prélude au tragique…et puis…et puis...le lecteur se voir embarquer, surpris, dans une histoire mystérieuse et alléchante. On l'aura compris, l'auteur se joue avec délice de nos perspectives narratives. Ce qui est toujours intriguant et plaisant, un petit frisson nous parcours l'échine. On se recale dans le fauteuil près à attendre la suite.

Or donc, la suite ne viendra pas!

Soyons clair, si l'intro vous plaît, vous colle au siège et à la peau, que vous avez des attentes, vous risquez d'être déçu. Ce n'est pas un mauvais album, loin de là, et nous verrons pourquoi, mais la suite n'est pas au niveau!

En lieu et place d'un suspens grandissant, de tourments liée à la lycanthropie, de quête d'identité, de chassé croisé amoureux, on se retrouve avec une course poursuite. Les personnages que nous suivons, sont assez caricaturaux, pour ne pas dire banals. L'homme est déboussolé mais très pragmatique (et forcement ouvert d'esprit), la jeune fille n'à pas encore de réelle disposition pour prendre des décisions, elle enchaine les idioties, mais se révèle plein de bons sentiments (et de "pouvoir latent" qui doivent représenter sa maturité endormie ou un truc comme ça).

Rien de bien mirifique à chercher de ce côté. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient inexistants, ils sont même plutôt plaisants à voir évoluer. Lors numéros de duettistes est au point, et sans nous faire vibrer, ils nous divertissent de bonne façons. Il en va de même, pour les "seconds rôles" comme les policiers, ou les méchants, traités sans finesse mais avec un certain savoir faire. Seule la vieille femme qui s'occupe de deux filles m'a déçu, son rôle suppose beaucoup plus que son comportement hystérique, avec elle certaines scène tombent à plat, j'en attendais plus.

Nous les suivons donc, dans un petit périmètre, entre cadavres et rebondissements farfelus. Le canevas est limpide, ne nous surprend jamais, mais se laisse suivre sans déplaisir, notamment par un sens du rythme bien présent. L'auteur use de l'humour pour désamorcer les situations ou au contraire amener certains effets surprenants et efficaces. Le fait qu'il y est toujours quelque chose en mouvement permet de ne pas décrocher de l'action et de se laisser porter par elle. C'est prévisible mais pas ennuyeux pour autant. On regrette néanmoins que le récit n'aborde aucuns thèmes, ou alors de manière allusive, pour s'enfermer dans ce sprint sans fin. Du coup, le point de départ ressemble plus à un prétexte qu'autre chose.

Nombres de série B, repose sur des acteurs de ce type, bon mais pas transcendant au service d'un scénario du même acabit. Ce qui parfois peut faire la différence c'est le façon de filmer, ou le montage qui recèle du talent et un "méta discours" plus subtil qu'il n'y parait, focalisant notre attention sur d'autres points que ceux de l'intrigue principale, ou sur d'autres points de vu.

En bande dessinée, ce qui donne ces impressions possibles se situe surtout au niveau du découpage, ce dernier conditionnant une grande partie de notre attention première. Encore une fois on remarque une grande efficacité dans la manière d'aborder les scènes d'action. A ce titre, la "voiture qui s'envole" est digne de très bon film, de même l'apparition burlesque d'un fait nouveau, est bien géré. L'impact de ces choix est très présent tout au long de l'album, malheureusement leur effet n'est que temporaire, au service de l'effet, pas de la durée.

Le dessin, lui reste la valeur sûre de cette manga, classique il nous permet de rester en retrait, et donne de la consistance à tout ça. Son réalisme épuré, fait que l'on y accroche facilement, l'auteur accentue en plus les mouvements (enfin se focalise dessus!). Quelques tentatives "innovantes" sont au rendez vous, rien de particulièrement oportun, mais pas désagréable non plus. C'est l'élément clé qui pour moi porte le récit, permettant au lecteur de prendre un certain plaisir.

On l'aura compris, il s'agit d'une œuvre "distrayante", qui remplit parfaitement son office. On pourra la relire sans déplaisir en sachant que l'on passera un moment agréable. Malheureusement, elle pèche par la mise en place de trop grandes ambitions. Il me semble que traité un sujet plus "léger", moins "fantastique pour plaire", aurait permis à l'auteur de donner plus de piment (d'humour) à son scénario et d'apporter quelque chose de vraiment très bien! Là il se fourvoit un peu trop!

Reste le mystère des dialogues! Eux aussi très marqués par les "comédies d'actions", ils tombent souvent à plat, car contrairement aux films il ne peuvent suivre les mouvements des personnages, ils semblent figés l'action, la couper dans son élan, avant d'eux même tomber à plat. Des répétitions inutiles, des phrases inutiles…bref je ne sais si cela est due à la traduction ou à l'auteur, mais dans les deux cas, la copie est à revoir.

Un album que je conseille, pour passer un agréable moment, par un après midi grisâtre! qui permettra aussi d'aller fouiner par nous même quelques pistes égarées...

Bonne lecture
Monfreid…
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