Ash T2 : Faust

[Phileas]

[center][url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=90&u=16913139"][img]http://i41.servimg.com/u/f41/16/91/31/39/ash_t210.jpg[/img][/url][/center]

[b]ASH [/b]

[b]Tome 2 : Faust[/b]
[b]Scénario [/b]: François Debois
[b]Dessin[/b] : Krystel
[b]Edition[/b] : Soleil
[b]Collection[/b] : 1800
[b]Genre[/b] : fantastique
[b]Date de parution[/b] : dispo

La fin du premier tome révélait, de manière certes attendue vu le mythe littéraire auquel fait référence cette BD mais qui faisait néanmoins son petit effet, la nature ô combien démoniaque de la jeune fille amnésique au visage d'ange. Après un court flash-back nous montrant un Faust encore enfant recevant son coeur mécanique, nous revenons exactement à l'endroit de la révélation où nous avait laissé le tome 1. Mais Ash et Kamina ont a peine le temps d'en mesurer les implications qu'elle réalisent qu'elles sont en fait tomber dans un guet-apens tendu par l'Eglise pour s'emparer d'Ash. Mais loin de l'enfermer à nouveau dans son caveau pour quatre siècles supplémentaires, le cardinal en charge de cette mission a bien d'autres projets pour elle, nettement plus personnels.
Quant à Faust, il lui faut désormais trouver un terrain d'entente provisoire avec le "saint" homme en attendant de pouvoir récupérer son sujet d'expérience favori. Telles sont également les intentions d'Alexej et sa petite bande de gamins des rues qui avaient été chargés par Ash de mettre la main sur son "coupeur", détenu par Faust...

Si la réussite d'une BD tient, on le sait, à un ensemble de facteurs (histoire prenante, rythme, intelligence du traitement, qualités graphiques et... un ingrédient X qui fait que la sauce prend ou non), il en est un autre qui me paraît toujours incontournable pour me faire vraiment apprécier une lecture : l'imprévisibilité.
Et dans le cas de ce tome 2, j'ai été surpris de constater très vite que le scénario prenait deux directions auxquels je ne m'attendais pas.
Primo, l'intervention d'une Eglise que l'on avait fini par oublier dans un tome 1 entièrement focalisé sur Ash (et un peu sur Faust) aux agissements peu catholiques . Et secundo, une suite de conséquences relatives à la révélation citée plus haut qui ne sont pas celles que l'on aurait pu imaginer. Avec une pointe de regret, peut-être, concernant ce second point car, avouez que quand un personnage réalise qu'il est le Diable en personne, on est en droit de se dire qu'une telle découverte va renverser complètement la situation et que notre petite poupée de porcelaine va, de fait, montrer toute l'étendue de ses pouvoirs supposés et sa maléfique nature se réveiller.
Hé bien, pas du tout... Assez curieusement, ce Diable-là se fait non seulement emprisonné avec une facilité déconcertante mais encore se révèle relativement passif, vulnérable, fragile, et même sentimental à l'occasion.
Tout cela m'a laissé un peu perplexe, même si on peut comprendre que le propos des auteurs n'est pas de nous la jouer façon [i]L'exorciste[/i] ou [i]La malédiction[/i] et évitent ainsi la caricature grotesque d'un Malin ricanant.
Mais tout de même, on est étonné de voir le Diable verser quelques larmes, se laisser malmener et même faire une entorse aux conditions du fameux pacte à un moment.
A la fin de la lecture, on reste d'ailleurs indécis sur la personnalité de cette étrange Ash et ses motivations, de même que sur son devenir.

Cette incongruité étant épinglée, la suite et fin de ce dytpique qui livre une version plutôt intéressante du mythe faustien, ne m'a pas déçu et elle possède son lot de qualités.
Sur le fond, on pourra apprécier par exemple l'attitude incohérente d'hommes d'Eglise (dont le pape en personne !) qui, malgré toute leur foi et voyant arrivé leur mort, n'hésitent pas à abjurer toutes leurs convictions pour grapiller un peu de vie supplémentaire, fus-ce en signant un pacte avec l'Ennemi. L'angoisse de la mort et la possibilité de pouvoir y échapper par tous les moyens est d'ailleurs le sujet principal de cette BD plus grincante qu'elle n'y paraît. De fait, exit ces histoires de paradis, d'enfer, de purgatoire et autres billevesées dont ces hommes de Dieu avouent eux-même n'être que des foutaises inventées pour contrôler le peuple. En revanche, ce que peut leur offrir Ash est bien tangible et à un effet immédiat.
Un pacte au sujet duquel d'ailleurs il n'est pas demandé au signataire de donner son âme (une notion trop abstraite sans doute) mais, plus prosaïquement, le sacrifice de ce en quoi il tient le plus dans sa vie. Ainsi, la riche et arrogante Kamilia ne devra sa vie sauve qu'à une existence désormais vouée à la précarité. Mais l'attitude d'Ash surprend également sur ce point : elle (ou il ? C'est agacant de ne pas savoir quel pronom employé !) ne donne pas non plus l'impression de jouer un bon tour au mortels. Les conditions du pacte sont montrées comme une formalité dont elle/il ne tire apparemment aucune satisfaction.
Et lorsque se développe, même de façon subtile et non exprimée, une pourtant manifeste affection (amour ?) entre Ash et Faust, on se gratte à nouveau la tête de perplexité.
Cette personnification du Mal imaginée par François Debois est décidément plus douce-amère qu'imprégnée de souffre, encore renforcée par la délicatesse et le raffinement du dessin de Krystel qui s'est amélioré par rapport au premier volet et des couleurs chatoyantes : certaines planches, en particulier, sont de toute beauté.

