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Midnight Nation (Intégrale)


Phileas
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[/b]Midnight nation
(Intégrale)
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[b]Scénario[/b] : J. Michael STRACZYNSKI
[b]Dessin[/b] : Gary FRANK
[b]Couleurs[/b] : Matt MILLA
[b]Collection[/b] : CONTREBANDE
[b]Date de parution[/b] : janvier 2014

[u]Résumé[/u] : [i]David Grey est brutalement assassiné pendant une enquête. Mais il n'est pas tout à fait mort. Précisément, il se trouve dans une zone intermédiaire d'où il voit et entend les vivants, alors qu'eux ne le perçoivent pas. Très vite, il va devoir entreprendre un voyage, une quête – limitée dans le temps – pour sauver son âme. Sans quoi, il deviendra un de ces marcheurs décérébrés qui hantent les limbes.[/i]

Cette BD est typiquement le genre d'oeuvre qui ne peut décemment se réduire à un pitch (comme le bref résumé ci-dessus...) incapable de donner une idée de son réel contenu. N'ayant jamais rien lu au préalable de son auteur et seulement muni d'avis favorables plutôt succincts, je m'attendais seulement à un bon divertissement fantastique sympathique mais superficiel, avec son lot de créatures, d'ambiance poisseuse (la couverture a tout de même des allures d'Hellblaizer) et d'action.
Et le début tendait à confirmer cet a priori : un flic hard-boiled perdant son âme, un Los Angeles glauque, un potentiel tueur en série, un passage vers une autre dimension, une fille sexy comme guide... oui, bon : la musique et les paroles sont connues. Pourtant, assez vite, on quitte le domaine du thriller urbain pour une surprenante quête initiatique avec cette longue marche de presque un an (de L.A. à New-York à pieds !) traversant divers états aux paysages inhospitaliers qui sont comme autant d'étapes reflètant le cheminent psychique de David Grey et de la mystérieuse Laurel au pays des laissés-pour-compte et d'une issue qui semble laisser peu de place à l'espoir (thème essentiel de l'histoire).
Et puis, la quête de soi, de son âme perdue et de ses rapports avec les autres (où sont épinglés aussi bien l'égoïsme que l'altruisme, voir le sacrifice) n'empêche pas cette BD d'avoir son lot de scènes d'action même si certains trouveront ce voyage longuet et manquant de grosses péripéties
En fait, les moments de tension entre les personnages et leurs enjeux, les incertitudes et les non-dits, comptent davantage que les quelques attaques des Marcheurs qui semblent surtout apparaître pour donner au lecteur sa dose d'action nécessaire et rappeler la présence d'un danger aussi bien physiques que mental.

Le coeur (et ce n'est pas un vain mot ici) de l'oeuvre se situe surtout du côté d'une série de réflexions assez profondes mais évoquées en filigrane des situations sur diverses notions attachées à la nature humaine, à la création, à la souffrance, au pardon, à la compassion mais surtout à l'espoir, ce sentiment intimement lié à la survie et au sens que l'on veut bien (ou pas) donné à l'existence, sans lequel l'homme, après avoir fait son choix, peut vite sombrer du côté obscur jusqu'à en perdre son âme et rejoindre les rangs de ces Marcheurs aussi effrayants que pathétiques. Même si je regrette que l'auteur se soit contenté, pour son allégorie, de convoquer au final une figure diabolique classique et prévisible du folklore judéo-chrétien car on pouvait trouver plus original, son approche n'est pas inintéressante sur certains aspects. Ainsi le Mal se débat ici dans des oripeaux finalement assez peu reluisants et tourmenté par une création considérée comme un beau ratage du Grand Architecte.
Strazynski (bien qu'athée) brasse ainsi des thèmes philosophico-théologiques assez classiques mais au service d'une dramaturgie intense aux thèmes universels qui ne sont pas l'apanage que de la religion. Et il ose même reprendre les motifs les plus pathétiques du christianisme (damnés, crucifixion, angélisme et sacrifice ultime) sans trop tomber dans le ridicule ou le misérabilisme. Une vraie émotion se dégage tout au long de l'album jusqu'à son point culminant empreint de mélancolie et, pour ne parler que de la relation entre David et Laurel, c'est une bonne chose d'avoir évité la scène de sexe que l'on pouvait craindre ou l'amourette de circonstance puisque leur rapport se situe sur un autre plan, moins conventionnel et plus troublant.

