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Interview de CAB, le scénariste du manga Oneira


Nickad
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Le Paris manga de décembre 2022 a été riche en rencontres, je vous propose de découvrir l’interview de CAB, l’auteur scénariste de la série Oneira éditée aux éditions Kana

(eh oui, je ne suis pas en avance pour les retranscriptions…mea culpa 😓)

 

Bonjour Cab, merci d’avoir accepté cette interview

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Comme tu viens d’avoir 30 ans, tu es donc de la génération qui a grandi avec le manga

Oui je suis de la génération qui a connu les post-vestiges du Club Dorothée. Il y avait cette culture Dragon Ball qui était un peu partie, moi j’ai plus connu l’héritage avec le Big 3 : One piece, Naruto Bleach, j’ai plus grandi avec Fullmetal Alchemist. Après j’ai connu Hamtaro, Les cités d’or mais ce n’était pas hyper populaire car à l’époque Ségolène Royal avait interdit les productions japonaises au profit des productions américaines. S’il y a un manga avec lequel j’ai grandi c’est Pokémon, une production américano-japonaise. J’ai connu l’explosion du papier, sa démocratisation avec l’arrivée de Naruto.

Adolescent, je ne lisais pas beaucoup de manga, je lisais plus des romans. J’ai découvert Tolkien assez tôt mais ça échappait un peu à mon degré de compréhension. J’avais essayé de lire le Silmarrillion en anglais, mais c’était infernal car Tolkien est un universitaire qui faisait de la langue donc il y avait beaucoup de termes complexes. Je suis tombé dans la fantasy avec Harry Potter mais surtout le Sorceleur, ensuite j’ai découvert Elric le nécromancien, plus récemment le nom du vent de Patrick Rothfuss. Mes lectures étaient plus orientées roman que manga.

Le manga c’était un peu une lecture pop-corn pour moi, le premier que j’ai lu c’était Fullmetal Alchemist, c’est le seul manga, à cette époque, qui m’avait ouvert une profondeur. On peut faire du Naruto en étant plus profond avec des thématiques plus adultes. Je n’avais pas trouvé ça avant de me pencher sur des lectures comme Asano ou Tezuka.

Si j’avais envie de me pencher vers une histoire profonde où je voulais voyager et réfléchir, je lisais des romans.

 

On voit que ce qui t’intéresse c’est la partie scénaristique, pourquoi t’être orienté vers le manga ?

Je ne me suis pas dit j’ai grave envie de faire du manga. Moi je voulais raconter des histoires et le manga, le format sériel, c’était la seule porte d’entrée. Dans la BD, c’est un art super elliptique, tu n’as pas le temps, tu as une limite de page presque drastique, en 43 pages tu ne peux pas raconter grand chose, 60 pages ou 90 si tu arrives à négocier mais ça coûte cher. C’est rare de signer plus d’un diptyque. Le manga tu pars déjà sur 3 tomes, presque 600 pages. Ce que j’aime dans le manga c’est le côté séquentiel. Une BD, quand un personnage donne un coup de poing, tu vois le coup de poing, la case d’après le coup de poing est parti et l’autre personnage l’a pris. Dans le manga, si tu veux faire 15 cases où le coup de poing part, tu peux te le permettre. Tu peux vraiment distiller l’action et la narration, ça s’inscrit vraiment dans ce que je voulais raconter.

 

Tu aurais pu écrire un roman

Alors oui mais les romans c’est encore plus dur à faire signer, surtout en France et surtout de la fantasy. Et au-delà de ça, les romans demandent un savoir-faire que je n’ai pas. Ce n’est pas quelque chose que tu peux apprendre sur le tas, il faut lire des tas de bouquins et avoir un certain talent et je ne pense pas l’avoir. Si j’avais envie de faire un roman, je me lancerai à fond dedans ou je ferai un recueil de nouvelles mais à cette époque-là, ça ne m’était pas venu à l’esprit d’en faire un.

 

Finalement, est-ce que le manga était le moyen le plus rapide de sortir tes histoires ?

