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L'édito du mois de mars 2005


Monfreid...
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Mad, Pilote, fluide…autant de révolution pour la reconnaissance d'un art populaire et combatif, toujours en mouvement. Des revues mythiques et fondatrices, aujourd'hui disparues, remplacées par des ersatz, des essais peu concluants ou qui pèchent à trouver leur public. Beaucoup de fanzines finissent au cour bouillon ou dans les filets du consensualisme.


Le lecteur a bien changé, l'avènement d'internet correspond à son acceptation dans le cercle socio-médiatique. Pendant longtemps le lecteur de bd était assimilé à la lie de nos sociétés, un adolescent attardé, névrosé. La cause de tous les maux et plus si affinité. Le voir aujourd'hui comme parti prenante de "l'histoire de l'art" médiatique est un bond en avant inespéré.

Désormais le lectorat compte, il a son mot (ou plutôt son chiffre) à dire dans l'équation complexe qui prélude (et préjuge) toute sortie. Ses goûts sont connus, analysés, décortiqués. A se demander s'il peut encore respirer au milieu de tous ces choix si bien calibrés ?

La "libération" de son statut, son ancrage dans la réalité du marché, donne lieu à des "événements", des festivités, des campagnes…autant de tributs qui vont de paire avec la renommée de l'art. Mais quand est-il de la lecture ?

La création est avant tout une affaire de coupure, de retrait, de soustraction et non d'ajout ou de compilation. Pour comprendre ce processus, le "lecteur" (je désigne ici tout type d'activité consistant à être en rapport actif et volontaire vis-à-vis d'une œuvre) se doit de s'arrêter, de prendre du temps, pour digérer ses propres sentiments, pour les remettre en cause, pour relire, revenir en arrière. De cela dépend le regard "critique", la prise de conscience, la construction d'une véritable culture, d'un esprit et, par écho, la "reconstruction" perpétuelle de l'art lui-même.

La portée de cette démarche n'existe pas en terme populaire et inconscient (on portera ici son regard sur Jung), il est exclu qu'elle puisse s'épanouir au sein d'une communauté restreinte. Il est nécessaire d'oublier le "up today", le côté salon de la bande dessinée, qui la limite à la connaissance de noms, l’acquisition de signatures. Ce savoir, se glorifiant de sa propre érudition, éclipse toute "lecture" de par son aspect « répétitif ». Il faut se soustraire de la gangue élitiste qui vise soit un discours à tout prix rationnel, soit l'accessit, la distinction du lecteur le plus "au courant".

Là où les choses se compliquent, c'est lorsque la plupart des lecteurs confondent "populaire" et "popularité". En effet, entraîné par le flot de sorties toujours plus nombreuses, d'un choix de plus en plus important, se démarquent (le plus souvent) les albums qui auront bénéficié d'une meilleure promotion, d'une couverture médiatique plus grande, d'un "coup d'édition" plus approprié. On entre alors dans le cercle vicieux du "ça plait parce que ça se vend/ça se vend parce que ça plait".
Bien évidemment le lecteur à toujours le "choix", la possibilité de ne pas prendre l'album le plus attendu, le plus connu, le plus courtisé par les médias. Il peut s'acharner à dénicher la perle rare. Toutefois, réussir cet exercice sans tomber dans les affres des esthètes aristocrates n'est pas chose aisée. Et je ne vous parle pas des pièges, savamment orchestrés, des éditions originales.

Toujours est-il que le constat est d'évidence : la majorité achète les sorties les plus "démocratiques", au sens de plus accessible, plus plébiscité. Et le choix qui est le sien, le droit du consommateur n'est que fantoche, douce illusion.

Il faut se rendre à l'évidence. Si, comme je l'ai affirmé plus haut, l'art est affaire de retour en arrière pour le lecteur, de temps que l'on prend, de relecture, les sorties bd ne permettent en rien ce comportement, bien au contraire elles s'acharnent à nous infliger le contraire.

Le lecteur de manga "type" possède assez de référent culturel théorique pour écrire une thèse. Socialement, il est bourré jusqu'à la gueule de données japanisantes (nom des îles, des sports, du maquillage, pratique sociale, vie en famille, à l'école, vision des femmes, de la sexualité) et ce, sans jamais que le doute ne l'étreigne un seul instant. Les "otaku" en savent plus sur l'histoire du japon que sur celle de la France, ce n'est pas un constat réac', bien au contraire, c'est l'affirmation de l'impossibilité d'un tel fait. Il est impossible d'en savoir autant sur un pays, ce n'est pas de la culture, de la connaissance mais du folklore de bas étage, de la poudre aux yeux.

Et il en va de même pour la plupart des sujets, des albums ou des auteurs. Dans sa grande liberté, le lecteur reste inféodé aux sorties, il n'est libre que de choisir. Les limites même du questionnement et donc de la réflexion sont : "où vais-je prendre le plus grand plaisir ?".

Certes il en va de même pour tous les arts, et le plaisir reste affaire de "goûts". Mais il faut bien se rendre compte qu'au fil de leur histoire les autres arts ont su mettre en place des outils accessibles à tous, des outils permettant aux "lecteurs" d'établir une réelle connaissance, un savoir qui agit sur sa vision du monde.
Même si les blockbusters continuent de parader en tête des box office même si des succès restent intouchables par une opération de sacralisation (les choristes pour prendre un exemple récent), le "commun des lecteurs" sait faire la part des choses entre les différents cinémas, car il sait qu'il existe des outils critiques à sa disposition. Quoiqu'on veuille nous faire croire, une grande partie de passionnés, de "connaisseurs" s'emploient à transmettre aux autres leur savoir-faire.
L'accession à la liberté, à la démesure, au succès a fait se poser des questions à nombres d'amateurs qui ont su choisir d'autres voies, à mi chemin entre "populaire" et "élitisme" (pas mal de revues ont vu dans leur colonne se faire et se défaire ses différentes étapes).
Il en va de même en théâtre, en peinture, en musique, en littérature et autres.