Au-delà de ces considérations, j'ai apprécié cet album et le dyptique dans son ensemble par son originalité, le côté hétérogène de ses inspirations (fantastique gothique, steampunk, roman social à la Dickens) et graphique (entre BD européenne et manga) que l'on trouvait déjà dans le tome précédent. Et puis, sans proposer d'énormes surprises, elle reste suffisament imprévisible pour éviter au lecteur d'anticiper chaque scène et d'avoir une fâcheuse impression de déjà lu.
Voilà pour moi un titre qui a au moins le mérite de marquer sa différence parmi les autres titres de la collection 1800.

[b]Note[/b] : [url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=91&u=16913139"][img]http://i41.servimg.com/u/f41/16/91/31/39/4_010.png[/img][/url]

[poseidon2]

acheté ! je te dirais ce que j'en pense

[Phileas]

J'allais t'en prier en le voyant dans ta liste d'achats. [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]

[poseidon2]

je relis les deux ce grand week end !

[poseidon2]

Rhoooo avec tout ce boulot jen ai oublié de dire que j'avais apprécié. Deja graphiquement c'est plus propre que l premier qui recelait de grosses erreurs.
Ensuite comme tu le dit bien l'intervention de l'église est surprenante.
Je suis un peu déçu par la fin et le fait qu'on ne nous explique pas vraiment pourquoi elle peut couper un cordon homme cela et surtout les impacts que ça a vraiment sur les deux....

Mais même ont quand meme

[Phileas]

Graphiquement, il est en effet mieux que le premier tome.

[quote name='poseidon2' timestamp='1322062881' post='154279']Je suis un peu déçu par la fin et le fait qu'on ne nous explique pas vraiment pourquoi elle peut couper un cordon homme cela et surtout les impacts que ça a vraiment sur les deux....[/quote]
Oui, il y a pas mal de choses assez floues dans cet album.

D'ailleurs, pourquoi le Diable aurait besoin d'utiliser un quelconque instrument pour prolonger l'existence des gens ? Et d'où vient ce coupeur, d'ailleurs ? L'intérêt de ce cordon et du coupeur est surtout visuel, j'imagine.
Et pour ce qui est de l'impact : si je me souviens bien, il est dit (dans le tome 1) que couper ce cordon (et donc signer le pacte) ne permet à la personne sur le point de mourir que de prolonger sa vie de 6 ans, 6 mois et 6 jours. Ensuite, une autre "ombre de mort" vient remplacer l'ancienne. Le répit a donc un délai précis.
Mais tout cela n'est pas toujours très clair quand même...

Et que penser du devenir de Ash et de Faust à la fin ? De la nature de leur relation au juste ?
Et, comme je le disais dans ma critique, pourquoi ce Diable est-il aussi vulnérable et se laisse-t-il aussi malmener ?
Bizarre...

[quote]Mais même ont quand meme[/quote]
Pas compris ta phrase. Tu l'as tapée trop vite, j'imagine. [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]

[Phileas]

Petite anecdote : je suis à proximité du comptoir de mon libraire et une femme arrive et lui demande [i]Ash[/i] pour sa fille... ainsi que son avis.
Mon libraire ne l'a pas lu mais lui dis que, probablement, c'est le genre d'album que doit surtout apprécier les jeunes filles gothiques.

Là-dessus, je prends la parole, je m'élève, je m'insurge, je conteste, je proteste :
"Ah mais moi, j'ai bien aimé !"
Les deux personnes me regardent, probablement étonnées par la "véhémence" de ma déclaration. Tout le monde se met à rigoler.
"Bon... pas seulement pour les filles gothiques, donc" reprend mon libraire, diplomate.

Mais de me demander tout de même si [i]Ash[/i], bien que joli graphiquement, ne serait pas un peu...disons mièvre.
"Ben non, je renchéris. Je n'ai pas eu cette impression, en tout cas".
Sur quoi, je commence à parler de son contenu.

Finalement, la cliente achète le tome 1, mon libraire s'incline devant ma redoutable éloquence qui n'a d'égale que celle d'un Cicéron de la bulle et [i]alea jacta est[/i] !
Enfin... pour être plus sincère, disons qu'il veut bien m'accorder le bénéfice du doute. [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]
Soit.
[i]Errare humanum est.[/i]


Et voilà comment, mes petits drougs, votre pauvre narrateur et martyr, sémillant maltchick bolchoï et vacciné, failli être considéré l'espace d'un instant pour une petite devotchka gothica façon Emily the strange mais dans une version bou bouh bouh par de biens trompeuses apparences.
[img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]

[poseidon2]

Tiens c'est marrant mais je ne comprend pas trop le côté gothique.... La graphisme ? Et encore c'est un côté plus manga que gothique... Sinon pour ma phrase .... Ben j'ai complètement oublié

[Phileas]

[quote name='poseidon2' timestamp='1323371863' post='154538']Tiens c'est marrant mais je ne comprend pas trop le côté gothique.... La graphisme ?[/quote]

Un peu quand même pour le dessin, oui.
Et puis l'intro du tome 1, dans le cimetière : un petit côté [i]Dracula[/i].

Mais pas de quoi attirer surtout le "public gothique" comme semblait le suggérer mon libraire.

[quote]Sinon pour ma phrase .... Ben j'ai complètement oublié[/quote]
Pas grave. Ce devait être quelque chose comme "mais bien aimé quand même"... [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]