Le Magasin Des Suicides

[Phileas]

[center]
[/center][center][url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=429&u=16913139"][img]http://i31.servimg.com/u/f31/16/91/31/39/97827510.jpg[/img][/url][/center]


[b]Le magasin des suicides[/b]

[b]Scénario[/b] : Olivier Ka
[b]Dessin[/b] : Domitille Collardey
[b]Editeur[/b] : Delcourt
[b]Date de parution[/b] : septembre 2012

[u]Résumé[/u] :
[i]Depuis dix générations, la célèbre maison Tuvache vend des kits suicide pour clients désespérés. La petite boutique familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable, la joie de vivre, en la personne d'Alan, fils cadet et éternel optimiste. Pas facile de trouver sa place en famille ! Et puis, c'est mauvais pour les affaires ![/i]

On l'aura compris dès le résumé : cette adaptation d'un roman à succès de Jean Teulé est une fable pleine d'humour (très) noir qui ose s'attaquer avec une belle désinvolture à un sujet souvent tabou.
Le lecteur suit le quotidien de cette boutique pas comme les autres et a droit à une succession de scènes et de dialogues cocasses et inventifs, servis par un traitement graphique qui ne l'est pas moins. Le style de dessin enfantin convient d'ailleurs parfaitement au ton décalé employé, là où un dessin plus réaliste n'aurait apporté que de la lourdeur.
La cataloguage des différentes façon d'en finir avec la vie est aussi diversifié qu'original : ainsi, la maison Tuvache propose par exemple des kits de suicide Alan Turing qui offrent au client la possibilité de se suicider à la manière du père de l'informatique : avec une pomme empoisonnée que l'on aura préablement peinte sur la petite toile sur chevalet inclue dans le pack... et exposée dans la boutique ! On bien encore de succomber au [i]Death Kiss[/i], en embrassant les lèvres (empoisonnées elles aussi) de la fille aînée de la famille.
Et la boutique ne désemplit jamais !

Les membres de la famille forment une galerie croquignolette de personnages à la morosité de circonstance mais curieusement sympathique dans leur volonté de faire fonctionner une entreprise envers laquelle ils se dévouent corps et âme, quitte à sacrifier leur bonheur sur l'autel de la tradition (mortuaire) familiale et de la rentabilité.
Et, bien sûr, il y a Alan. La brebis galeuse, d'une gaieté et d'un optimisme à toute épreuve qui tranche avec l'ambiance générale et ne rate jamais une occasion de "saboter" les affaires. Un petit être coloré dans un monde de grisaille et de pluie (comme le montre la couverture, comme écrasé par une pouvoyeuse de mort aux allures de cathédrale gothique) qui semble a priori voué à l'exclusion et la solitude de tous les inadaptés mais, par un travail de sape patient faussement candide, dévoilera dans la dernière partie de l'album la mission salvatrice qu'il s'est imposée.

Morbide en apparence mais en réalité hymne à la vie et à l'optimisme, cet album doucement philosophique et hédoniste possède beaucoup de charme, de poésie et d'inventivité. On regrettera juste qu'il soit en brin superficiel dans sa manière d'aborder un sujet qui aurait pu aller plus loin, surtout dans une seconde partie un peu moins réussie qui, bien que plus joyeuse et remuante, manque aussi paradoxalement d'originalité et de rythme par rapport à la première, aussi drôle que morbide.
Le nombre de pages me paraît aussi trop restreint (62 planches) pour une adaptation de roman. Plutôt que d'opter pour le grand format, il aurait peut-être été préférable de proposer un format plus petit avec un bonne centaine de pages.
Quoiqu'il en soit, [i]Le magasin des suicides[/i] est une lecture que je recommande chaudement, qui pour être singulière n'en est pas moins très accessible et divertissante.
Une jolie découverte.

Note : [url="http://www.servimg.com/image_preview.php?i=430&u=16913139"][img]http://i31.servimg.com/u/f31/16/91/31/39/4_014.png[/img][/url]

[alx23]

Il y a aussi une adaptation en film d'animation qui va bientôt sortir au cinéma.

[poseidon2]

Pas mal... je prend !