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Presque


Monfreid...
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http://1001bd.aff.bdnet.com/9rev01/alb.htm


PRESQUE

Par Larcenet


Résumé : Manu Larcenet raconte son servie militaire et s’interroge sur la validité de cette entreprise.

Avis : Que dire ? Il y a des fois où le mot « avis » ne suffit pas, ne suffit plus, où l’expression s’essouffle face aux affres d’autrui, à la douleur que remuent en nous certaines images. Un avis, ça donne une direction à la fois subjective et objective, c’est un texte qui donnerait le sentiment d’un lecteur en même temps qu’une « analyse » plus ou moins poussée de l’album. C’est bien pratique les avis pour être d’accord avec eux ou pour s’énerver contre eux, ça donne un point de repère.
Mais que voulez-vous que je vous dise dans ce cas ? Ce n’est même pas le fait que ce soit un récit « autobiographique » qui me gêne (avec Larcenet on a l’habitude) et cela aurait été l’histoire du soldat Machin que ce n’aurait rien changé. Après la lecture, deux sentiments se mêlent en nous : la conscience de l’horreur d’une telle expérience et la conscience qu’il est naïf de croire que seul un livre permet de « comprendre » cette horreur. Toutes les interrogations, les doutes, les pourquoi, les comment, les possibles, les choix sont dans la BD et sont assumés par elle. Se pencher sur le : « Pourquoi a-t-il décidé d’écrire puis de publier cet album ? » ne mènerait à rien de fiable ni de tangible. Sans enquête, sans fait, sans connaissance de l’œuvre de l’auteur c’est opter pour la psychologie de bazar ou s’interroger sur la nécessité artistique. Comme le bazar est fermé ces temps-ci, je pourrai, avec de grands mots et de grandes phrases, embellir voire anoblir mon propos en expliquant cette œuvre mais cela serait en détourner le sens. Alors évitons ces deux pièges et soyons trivial.
Le narrateur est assis à sa table à dessin et se demande comment raconter ce qui fut son service militaire. Bien vite, il s’aperçoit que le temps a su (à son insu) faire table rase de sa rage et de sa haine. Il commence pourtant son récit parlant non pas de crimes de guerre ou d’atroces mutilations mais des brimades et des humiliations quotidiennes. Un quotidien dont la conscience persiste à vouloir se souvenir, un quotidien où l’homme se révèle tel qu’il est. L’auteur dit aussi combien cet embrigadement fonctionne puisqu’il écarte l’homme de ces repères, le coupe de son cadre de vie, le laisse seul. Dès lors, la communication avec autrui devient impossible, ne parlons même pas de la compréhension. On devient dingue à être incorporé de force, à n’être rien d’autre qu’un numéro, à vouloir se débattre, à se défaire de cette situation pour finalement s’apercevoir qu’elle ne nous renvoie qu’à notre propre solitude. Bien sûr subsiste l’humour, seule trace d’humanité encore à porter de main. Ce recours est le seul lien au monde pour que la raison ne soit pas submergée, la seule rationalisation possible face à la défenestration. Et là, ce n’est pas tant de l’expérience de Larcenet dont on parle mais du sentiment du lecteur.
Les « petits personnages » sont toujours présents, attachants et expressifs. Toujours mi-figue mi-raisin, ils s’installent imperturbables, traits intuitifs de l’objectivation et du burlesque. Mais ce qui dominent ce sont les tâches de gouache, ombres impressionnantes de notre lucidité triste et désoeuvrée. Le poids et la noirceur du passé sont ici rendus dans tous ce qu’ils ont de terrifiant et de beaux. L’oubli fascine, il y a un hypnotisme de l’horreur. Chez Franck Miller, ce sont des éclairs blancs qui découpent les silhouettes. Là c’est l’opacité des souvenirs qui brouillent tout espoir de répit. Il nous est difficile de saisir des images, de leur donner un sens immédiat du fait de leur violence. Au-delà du choix narratif, du récit ou du format, c’est le graphisme angoissant qui nous choque. S’il n’y avait que le scénario, on se devrait de réagir ne serait-ce qu’en parlant. Mais les dessins nous rendent au silence.
Il faut savoir s’arrêter devant la nudité dune âme car parfois dans l’art la maïeutique est action.