Pas le plus rapide car je m’en fous de la rapidité. Si je voulais bien raconter les histoires que j’avais en tête, le manga était la seule voie possible. Mais je ne me suis pas lancé dedans en claquant des doigts. A la base j’ai écrit un scénario, je l’ai fait lire, on m’a dit c’est nul et c’est vrai que c’était nul. On ne se lance pas dans l’écriture d’un scénario sans en connaître les codes alors j’ai lu un tas de bouquins, je suis allé à des conférences, à des masterclass. Au final t’apprends, tu rates, tu recommences, tu rates, tu recommences jusqu’au moment où tu ne rates plus.

 

Quand as-tu commencé Oneira ?

J’ai commencé à écrire Oneira en mars 2017, je l’ai proposé à Timothée de chez Kana en septembre 2018 et il a été signé en 2019. Ça a pris 2 ans et demi avant d’être signé.

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Avant tu as fait autre chose ?

J’avais fait un manga chez H2T qui s’appelle d’encre et de feu. C’était déjà désuet au moment où je l’ai fait, c’était un peu un récit nostalgique de ce que je voulais raconter quand j’étais adolescent. Oneira correspond plus à ce que j’ai envie de lire.

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Pour le dessinateur comment as-tu fait ? As-tu pensé à dessiner toi-même ?

Dessiner ne m’intéresse absolument pas, je suis nul et ça ne me plaît pas et je trouve ça vraiment dur. Par contre, c’est un vrai plaisir de regarder les gens dessiner. Avec Timothée en a fait des passer des castings. On a eu plusieurs essais européens, et c’est vraiment le dossier de Federica qui a le plus marché. En plus de proposer un trait un peu plus dur dark fantasy, Federica apportait une sensibilité, notamment pour la relation mère-fille, il fallait qu’il y ait de l’émotionnel. Dès qu’on a reçu son dossier, on a su que c’était elle.

 

Comment se passe un casting ?

J’ai séquencé, une séquence égale à une page, j’avais fait 2 séquences d’action et 2 de narration, il fallait voir comment la personne se débrouillait et comment on arrivait à créer une symbiose entre le script et le dessin. Mes scripts sont assez poussés dans le détails, indications de lieux, de temps, indications des plans, je propose des angles de vues, je mets les dialogues et je rajoute des intentions, genre en colère… Federica a pour consigne de me dire si elle pense que le plan ne convient pas, elle garde une certaine liberté car le dessin c’est son domaine d’expertise.

 

Est-ce que vous vous sentez vraiment co-auteurs ?

Tellement, car c’est un travail de fusion, on est tous les deux acteurs de l’œuvre. Quand je décris un décor et quand je vois Federica le faire, je me dis c’est tellement mieux que ce que j’avais imaginé. De la même façon qu’elle me fait 100% confiance pour le scénario, je lui fais 100% confiance sur le dessin. Parfois, il y a des petits détails qui ne sont pas dans le script qu’elle rajoute mais c’est toujours cohérent.

 

D’où vient l’idée d’Oneira ?

Ça vient d’une chanson des années 50-60 de Nat King Cole qui s’appelle Nature boy. Un jour, je suis tombé sur une reprise d’une chanteuse scandinave qui s’appelle Aurora. Les premières notes m’ont terrifiées, c’était très viscéral, je l’écoutais en boucle, je me suis dit, il faut que j’arrive à capter le truc de cette histoire, que j’arrive à la raconter et plus je l’imaginais, plus il ne me semblait pas réel. Je me suis dit que c’était quelque chose que je pourrais cauchemarder, alors je me suis renseigné sur cet univers.

