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The Dark Knight


JKKS
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Voilà la critique complète de Mad Movies:

"Non, The Dark Knight n’est pas le chef-d’œuvre annoncé. Il est bien autre chose. Un voyage au fin fond des ténèbres, un « film de l’été » ou le soleil ne brille jamais.

Dès les premières images, il est évident que The Dark Knight n’est pas « juste » une séquelle se la jouant "bigger and better", mais plutôt une suite directe carburant au "darker and deeper". En l’espace de quelques plans portés par le score pulsatif et grondant de la dream team Zimmer/JNH, on assiste à l’explosion d’une atmosphère héritée à la fois de Heat et de l’expressionnisme Allemand, où Gotham devient le théâtre d’un spectacle qui parvient, par on ne sait quel miracle, à rendre réaliste et crédible un univers logiquement imaginaire puisqu’issu du comics. Plus l’intrigue avance, plus on plonge en plein rêve éveillé, même si celui-ci s’apparente à un cauchemar hanté par les ténèbres ou ondulent parfois les lueurs d’un romantisme condamné à mourir sous les assauts de la tragédie. Plus qu’un blockbuster à l’audace parfois inouïe, The Dark Knight se déploie tel l’étendard d’un nouveau genre où l’implication émotionnelle est totale.

En effet, ce n’est pas l’action en soi qui intéresse Christopher Nolan, mais bel et bien ce qui la provoque. Un angle d’attaque qui exige forcément de fouiller les personnages jusqu’à parfois les dépouiller pour que leur véritable essence envahisse l’écran au point de le dévorer. A cet égard, on a parfois l’impression que l’ampleur pourtant impressionnante de la mise en scène ne suffira pas à contenir leur densité. Et comme on en sait déjà beaucoup sur Bruce Wayne et Batman, ce sont bien sûr ceux qui l’entourent qui bénéficient en premier lieu de ce traitement. A commencer par le Joker, incarné par un Heath Ledger foudroyant qui fait passer toute la folie et la douleur de son personnage avec une aisance qui fait froid dans le dos. Aaron Eckhart crée quant à lui un Harvey Dent dont le charme héroïque parviendrait presque à éclipser celui de Batman, tant il croit en des valeurs nobles qui, une fois bafouées par le destin, font de lui un être en proie à une souffrance telle qu’elle en devient bouleversante, et dont il traduit les tourments avec une intensité qui cloue au sol : impossible d’oublier son regard dans ces moments-là…

Avec un art de l’équilibre assez stupéfiant, Christopher Nolan réussit en outre à étoffer des rôles aussi secondaires que ceux de Gordon ou de Rachel (sublime Maggie Gyllenhaal), qui sont aussi là pour affirmer que dans The Dark Knight, chaque geste, chaque parole ou chaque action des uns nourrit ceux des autres, dans une espèce de ballet dont la chorégraphie étourdissante menace à chaque instant de trébucher. Une danse de la mort orchestrée par les sanglots et les hurlements, ou personne n’est épargné, quitte à plonger le film dans une autre dimension. A cet égard, The Dark Knight est révolutionnaire, presque anti-commercial, d’une cruauté abyssale et d’une noirceur absolue, a fortiori pour un blockbuster. Le seul souci dans cette approche, c’est que Batman se retrouve un peu sacrifié, et qu’il est ici plus spectateur qu’acteur. Une méthode qui désarçonne, jusqu’à ce qu’on réalise finalement qu’elle n’est employée que dans un seul but : lorsque Batman, in extremis, devient enfin actif, on est littéralement à sa place, puisqu’on l’a accompagné dans un rôle passif durant presque toute l’intrigue. Une fois encore, tout passe par l’empathie, même si celle-ci n’est pas sans danger puisque dans ce monde de démence, Batman règne en souverain. Oui, Bruce Wayne est toujours en proie à ses démons, et ce sont eux qui nous sautent à la gorge alors qu’on avait oublié qu’ils étaient tapis, prêts à bondir. Jusqu’à un final tétanisant qui replace le héros dans une perspective aussi excitante que risquée d’un strict point de vue moral.

