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Torture blanche


Monfreid...
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Torture blanche
de Squarzoni
aux éditions : les requins marteaux




résumé: il s'agit du "compte rendu" du voyage de l'auteur en palestine en 2002. fait à partir de photo, il rend compte d'une situation dans le cadre de cette expérience fait dans le cadre d'attac.
Je précise, que pas mal d'avis juges ça génial, nécessaire, "une bouffée d'air pur" ainsi de suite, que d'autres trouvent ça chiant et pompeux...
j'ai essayé d'aller voir ailleurs.

avis : Nouvelle tentative, nouvel album, nouvelle prise de parole…rien d'étonnant l'engagement continue et de belle manière encore.

Squarzoni, n'est pas le seul dans son cas, dès bd engagées, contestataires il en existe d'autres. Le porté au pinacle, en faire le pionnier unique et solitaire dans sa lutte serait une grave erreur d'interprétation.
Reste que Squarzoni maîtrise parfaitement ce "style".

Tient parlons en du style. Dans une vue historique de l'art, il est intéressant de noter que ce genre de prise de position en bande dessinée, passe lentement mais sûrement d'un cadre confidentiel à un cadre plus élargie. Bref que le message passe en quelque sorte. Cette remarque n'a en elle-même, rien de pertinent, tout au plus il s'agit d'un constat devant l'évidence. Le monde va mal, des artistes en parle la bd étant encore l'une des dernières terres où la liberté traînes ses lambeaux d'incohérences, il est logique que les volontés se croisent.
Malheureusement, il est toujours la fonction médiatique de la pensée, qui fait qu'il n'est pas possible de faire part d'une sortie, d'un album, d'un auteur sans immédiatement devoir en faire un événement. L'événement au niveau de ce genre d'album se doit d'être rapide, fort, captivant pour le lecteur néophyte. Quoi de plus efficace alors que : le style ?
Comme certains font de l'humour, de la parodie ou du polar, Squarzoni (ou le photographe) fait de la bd engagé. Tout est dit, il ne reste plus qu'à changer les adjectifs dans les pointillés de l'article.

Ce manque flagrant de lecture, de réflexion renvoie à l'énorme flexibilité mentale qui est la notre lorsqu'il s'agit de rationaliser le propos de l'autre. L'intégration prend le pas sur la compréhension et encore plus sur le mouvement.

On en revient toujours à la même chose, peut on parler de prise de conscience, si le geste ne suit pas ?

Alors, oui! Squarzoni, fait de la bande dessinée contestataire, si cela peut vous rassurez.
A ce terme, nous préférons celui de : parasite.

Au-delà du propos il va nous falloir nous attarder sur la formation, la venue au monde de ce dernier. Ou plutôt, au-delà du "parti pris" de base, pour en revenir à quelques formulations du propos.

On en sait que faire de ce texte encadré, de ce surplus d'informations "objectives" qui vient régulièrement s'ajouter à l'image.
Qu'est ce donc?
On peut y voir, la volonté de replacé le récit subjectif dans un contexte historique est factuelle plus "vrai", plus large. Mais en ce cas, qu'est ce qui détermine le choix de ses informations ? Leur influences indéniables sur notre lecture de l'œuvre ne peut elle s'apparenter à de l'embrigadement ?

Si on y regarde de plus près, Squarzoni fait le choix explicite de s'attacher au "vécu". Le trait parfois hachuré, parfois parcellaire, le noir et blanc, l'aspect "pris sur le vif", le nombre de gros plan, la manière de remettre l'homme au centre du monde comme rempart de sûreté tout cela nous ramène à la notion de témoignage.
L'auteur témoigne de ce qu'il à vu, de ce qu'il à perçu, de son expérience. Dans son "sac" il rapporte (au sens premier du terme) les propos d'autres personnes. L'importance de ces choix n'est pas à négliger. En effet, alors que son sujet reste le témoignage d'une situation pour le moins épineuse et dramatique, d'événements horrible et de leur vérité non médiatique, il choisit d'aborder les discours par le bais du plan fixe à répétition. En cela, il donne plus d'importance à la parole qu'au geste et surtout il déconnecte cette parole du quotidien de ce qui l'a fait naître.
Il y a un effet à rebours du témoignage et de la parole.

Le terrain, la misère contempler est rendu de manière imparfaite, fébrile, le dessin est incapable d'en rendre la durée. Ce "manque" est justement ce qui permet au lecteur de s'engouffrer dans le vécu, d'y adhérer. Le témoignage est en ce sens annoncé d'emblé comme imparfait (perfectible), ce qui en relativise la portée. Cet aspect de l'album est à rapporté aux gestes, aux actions. Le fait que chacune (ou presque) des actions soient suivies d'un discours en dit long sur la volonté rationnel de vouloir trouver une raison à tout cela.

Plus encore, on peut voir ces prises de paroles par un interlocuteur unique comme la volonté farouche de ne pas laisser tout cela vide de sens. De ne pas laissé les souvenirs s'échapper, d'en faire quelque chose. L'option "photo souvenir" étant hors de propos, l'expérience va servir à alimenter la réflexion, à nourrir le "logos".