Découvrez Nature boy par Aurora

Il fallait, pour moi, que ce soit une femme qui soit le personnage principal. C’était une évidence qu’elle soit dans la quarantaine, car il fallait que ce soit une légende vivante dans son monde, que ce soit une mère, qu’elle ait de l’expérience, il fallait qu’on la suive à un moment où elle est déjà arrivée à maturité, que la relation mère-fille soit déjà installée. C’est un parti pris risqué, car ce que l’on aime chez un personnage c’est voir son évolution. Là on démarre avec une femme qui a déjà des acquis, des certitudes c’est complexe mais c’est plus intéressant car tout le tome 1 va jouer avec un personnage qui est très défini et les tomes 2, 3 et 4 vont la redéfinir d’une certaine manière.

Toute l’histoire était déjà dans ma tête ; dès 2018, je savais déjà où j’allais.

 

Si l’éditeur te dis, ça marche super bien, il faudrait que tu prolonges l’histoire ou a contrario, s’il te dit on s’arrête là, que fais-tu ?

Si je dois le prolonger ce serait possible, vu la fin mais ce n’est pas le but, je pense que je dirais non. Aujourd’hui on a déjà signé 4 tomes qui constituent un préquel à l’histoire principale. Si ça fonctionne, on part sur une histoire longue et là je pourrais tout raconter, au départ je voulais faire entre 10 et 15 tomes. Aujourd’hui, ça se passe bien, on saura en 2023 si on prolonge l’aventure.

 

Est-ce que tu arrives à en vivre ou est-ce que tu fais autre chose à côté ?

Je fais aussi script doctor, les gens m’envoient leurs scripts, je les améliore, je leur trouve de nouveaux axes de lecture, des éléments à creuser. C’est plus ça qui me fait vivre actuellement. Le but c’est de cumuler des projets. Ce qui me prend le plus de temps, d’énergie et d’investissement, c’est Oneira.

 

As-tu d’autres projets ?

Oui, certains concernent Oneira mais dans un autre format ainsi qu’un autre projet de dark fantasy que je ne vais pas tarder à proposer à Kana.

J’ai fini les tomes d’Oneira en 2020, ça me permet de faire d’autre projets autour, un album de musique, une série audio, ça me permet de m’investir dans la production de Federica, et de remanier des petites choses.

 

Comment vis-tu les critiques ?

Oneira n’a pas eu trop de critiques négatives, si c’est constructif, genre il y a une incohérence, là je fais attention. Après si c’est quelqu’un qui dit qu’il aime pas, ben tous les gouts sont dans la nature et ça ne me touche pas.

 

Au début de la lecture d’Oneira, ce n’est pas toujours évident de tout comprendre

Effectivement, il y a énormément d’info, il y a beaucoup de termes. On a essayé de ne pas inventé des noms fantastiques, ou rester dans du latin. Tout ce que l’on n’a pas expliqué dans ce 1er tome, on l’a mis en bonus comme les deux cauchemars qui apparaissent dans le 2eme chapitre. La difficulté c’est que l’on arrive dans une histoire qui est déjà démarrée comme quand on prend un train en marche. Mais on ne voulait pas couper l’immersion, on n’a pas fait des encadrés comme dans certains mangas qui expliquent qui sont les personnages. C’était important d’arriver à embarquer les gens dès le début.

 

Les dessins sont superbes, peut-être un peu chargés par rapport à ce que l’on l’habitude de voir en manga et les dialogues sont appréciables avec du vocabulaire recherché

Federica se cherchait un peu sur le tome 1, depuis elle a changé de plume, elle est plus fine, et elle a aussi changé de manière de dessiner, du coup, le trait est plus clair sur les tomes suivants.

Alors ça, on l’a eu dans les critiques négatives « langage trop soutenu ». Cela va bien dans l’univers. Après on contrebalance, on a des personnages qui parlent comme des rustres. Pour moi c’est plus important de rester sur la ligne directrice et ne pas la tronquer pour un lectorat. Les statistiques montrent que le lectorat d’Oneira et sur la tranche 18-35 ans.

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Merci à CAB d’avoir répondu à nos questions, d’avoir pris le temps de faire une photo et une vidéo exclusive pour les lecteurs de 1001BD et merci à Federica Di Meo pour la dédicace.

 

 

 

 

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