Mais là où Batman Begins était un film sur la schizophrénie, The Dark Knight est un film sur le pouvoir. Celui qui ne peut mener qu’au crime et à la folie. Aborder ce sujet réclamait le souffle épique d’un Michael Mann ou d’un Martin Scorsese, et il est bel et bien là. Le style de Nolan acquiert ici une grandeur unique, au risque de paraître trop bavard ou trop généreux dans le détail, ce qui entraîne parfois de sacrées baisses de rythme. Pourtant, il n’y a pas une scène inutile dans le film, à tel point qu’il exige une attention de tous les instants si on ne veut pas s’y noyer. On navigue à cent lieues de Spider-Man : The Dark Knight est, encore plus que Batman Begins, un film pour adultes, dont les aspects romanesques et spectaculaires ne sont jamais gratuits. A cet égard, il s’agit avant tout d’un véritable film d’auteur, d’une expérience inédite et aveuglante, autant d’un point de vue émotionnel que visuel. On n’est pas prêts d’oublier le cri de désespoir terrifiant d’un des protagonistes, qui glace le sang et continue de résonner bien après la projection, ni d’être hanté par les visions d’une Gotham métamorphosée en antichambre des Enfers. En langage clair, on appelle ça un choc traumatique."
Par Cédric Delelée
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La critique de Mcinéma:

"Bien que bourrés de gros défauts (un premier tiers un peu balourd, un méchant d’une fadeur rare et une mise en scène peu heureuse dans les scènes d’action) les bonnes intentions de BATMAN BEGINS ne faisaient aucun doute et laissaient présager du meilleur pour la suite. Dès la première scène de THE DARK KNIGHT, toute en étouffante tension, Christopher Nolan, enfin totalement maître de sa mise en scène, cloue le public à son siège. Avec la ville de Chicago en terrain de jeu figurant la cité de Gotham (exit les décors en carton pâte du précédent opus), Nolan confirme immédiatement ses ambitions : son super-héros n’a rien de fantasmagorique, et évolue dans un univers ultra-réel de polar urbain. Loin des cauchemars gothiques ultra-stylisés de Tim Burton, à mille lieux du délire « queer » de Schumacher, le Britannique entend davantage s’approprier les thèmes de la BD pour en faire un long métrage bien dans son temps, plutôt que de livrer une version filmée esthétiquement respectueuse du « comic ». Résultat, THE DARK KNIGHT, visuellement tendu sans être épileptique, rappelle davantage le cinéma de Michael Mann qu’un énième film de super-héros.

La fascination générée par ce mélange des genres est totale. Nolan use avec brio de la mythologie Batman, qu’il respecte (la fascination réciproque entre Joker et Batman) ou viole à sa guise (la naissance de Double Face, la genèse du Joker passée sous silence), et fait de la licence « DC Comics » une formidable plongée dans la société contemporaine. Le terrorisme du Joker y fait face à l’ambiguë soif de justice de Batman et Harvey Dent. De ce combat homérique entre Bien et Mal qui déchire chaque personnage, surgit un film d’une densité vertigineuse où les personnages sont les vrais moteurs du récit, fait rare dans le genre. Redoutablement interprétés, écrits avec patience et soin, héros comme méchants affichent une profondeur bienvenue. Attachants et fascinants, ils donnent au pan psychologique du film toute sa saveur et rendent les moments de bravoure d’autant plus jouissifs. Du vrai grand cinéma de divertissement, et de très loin la meilleure aventure de Batman sur grand écran. Vivement la suite !"
Note: 5/5 Par Aurélien Allin

Concernant Rottentomatoes (site de compilation de la critique professionnelle anglo-saxone), The Dark Knight a battu le record du nombre de critiques enregistrées avec 246 avis dont 232 positifs et 14 négatifs (94% d'opinions favorables) et une note moyenne à 8,5/10.
A propos des avis de spectateurs maintenant. IMDB le classe toujours en tête de son classement des meilleurs films avec 146180 votes et la note moyenne de 9,3/10.