Pour peu que l'on redescende un peu sur Terre (ou que l'on remonte de l'Enfer chrétien et son symbolisme quelque peu appuyé), [i]Midnight Nation[/i] ne doit pas faire oublier non plus que son titre fait écho à une réalité sociale bien réelle que l'auteur métaphorise grâce au genre fantastique et cet "entre-deux", endroit imaginaire à cheval entre notre monde et un autre dans lequel se retrouvent tous les abandonnés du système, les exclus, les réprouvés, les esseulés, tous finissant par disparaître - au sens littéral - d'une société normative et égoïste qui ne les perçoit plus. Strazynski raconte dans une postface sa propre longue marche au bout de la nuit et sa fréquentation de la marginalité invisible des grandes villes américaines qui ont nourris en partie cette oeuvre. Pour cet auteur, il est manifeste que le fantastique ne doit pas être qu'une plaisante fantaisie ludique sans réel propos et coupée de toute référence au monde réel. Il le démontre ici avec clarté et pertinence (quitte peut-être à en faire trop dans l'allégorie parfois ?) non seulement dans son propos humaniste mais aussi dans son talent de conteur capable de créer des personnages ayant du relief et des situations qui, sans user de péripéties à gogos, restent prenantes.
Un mot concernant le dessinateur Gary Frank qui a officié sur ce travail au long court de plus de 250 planches : à voir le résultat, on ne peut que se féliciter qu'il soit resté le seul maître à bord : son dessin est net, expressif, travaillé et sa mise en scène irréprochable.
En bref, une série hautement recommandable et commodément réunie en une seule intégrale.

Note : [img]http://www.1001bd.com/tmp/pic/note/4.5.png[/img]
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Je suis d'accord avec toi. C'est une vrai bonne histoire.
J'aurai tendance à lui reprocher uniquement un manque de rythme par moment et, comme tu le disais, un méchant un tout petit peu prévisible.

On se doute aussi un tout petit peu trop du choix qu'il va faire à la fin. Peut etre est la déformation du cinéma américain mais j'aurai aimé un peu plus d’hésitation....

Mais c'est très bien !
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Oui, je suis d'accord avec ces quelques réserves, que j'aurais pu indiquer dans ma chronique mais elle était déjà bien longue. Je préférais attendre pour en parler maintenant.

J'ai aussi trouvé étrange que, à la fin, après avoir abandonné son âme (ce qui n'est pas rien quand même ^^), David reprenne finalement sa vie de flic comme si de rien n'était. Pour l'expliquer, j'y ai vu une sorte de miséricorde divine (non formulée) qui me dérange un peu. C'est un peu comme dans certaines comédies fantastiques américaines : "oh, il n'a pas hésite à se sacrifier pour autrui. Puisque c'est ainsi, on passe l'éponge"
Pour ma part, il m'aurait paru plus logique que David devienne plutôt une sorte de paumé errant à jamais entre les deux mondes et donc incapable de reprendre sa vie d'avant (et de revoir Laurel). En plus son sacrifice aurait eu plus de sens et d'ampleur.
Là, il est plutôt [i]présent[/i] dans les deux mondes à la fin, pas paumé du tout et même toujours prêt à jouer les bons samaritains.
Mais bon... l'auteur est un humaniste et un optimiste.

Enfin, du moment que tu as apprécié... et que tu ne regrettes pas tes 27 € [img]http://www.1001bd.com/forums_BD/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]
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