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Insexts T.1 : Chrysalide


Phileas
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[b]Insexts[/b]
Tome 1 : Chrysalide

[size="2"][b]Scénario[/b] : Marguerite Bennett[/size]
[b]Dessin[/b] : Ariela Kristantina
[b]Edition[/b] : Snorgleux
[b]Genre[/b] : saphisme entomologique post-cronenbergien

[u]Synposis[/u] : [i]Dans l'Angleterre victorienne, une femme et sa dame de compagnie métisse, dotées de pouvoirs surnaturels, entament une relation amoureuse. [/i]
[i]Dans un monde mêlant fantastique et luxure, elles donnent naissance à un enfant.[/i]

Et si David Cronenberg avait été une femme et avait situé ses histoires dans le Londres victorien ?
C'est l'analogie qui vient à l'esprit quand on lit [i]Insexts[/i]. [size="2"]Car ne vous laissez pas tromper par la (très belle) couverture proche de l'art d'un Mucha : il s'agit bien d'un comic d'horreur. Et plus précisément de ce que les anglophones appellent le "body horror" (que l'on pourrait traduire par "horreur corporelle") dont le réalisateur de [/size][i]Videodrome[/i][size="2"] en est le plus célèbre représentant.[/size]
La transformation du corps, ayant pour séquelle celle de l'esprit. Et surtout, ici, celui de la femme. [size="2"]Clairement féministe dans son propos, [i]Insexts[/i] utilise le fantastique de manière un peu allégorique (même si les scènes sont très concrètes) pour décrire le corps féminin autant dans ses atours les plus séduisants que... dans ses manifestations les plus sanglantes. [/size]La scénariste, Marguerite Bennett, dit ainsi dans sa préface : "pourquoi écrire un comics aussi gore, sur des femmes, quand on est une femme ? Parce que s'il y a bien des personnes qui sont au courant des aspects les plus crus, sanglants, et transformateurs du corps… c'est probablement les femmes".
Ce point de vue - pertinent - est ainsi le postulat d'une histoire de fantastique horrifique originale et, surtout, que l'on ne pourra taxer de gratuité.
En effet, étant cohérente avec son propos, la scénariste et la dessinatrice Ariela Kristantina proposent cette série audacieuse pour publics avertis qui, si elle a bien un atout à faire valoir, c'est cette singularité transgressive à la fois dans le rapport à la femme et le statut de celle-ci dans la société corsetée et machiste du XIXiè siècle.

Un peu à la manière des [i]Fleurs du Mal[/i] de Baudelaire, [i]Insexts[/i] oscille sans cesse entre l'émoustillant (les scènes de saphisme explicites sont assez nombreuses) et le répugnant (les scènes gores et viscérales). Le poète du spleen ne faisait pas autre chose quand, dans son célèbre poème "Une charogne", il juxtaposait la vision écœurante d'un cheval mort sur la route, les tripes à l'air, avec l'image d'une femme aimée et désirée.
Et le duo d'autristes semble s'amuser à provoquer le lecteur (surtout masculin à mon sens !) et lui montrer qu'au-delà du diktat de l'érotisation que subissent les femmes, il existe une réalité plus triviale. Et cette réalité, Marguerite Bennett et Ariela Kristantina l'exprime paradoxalement à travers le prisme du fantastique.
Les insectes eux-mêmes, aussi présents dans l'histoire que suggérés dans le titre même, sont des créatures qui suscitent généralement le dégoût et la peur. L'étrangeté aussi. Concrètement, nos charmantes desmoiselles se transformeront donc en créatures insectoïdes peu ragôutantes pour protéger leur famille - car les deux héroïnes ont un enfant, né de la plus étrange façon - des agressions extérieures.

Celles-ci prendront d'abord la forme d'une sorte de thriller avec un mari volage et encombrant dont on souhaite se débarasser, puis de son frère (et son épouse) cherchant à récupérer son( leur) héritage et soupçonneux envers les deux "femmes damnées" (comme aurait dit le poète), puis d'une histoire de tueur en série qui hante les rues de Londres et de créatures aussi monstrueuses mais de nature moins... humaine. Un scénario qui, sans être follement passionnant, rempli son programme de péripéties plus ou moins divertissantes mais le plus intéressant est, pour le moment en tout cas, ailleurs : l'ambiance décadente et les éléments suffisamment déconcertants pour attiser la curiosité... ou le rejet. Cette BD ne fera pas l'unanimité, loin de là : cette cohabitation "contre-nature" entre érotisme et horreur viscérale, entre sensualité raffinée et épanchements de liquides corporels mêlés de grouillements insectoïdes (^^), risquent d'en déranger certains. Personnellement, j'ai préféré parfois survoler autant que faire se peut certaines scènes peu ragoûtantes, je l'avoue.
Reste le discours, en filigrane, sur la (pénible) condition féminine dans l'Angleterre victorienne qu'on ne peut que saluer et qui amène le lecteur à se sentir solidaire du couple lesbien - voir complice. Complice dans leur immoralité et leur monstruosité même. Les plus machos, eux - ou les estomacs délicats - passeront très certainement leur chemin et je me vois mal leur en conseiller la lecture, sauf peut-être pour les asticoter un peu !

Quid du travail graphique ? J'ai été, je l'ai dit, d'emblée attiré par la belle couverture (les belles couvertures, en fait, puisque chacune des TPB sont aussi réussies) ainsi que par le travail général de Ariela Kristantina, qui offre parfois des planches/cases aussi soignées, le tout rehaussé de couleurs chaudes.
Toutefois, il faut souligner que son travail souffre d'une irrégularité frappante et, pour ceux qui connaissent, j'ai tout de suite pensé au dyptique [i]Songes[/i] dessiné par Terry Dodson. Comme chez ce dernier, si on parcours les planches d'un regard rapide, le résultat semble joli et finement exécuté. Mais si on s'attarde un peu... on constate que certains dessins font carrément brouillons, bâclés.
Bref, dans l'ensemble, comme chez Dodson, ça flatte l'oeil. Dans le détail, c'est plus nuancé.
Reste quand même un rendu général à l'esthétique et à la sensualité séduisante... quand le gore ne vient pas trancher dans le vif cette belle parure délicate et chatoyante.
Sans être une lecture vraiment prenante, [i]Insexts[/i] est surtout à mon sens une curiosité qui se démarque surtout par son propos de fond, l'audace et la crudité de ses scènes et un graphisme inégal mais élégant, en contraste avec les horreurs montrées.

[b]Note[/b] : [img]http://www.1001bd.com/tmp/pic/note/3.0.png[/img]
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[quote name='poseidon2' timestamp='1522572525' post='179699']Tiens je dois avouer que quand tu as demandé à écrire la dessus et décrit le sujet... je pensais que c'était une blague :)[/quote]
MdR. [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img][size="2"] Je n'y avais pas pensé.[/size]

En plus, on est aujourd'hui le 1 avril (et pourtant, je ne l'ai pas fait exprès)
On aurait donc pu aller jusqu'à croire que la chronique elle-même était un "fake".
Mais non. D'ailleurs, une petite recherche sur le Net pourra convaincre les plus sceptiques. Non mais ! [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]


[quote]Bon sinon ça m'intrigue quand meme pas mal ton affaire.. tu l'a trouvé en librairie ?[/quote]
Oui, chez mon libraire habituel (même s'il n'y avait que 2 exemplaires).
Je n'avais jamais entendu parler des éditions Snorgleux.
En fait, ils ont publiés des séries comme Animosity, Elfquest ou American Monster.
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