Site de Larcenet : http://larcenet.free.fr/
Du même auteur : Le retour à la terre, La légende de Robin des bois, Le combat ordinaire

Bien à vous,
Monfreid...
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Hmmmm...
je me pose des questions...
Cette solitude, est ce que de toute façon on est pas dedans déjà ? Est ce que ça ne révèle pas une réalité qu'on essaie de se cacher ?
les brimades, est ce qu'elles n'existent pas partout (chefs de service etc), et est ce qu'elles ne sont pas plus frustrantes au service parce qu'on n'a pas choisi d'y être ?
est ce qu'effectivement, le service n'est pas une phase, dure et oppressante, mais qui fait mûrir, parce que la vie c'est dur et que toute façon on en bave et on en bavera ?
est ce que la communaication existe déjà au dehors du service, et es tce qu'elle ne peut pas exister au service ?
est ce que'il faut encore et toujours revenir sur le service ? Est ce qu'il n'est pas plus intéressant d'en prendre les bons côtés (et il y en a pour qui veut les trouver), comprendre les mauvais et les exorcicer, pour enfin ne pas en reparler des années après ?
est ce que l'intelligence au sens de faculté d'adaptation ne sert pas à se sortir de ça ?
est ce que ceux qui donnent leur avis autour de moi chaque jour ont fait ce service, et est ce que les gens ne racontent pas ce que untel leur a raconté de façon romancée, à demi oubliée, interprêtée etc.?

est ce que finalement la seule chose qui soit véritablement différente, c'est qu'on subit les mêmes choses qu'ailleurs sauf qu'on n'a pas choisi de les subir dans ce cadre ???

Je donnerai pas mon avis, et je respacte celui de tous, mais je me dis qu'il faut réfléchir aux choses de façon non passionnée, objective, et se poser des questions.

bien à vous ! :wink:
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même si je ne prend pas en compte mon côté antimilitariste primaire laugh.gif

je me dis que tu n'as pas lu cette BD! J'ai tort???

Parce que je serais "d'accord" avec toi si Manu étalé sa tristesse au grand jour pour en faire de l'art...hop je suis triste voyez comem c'est beau! là je ne plaindrais pas le peuv' doudou à sa maman qu'est tout triste parce qu'on lui à fait du mal à l'armée bouh!!!
Mais il à conscience de l'inutilité de sa démarche...il ne crache pas sur l'armée...il ne dit pas "c'est tout nul et tout méchant"...il exprime un ressentie dur et fort qui l'a notament amené à s'exprimer différement à se poser des questions (ce qui est bien!) à douter et à faire de "l'art"(ce qui est encore mieux dans ce cas)
Pour moi au vu les questions que tu poses seraient juste si le résultat n'était ni beau, ni émouvant, ni juste...or le résultat est tout ça!!! (voir plus!).
Si même cette expression là doit céder le pas à ce genre de questionnement autant ne pas faire d'art!!!

ça m'a encore plus touché que Desproges quand il parle du service militaire!

Je présice aussi que Manu ne se l'a joue pas "vieux combattant" ou je suis le seul à avoir vécu ça!!

et puis le dessin!!! Lui ne cache plus rien!!!

bien à toi,
Monfreid...
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de toutes facons, il a le droit de donner son opinion
mais la, effectivement, ca se voit que tu n'as pas lu, pasqu'en plus, cette decision est motive par un fait marquant durant son service, donc bon
je ne peux que te conseiller de le lire car c'est vraiment excellent
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Sans vouloir faire dériver le sujet sur le service militaire (mais comme le dit Monfreid il difficile deparler sur un ouvrage de la trempe de celui là), la première chose que j'ai ressenti à mon arrivée sous les drapeaux est l'étrange impression que ma vie ne m'appartenait plus. Tout les moments de la vie sont réglementés. A cela vient s'ajouter une espèce de retournement des valeurs qui fait que le moindre fait qui semblerait anodin dans la vie civil peut être soumis à sanction, ce qui a pour effet de plonger quelqu'un d'un peu sensible dans une angoisse à peu près permanente.
La Liberté dans notre vie quotidienne est peut être illusoire mais comme pour toute illusion on a le choix d'y croire.
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  • 1 year later...
  • 9 months later...
C'est fou. Sur priceminister qulqu'un a vendu son album de presqque pas trop cher et de se fait il est partis immediatement. Mais genre il l'a mis en vente à 7h se matin et a 7h20 il n'y etait plus :shock: :shock: :shock:

C'est pas encore de main que je vais pouvoir le lire celui la :roll:
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