Et signalons qu'au niveau du box-office les records continuent à s'accumuler. Il a récolté 75,6 millions de dollars pour son second week-end (le record précédent était détenu par Shrek 2 avec 72,2 M$). Ce résultat monte son total de recettes sur 10 jours à 314,2 M$ (le record précédent était détenu par le second volet de Pirates des Caraïbes avec un peu plus de 258 M$ en 10 jours). L'année risque d'être bonne pour la Warner.

PS: Les chiffres du B.O. que je donne ne prennent en compte que les recettes domestiques. Je vous tiendrais au courant prochainement des recettes récoltées à l'international.
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CITATION(Esteban @ 28/07/2008 à 17:12) [snapback]109433[/snapback]
ça commence par "bien que bourrés de gros défauts", et là je me suis dit "Ah! Enfin quelqu'un qui a des réserves", et puis non, c'était pour Batman Begins. rolleyes.gif



argggggggggggggg j'avais pas lu cette critique de débile....dire que la première partie de batman begins est baloure...mon dieu mais quel crétin ce critique...

( dsl je trouve justement ce premier tier extrement bon, entre ambiance et personnage à poser...c'est superbe à mon sens...)

bref tout ça pour dire, que j'ai revu le 1er hier sur france 2 et pour en revenir à katie holmes je comprends pas vraiment ce qu'on lui reprochait...hormis peut être de faire trop jeune? je ne l'ai pas trouvé si mauvaise que cela...

d'ou ma question de pourquoi du comment a t'elle été remplacé?
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Effectivement mais je crois honnêtement que c'est parce qu'on s'y est plus ou moins habitué.
Au premier visionnage de Batman Begins, je dois admettre que sa performance m'avait piqué les yeux.
C'était probablement dû au casting qui l'entourait d'ailleurs parce que, in fine, je suis plutôt d'accord avec toi, elle est un peu limite mais finalement pas honteuse.

Pour revenir sur son remplacement, officiellement il est dû à un conflit de plannings. Officieusement Nolan c'est débarrassé dès qu'il a pu d'une actrice qui n'avait jamais réussi à s'intégrer à l'équipe (elle a fait plusieurs crises d'angoisse sur le tournage), qui a sabordé la campagne promo de son film avec les conneries scientologiques de son mari mais surtout, il a liquidé Katie Holmes parce qu'elle lui avait été imposée par la production, dans le but d'amadouer une cible djeun's qui aurait pût être rebutée par un opus trop sombre (elle jouait dans Dawson pour ceux qui ne s'en souviennent pas).

Et je suis évidemment d'accord avec toi pour dire que le premier tiers de Batman Begins est excellent. Probablement la meilleur partie du film d'ailleurs.
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Précisemment 393,751,065 $ de recettes domestiques auxquelles on peut d'ors et déjà ajouter 202,500,000 $ de recettes à l'international (le chiffre est déjà daté) ce qui ramène à un total de 596,251,065 $. Oui, c'est ce qu'on peut appeler un joli petit score. biggrin.gif

Pour info, le film a d'ors et déjà dépassé les 400 millions de dollars de recettes domestiques (reste à savoir si ce dépassement à eu lieu lundi ou mardi) ce qui fait un autre record de battu. Le précédent était détenu par Shrek qui avait mit 43 jours pour atteindre cette barre (contre 18 ou 19 jours à The Dark Knight).

Et pour ceux, comme moi, qui se sont inquiétés de l'état de santé de Morgan Freeman victime dimanche soir d'un accident de voiture, sachez qu'il va bien malgré de premières informations très alarmistes qui l'annonçaient entre la vie et la mort. Il a un bras et une épaule de cassé et devrait être complètement remit d'ici 6 à 8 mois selon l'équipe de l'hôpital dans lequel il a été transporté. Mais il y a quand même un drôle de karma sur ce film ...

