Gringos Locos T.1

[Phileas]

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[/center][/left][center][center][url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=320&u=16913139"][img]http://i41.servimg.com/u/f41/16/91/31/39/97828015.jpg[/img][/url][/center][/center][b][center]
[/center]Gringos Locos[/b]

[b]Tome 1[/b]
[b]Scénario[/b] : Yann
[b]Dessin[/b] : Olivier Schwartz
[b]Edition[/b] : Dupuis
[b]Date de parution[/b] : mai 2012

[u]Résumé[/u] :
[i]Inquiet de l'avancée du communisme en Europe, Jijé décide de quitter le vieux continent avec sa famille. Franquin et Morris ayant décidé de le suivre, tout ce petit monde débarque à New York en 1948. Ayant acquis une veille Ford Hudson, ils sillonnent les Etats-Unis de la côte est à la côte ouest, dans l'espoir de se faire engager par les studios Disney. Peine perdue, en cette période où Disney licenciait plus qu'il n'embauchait. Voyant son visa touristique expirer, Gillain décida de s'installer quelques mois au Mexique avec sa famille, bientôt rejoint par Franquin et Morris.[/i]

Je passe sur la polémique qui a retardé la parution de l'album pour m'en tenir au contenu. Par ailleurs, un avertissement au lecteur se charge d'expliquer les choses...
Ceci étant dit, cet album est excellent et m'a procuré un grand plaisir de lecture.
Le périple américain - véritable aventure picaresque en vérité ! - de Joseph (Jijé), André (Franquin) et Maurice (Morris) est une suite savoureuse de péripéties loufoques, souvent drôles, truculentes et pleines de charme, encore réhaussé par le style graphique à l'ancienne de Schwartz qui convient parfaitement à l'histoire.
Yann a réussi à mon sens, n'en déplaise aux héritiers, à trouver un bon compromis entre fidelité de certaines anecdotes croustillantes authentiques et réinterprétation drôlatique pour les besoins d'une narration BD sans temps morts et qui reste avant tout une aventure et non un documentaire pointilleux. Même s'il n'est pas toujours évident de faire la distinction entre les deux.
Il est vrai que Joseph n'est pas toujours à son avantage (il est souvent montré comme un homme agressif et pingre, qui n'hésite pas à laisser ses deux potes dormir dans une cabane peu salubre et avec de simples journaux pour couvertures : on peut comprendre que les enfants de Jijé aient tiqués !) mais on comprend que Yann s'est surtout intéressé au potentiel comique des situations.
J'ajoute d'ailleurs que, considérant ce dernier point, je suis quasiment certain que Franquin aurait apprécié l'album, ce génie qui avait comme seul véritable crédo d'amuser et d'éviter que le lecteur ne s'ennuie. Il me semble que Yann est bien allé dans ce sens.
André, justement, est ici à la fois drôle, parfois taquin et souvent touchant, étant le plus sensible et le plus discret des trois et j'ai encore été davantage conforté dans l'admiration que je lui voue. Quant à Maurice, son pep's et sa détermination amène beaucoup d'énergie à l'aventure.

Les scènes d'anthologie ne manquent pas, entre notre petite équipée perdue en plein désert suffisament pittoresque pour se faire photographier par des membres du Ku Klux Klan, le refus systématique de Maurice de payer des pots de vin (question de principe !) aux douaniers qui compliquent sérieusement le voyage ou les beuveries entre potes au Mexique sur fond de Cucaracha, tout respire la bonne (et mauvaise parfois pour nos protagonistes dépassés) humeur. Mention spéciale à André qui, après s'être fait retirer Spirou par le toujours peu délicat Joseph, imagine un nouveau personnage qui lui est inspiré par son séjour au Mexique : Gastonito, un mexicain paresseux et gaffeur coiffé, comme il se doit, d'un sombrero ! Tordant.

Si être bédéphile ne signifie pas pour autant pour certains être sensibles et/ou révérer un certain âge d'or de la BD franco-belge qui ferait de cet album un achat évident et pour ainsi dire automatique, il n'en demeure pas moins, selon moi, que sa lecture me paraît tout de même vivement conseillée, qu'on le considère comme une évocation instructive (même sous l'angle déformé de la fiction) d'un certain esprit qui soufflait sur une bande dessinée d'après-guerre dont cet album restitue bien le côté à la fois bon enfant et sans prétention... un portrait cocasse et truculent de trois monstres sacrés de la BD... ou tout simplement un bon divertissement aux allures de road-movie. Ou les trois en même temps, de préférence !
A noter en bonus : un cahier avec des photos prises à l'époque et une interview de Benoît Gillain, fils de Jijé + une autre interview de Yann.
Et pour ceux que cela intéresse, précisons que le second tome nous promet, pour nous mettre en appétit, l'arrivée d'un quatrième larron : un certain Goscinny.

Note : [url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=319&u=16913139"][img]http://i41.servimg.com/u/f41/16/91/31/39/4_018.png[/img][/url]