Ce qui doit nous interpeller, c'est qu'alors les monologues prennent plus d'importance que les événements eux-mêmes. Certes, la validité du propos ne tient que grâce au contexte présupposé et mis en avant dans les cases précédentes. Forcément on écoute ce que l'on nous dit sur la misère, maintenant que l'on connaît cette misère. Sauf que ce n'est pas exactement comme cela que ça se déroule.
Ce cadre "logique" n'est pas aussi évident qu'il le laisse paraître. En agissant de la sorte, en plaçant le contexte avant la parole l'auteur entraîne de fait le lecteur dans son sillage.
Par instinct on va y inclure notre propre morale. Du coup, la misère induit notre compassion et notre avis ultérieur. On ne pourra plus émettre de doute, que sur le propos en lui-même et jamais sur le "vécu". C'est position morale de mise en avant de la misère, ne doit pourtant pas être réduite à un simple stratagème journalistique.

Bien plus que du pathos en boîte, l'auteur pose ici le problème de l'impartialité et du jugement. Face à une telle situation, il ne cherche pas à rendre l'objectivité de la situation (ce serait se leurrer), il cherche dans une certaine limite à lui aussi l'instrumentaliser. "Au nom", non pas de la vérité (qui est la cause majeure du conflit) mais en celui de l'action. La cause de l'auteur reste l'action. Les reportages télé, les non-dits et le quotidien nous font rester impassible, il propose alors de nous faire nous lever de nos sièges. La mise en place des éléments suppose plus une action, un engouement à défendre ce peuple ou à protester contre cette unilatéralité.

Dés lors, le témoignage ne peut être que fausser, ou plutôt ne peut être que celui d'un autre. La preuve ultime du témoignage étant la mort, le suicide il ne peut avoir lieu ici. Cette position christique tend à rejoindre celles des attentats suicides, sans se positionner moralement on peut néanmoins constater la parenté de leur position quand au témoignage. Squarzoni à conscience de cette limite, tout comme il à conscience du gouffre qui sépare l'extrémisme de cette action à la nonchalance atavique des européens sur ce conflit.
L'engagement n'est plus tant une affaire de croyance ou d'intensité des idéaux que de techniques pour les mettre en avant


Il ne faut pour autant pas minimiser le sentiment qui à prévalu à cette démarche, au voyage et à tout ce qu'il représente. On peut néanmoins regretter le manque de narration du récit.

De manière plus subjective, je préfère aussi le travail d'un beyrouth cliché 1990, qui me parait plus humble, plus direct et tout aussi fort. Là, j'ai encore du mal à faire la part des choses entre les limites du parti pris et lexpérience à proprement dit (c'est-à-dire ce que je peux ressentir du vécu de l'autre).

Une fois ce travail effectué, il convient de revenir à ce qui au départ poser problème, à savoir les insertions de bulles informatives au milieu des cases.
On peut les percevoir comme une volonté de ne pas s'éloigner du vrai, d'objectiver les faits pour en donner le poids statistique : il n'y a pas de choix juste la routine d'un massacre. En ce sens, c'est probant et pertinent, mais je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec le ton des témoignages présent dans l'ouvrage.

Tout au long de ma lecture une chose m'a choquée, à nuit à mon immersion à l'activation de mon geste. Il s'agit probablement d'un réflexe raisonnable, d'un prétexte de plus pour ne pas agir, d'un mot d'excuser signé par la rationalité mère. Reste que je n'ais pu m'en défaire.

La manie de qu'ont la plupart des témoignages et la majorité des encarts à donner des précisions "quantifiables", à tirer des considérations, des propos universels me semble aller à l'encontre d'une partie du problème.
Le manque de chairs et de sang, se fait cruellement ressentir, le recul systématique dans le paradis normé de " la vérité nue des chiffres" a fini par me glacer le sens.
Le propos visant à repositionner le conflit dans son aspect politique et économique à l'encontre d'une vue religieuse est à la limite aussi parcellaire que celui de n'importe quel journal télévisé. Il se dégage parfois un refus du mélange et du contraste que cela me fait mal au cœur. Comment expliquez le suicide uniquement d'un point de vue économique, comment ne pas prendre en compte la foi ?

Bien sûr, il en est fait mention plus haut, cela sert le propos qui est de nous faire agir. Mais dans l'absolu le manque de recul sur le travail effectué et sur l'association attac en elle-même me pose problème, le fait de ne pas avoir pu saisir de remise en cause du projet me gêne. Non pas qu'un tel point de vu n'existe pas, mais pour moi il aurait fallut aussi en faire part. la droiture des idéaux et des convictions, quel qu'il soit fait peur.

Reste, une lecture de qualité un pavé dans la mare de nos habitudes d'entertainment béat, de nos révoltes du samedi soir…

A lire,
Monfreid…
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  • 2 weeks later...
CITATION(azzameen)
Competement partiale et revisioniste.
Cette bd est en plus de mauvaise qualite
A deconseiller


- partiale je veux bien! :wink:
- de mauvaise qualité faut étayer sinon ça tombe dans le subjectif et surtout dans la facilité
- révisionniste : euh...là c'est carrément pas le cas :shock: :roll:
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