Edit: The Dark Knight a dépassé la barre symbolique des 400 millions de dollars domestiques lundi 4 août soit au bout de 18 jours d'exploitation seulement. Avec une journée à 6,287,429 $ et un total de 400,038,494 $ il ne se trouve plus qu'à 3,7 M$ du premier Spider-Man qui trônait jusqu'alors au sommet du box-office des super-héros. Trônait parce que la journée de mardi a probablement suffit à la chauve-souris pour terrasser définitivement l'araignée.
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Il a fallu attendre la presse française pour foutre la merde, critiques mitigées de Marianne, Brazil et du Nouvel Obs. Sans me faire le partisan d'une forme malsaine de "pensée unique", je trouve ce côté "tout le monde adore, donc je vais chier dessus" vraiment lassant à la longue.
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CITATION(JKKS @ 09/08/2008 à 12:52) [snapback]110073[/snapback]
Il a fallu attendre la presse française pour foutre la merde, critiques mitigées de Marianne, Brazil et du Nouvel Obs. Sans me faire le partisan d'une forme malsaine de "pensée unique", je trouve ce côté "tout le monde adore, donc je vais chier dessus" vraiment lassant à la longue.

Et tu ne crois pas qu'aux Etats Unis il n'y a pas un phénomène inverse. C'est LE film a encenser actuellement, interdiction de ne pas aimer. Un film, quel qu'il soit, n'est pas censé être aimé aussi fort par tout le monde.
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CITATION(Esteban @ 11/08/2008 à 13:48) [snapback]110103[/snapback]
Et tu ne crois pas qu'aux Etats Unis il n'y a pas un phénomène inverse. C'est LE film a encenser actuellement, interdiction de ne pas aimer. Un film, quel qu'il soit, n'est pas censé être aimé aussi fort par tout le monde.



ah judiscieuse remarque!

il est vrais...que les ricains ont un certain point de vue du patriotisme...
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CITATION(JKKS @ 09/08/2008 à 12:52) [snapback]110073[/snapback]
Il a fallu attendre la presse française pour foutre la merde, critiques mitigées de Marianne, Brazil et du Nouvel Obs. Sans me faire le partisan d'une forme malsaine de "pensée unique", je trouve ce côté "tout le monde adore, donc je vais chier dessus" vraiment lassant à la longue.


ben dans Femina les nanas ont l'air d'avoir adoré, comme quoi... mais je me doute que tu ne lis pas ce genre de revue, remarque moi non plus en temps normal mais vacances vacances (ouhla je m'égare...)

par contre une seule étoile pour wall-e alors que penser de leur jugement ????
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je viens de lire la critique du nouvel obs en question....


j'ai été moi même critique ciné pendant 2 ans dans un journal...


et je peux dire ceci...

c'est un pauvre type ce gars...critique facile...d'un amateur de cinéma français débilisé qui ne jure que par la prestation d'un guillaume canet en transexuel sinon rien...

quand est ce que les critiques et qui plus est français vont il comprendre que le cinéma c'est aussi fait pour rever...

fatiguant à la longue cette masturbation d'intello suffisant...

fatiguant de refiler des critiques de films à des mecs qui n'ont même pas une once de connaissance du sujet...

angry.gif angry.gif
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Et je me suis fait la même réflexion à propos de la critique de Marianne (chez Brazil l'angle est un peu différent) et ça m'embête parce que c'est Macé-Scaron qui l'a écrite (mais encore une fois, je ne vois pas très bien en quoi l'avis d'un journaliste politique mérite sa place dans les pages cultures du journal) et que j'apprécie beaucoup ce type. Après, je peux comprendre que l'on apprécie pas un film et là n'est pas le débat, ce que j'admets plus difficilement c'est que l'on assume pas son choix et que l'on cherche à le légitimer en faisant preuve d'une mauvaise fois mollassonne (ce qui est la cas de la critique de Marianne) ou en noyant le propos du film et le film lui-même sous un flot de régurgitations intellectualisantes à la sauce Nouvel Obs.