Qu'en est-il pour la bande dessinée ?

La parole des internautes donne lieu à des chamailleries peu productives, aux relais de campagnes de promotions, à la lecture silencieuse non participative, à l'échange non productif, à la prise de décision par procuration (c'est le plus pratique, on peut se dédouaner de toute responsabilité), au tri communautaire, à la prise de gueule permanente, au droit de figurer en quatrième de couverture de sortie de bd, à l'échange de vannes, à la constatation navrée, à de l'euphorie, à de la haine.

Mais à quoi de constructif pour l'art et pour le lecteur ?
Mad, pilote, fluide etc… autant de rédactions, d'auteurs…qui ont su faire avec le meilleur et le pire, qui ont su louvoyer avec les annonceurs…qui ont su combattre et défendre l'indéfendable…qui ont conquis la liberté.

Apparemment ils auraient dû fournir le mode d'emploi aux lecteurs !

bien à vous,
Monfreid...
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Je m'étonne un peu que tu blames les nouveaux magasines de BD.... Je t'avouerais que pour moi qu'il serait impossible de comparer un fluide à Ekllipse: J'ai au grand jamais reussi a lire un fluide en entier alors que je devorais Ekllipse......

Je pense pour ma part que l'ouverture a la BD a apporté un nouveau panel de consommateur de magasine de BD.
Or des magasine avec un bagage d'abonné comme fluide n'as pas subit la contrecoup de cette arrivée massive de lecteur alors que les nouveau venu genre Ekllipse avait beau avoir un niveau de qualité elevé, le rendement demandé dus au nombre de client potentiel était tres dur a atteindre, trop dur....

Ce qui n'enleve rien au fait que certains de ces magasines cherchait à vraiment nous faire comprendre la BD et non pas à en fulgariser le contenu.... On remarquera d'ailleurs que les seuls nouveaux magsines qui marchent sont les magasines qui ont viser un public de consommateur et non un public de pationé et ca, du fond de mon coeur, je le regrette.....

Tout ca pour dire qu'il ne faut pas se dire c'étais mieux avant. Ce n'étais pas pareil, pas la meme époque donc pas les mêmes conditions......

A chacun son temps...
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mon cher Posseidon (ravi de te lire déjà 8) )

je pense que nous nous sommes mal compris

je ne dis pas "ouh les nouveaux magazine sont nuls vivent les vieux!"

puisque dès le début ou pas loin je dis "pèchent à trouver leur public"

c'est à dire, que pour moi il existe (ou existait, il y a peu) de bon mag sur la bd, qui comme tu le fais remarquer essayaient de proposer quelque chose à lire aux lecteurs!

mais quid des lecteurs ?

ce genre de mag à besoin (encore plus que les autres) d'un lectorat qui se veut nombreux...

or en ces temps "pas cool" qui sont les notres...
cela ne réclame pas (malheureusement) uniquement l'achat d'un numéro

mais véritablement c'est un combat!

or apparamment aucun éditeur n'est près à laisser le temps faire son oeuvre, à commencer par perdre de l'argent, en laissant un magazine, on va me dire que c'est normal.

et bien je ne pense pas.
tant qu'il n' y aura pas l'équivalent d'un cahier du cinéma, littérature, positif, ou autre...la bd continuera d'aller mal (en termes constructif et non en terme de plaisir ou de ventes).

je dis juste que les mags qui ont permis à la bd d'être connus, non pas eu de remplaçant (ce qui ne veut donc pas dire que personne n'a tenté l'aventure...mais quand on voit les pratiques actuelles et la fermeture de vécu :? )
et que la liberté du net...ce n'est pas mieux.

sur le plan des magazines, je pense donc que nous ne sommes pas si éloignés que ça non ? :wink:

bien à toi,
Monfreid...
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Ok, mea culpa.

Mais je pense que la ou les editeurs font fausse route, c'est qu'a changer de magazine tout les 6mois, ils risque de perde les quelques clients qu'ils avaient.

Moi par exemple j'ai souscrit un abonnement à Ekllipse il y a de ca.....5ans je crois. Hors je suis maintenant en attente de BD n°2 et je t'avoue que si d'aventure on me reprosposait de m'abonner à un magazine, j'hesiterais fortement(de plus que pour moi BD est vraiment moins bien que ces deux predecesseur).

De plus le genre de magasine comme Ekllipse me manque. Moi lire 5 pages d'avanpremiere j'ai en strictement rien a faire..... Hors c'est par Ekllipse que je me suis interessé a d'autre BD que Thorgal et XIII. Je trouve ca dommage que l'on tombe dans le standardisé à la "lanfeust mag"....

Donc messieur les producteurs, je ne vous salue pas et me retire lire mes vieux Ekllipse..... :roll:
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tout à fait d'accord

trop de mag sont devenus de la pub déguisée!!!

et pas seulement parce qu'il y a des éditeurs derrière (certes pour beaucoup) puisque ekklipse c'était aussi semic si je ne m'abuser (en tout cas callipe sur :wink: )

et ça c'est bien dommage...

quel choix entre des mags de pub, de nouveauté d'événementiel et des mags super pointu underground de la mort super cher ? :?
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