Mais bon, il n'y a pas non plus de quoi fouetter un chat. Je pense que ce genre d'avis ne devrait de toute façon pas être légion. La preuve wink.gif

Extrait des critiques respectives de Télérama et des Inrocks (vont finir par moins me déplaire ceux-là biggrin.gif):

"Avec The Dark Knight, Christopher Nolan et son frère Jonathan ont écrit l'épisode le plus sombre et le plus pessimiste de la saga (...). Heath Ledger crève littéralement l'écran."
Note 4/5 Par Jérémie Couston

On est ici, maintenant, et l'actualité hurle entre chaque image. (...) The Dark Knight [fait] le choix assumé du sérieux et du premier degré (...) désormais Batman avance dans une nuit épaisse, celle d'un concentré de fiction lourd du poids de l'époque. Note 4/4 Par Jean-Marc Lalanne

Et me concernant, je m'impressionne à être d'un calme absolument olympien. biggrin.gif
Le seul dilemme qui me tiraille c'est que j'ai les 6 première minutes du film en HD et tout et que j'hésite vraiment à les regarder.
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c'est simple tu ne les regardes pas....!

explication pour la critique de Marianne....:

un journaliste reconnu se croit généralement bon partout. Ensuite mr a besoin de sous. mr n'a pas fait beaucoup de lignes ce mois ci et mr a besoin d'un petit plus pour les vacances. et comme mr a eut la chance de voir le film parce qu'il est connu....mr a donc en toute légitimité le droit de critiquer le film de la sorte....

à la française.

encore une fois critiquer est une chose mais snobiser avec des arguments proches du rien en est une autre et ça m'énerve angry.gif
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A J-1. Petit point sur le Box-Office.

Les recettes domestiques à 24 jours d'exploitation (avec les chiffres du week-end donc) s'élèvent à 441,628,497 $.
Les recettes à l'international maintenant (et là, il est plus délicat d'obtenir des données à jour), approchent les 263,5 millions de dollars. Ce qui nous fait un total déjà confortable de 705,128,497 $.

Pour info, The Dark Knight est actuellement à la troisème place des films les plus rémunérateurs de l'histoire (en recettes domestiques). Le prochain à être croqué devrait être Star Wars et ses 460 millions de dollars. L'ogre Titanic et ses 600 millions ne devraient pas être inquiétées.
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Même ces "bons à rien" de Ciné Live ont aimé biggrin.gif (je déconne)

La critique de Ciné Live:

"Christopher Nolan est un dieu. Avec Batman & Robin, Joel Schumacher avait porté l’estocade à un justicier moulé en Inspecteur Gadget frimeur, cartoonesque à outrance, au glamour de bazar. La certitude s’abattait comme une guillotine : jamais Batman ne s’en relèverait. Christopher Nolan accomplit pourtant la résurrection de l’impossible en dévorant ses DC Comics avec envie, redressant Batman pour mieux le guider vers ses origines, ceux d’un héros qui tait son nom, à l’esprit torturé, un anti-Superman qui ne connaîtrait jamais la chaleur des acclamations d’une foule et devra avancer dans les ténèbres. Si Batman Begins était un film où l’ombre d’un homme chauve-souris planait sur une ville aux bleus profonds, couleurs de nuit, The Dark Knight fait tomber sur Gotham City une lumière blanche sous un ciel de plomb. Une mégalopole tentaculaire forgée dans le métal et l’acier, plus proche de nous encore qu’auparavant. Finie la terreur à tête de sac momifiée campée par Cillian Murphy, cette fois, c’est un bouffon psychopathe qui répand le chaos en plein jour, braquant les coffres des mafieux locaux, dézinguant sans préavis ses complices d’un jour, et réinventant l’histoire de son sourire mutilé à chaque nouveau meurtre. Voici venu le temps du Joker. Derrière le maquillage dégoulinant de l’illuminé, on découvre un Heath Ledger au sommet. Puissant. Terrifiant de cohérence dans sa démence, aussi. Il nous aura donc quitté sur un coup d’éclat (The Imaginarium of Doctor Parnassus, le film à venir de Terry Gilliam, mis à part). Un compliment qui n’est pas à prendre comme une politesse posthume. On pourra bien commenter cette performance, on restera en dessous de la force qui se dégage de son Joker… de cette version négative de Batman. Car le tandem des frères Nolan ont livré un scénario au sens du détail exacerbé où il est question de double jeu, de l’image que l’on donne à la ville et où, au bout du compte, la droiture absolue est impossible. Dans le rôle du procureur incorruptible Harvey Dent, même Aaron Eckhart et son regard sans faille feront les frais de cette vérité implacable. Il est un chevalier blanc acharné, accompagné d’une Maggie Gyllenhaal bien plus solide en assistante tiraillée entre deux hommes que ne l’était la transparente Katie Holmes dans le même rôle. Le deuxième, c’est bien sûr Christian Bale qui conduit son paria de héros vers des choix de plus en plus impossibles. Nolan a dépourvu son Batman des rares repères qu’il lui restait encore. Toujours à l’état de cendres, le manoir des Wayne a fait place à un loft hyper moderne et glacé où le Bruce Wayne de Christian Bale parade comme un coq une blonde à chaque bras. Une galerie de gueules sexy qui jouent sans fard dans un univers de destruction duquel triomphe l’être humain dans sa plus inquiétante dualité."

Par Christophe Chadefaud Note: 4/5
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Et la critique de Chronicart :

Les bonnes dispositions prises par Batman begins se confirment en apothéose. Il n'est d'ailleurs pas interdit de voir dans ce second Batman version Nolan le sommet de toute la saga, tant le cinéaste s'approprie la matière mythologique de l'homme-chauve-souris sans une once de second degré, avec une naïveté, un sens du devoir un peu transi qui, loin de contribuer à livrer un monde clé en main (à la manière un peu autiste et cannibale de Burton), semble en permanence ouvert à tous les re-départs, tendu à l'extrême, sur le fil. A cette ouverture, le film doit sa beauté sans prix : une façon si entière d'avaler les grandes scènes, de gonfler jusqu'à menacer d'exploser, de se refuser à tout repli qui en fait sans aucun doute l'épisode le plus lyrique et le plus bouleversant de la série. Cela part d'une très belle idée : Batman, arrivé au point-limite de son emprise sur le crime qui ravage Gotham City (il est sur le point de passer le relais au pouvoir officiel, incarné par l'homme de loi Harvey Dent), découvre l'envers nocif et crépusculaire de son pouvoir.

Mettre ainsi la binarité toute contemporaine de l'univers des super-héros à l'épreuve du doute (le jeu du « pile ou face » qui se substitue à la logique du bien et du mal) n'est pas sans danger. En s'ouvrant à un degré de réalisme jamais atteint auparavant, symbolisé par la partie à Hong Kong ou par les références au terrorisme mille fois plus senties que celles de V pour Vendetta (la mythologie se frotte alors, littéralement, à l'inconnu), The Dark knight menace aussi sans cesse de revenir, comme en un refuge, à ses vieilles breloques morales (l'humanisme outré de la séquence des bateaux bourrés d'explosif, alors même que le film semblait prêt à faire imploser son idéal super-héroïque). Politique ? Il y a en tout cas dans ce principe d'ouverture / fermeture tout en extrêmes la prescience d'un effritement salutaire, donnant cette impression que le film avance dans une nuit de questions à la manière d'un paquebot titubant, cherchant en permanence la rupture pour mieux retrouver, in extremis, son empire souverain (cf. la très belle scène finale où Batman repart dans la nuit).

C'est que le film flotte toujours au dessus de cette pesanteur métaphysique où les limites de Nolan (brillant illustrateur, metteur en scène un peu pataud) pourraient le pousser. Il faut avant tout voir The Dark Knight comme un beau film naïf, où les questions un peu écrasantes se dissipent au profit d'une électricité macabre en roue libre. C'est là qu'entre en jeu le Joker : il fait à lui-seul du film un chef-d'oeuvre, trouant cet opus de ses ignobles farces, ouvrant en lui des galeries illuminées d'épouvante. La performance crépitante et cathartique de feu Heath Ledger en fait un corps d'altérité absolue : clown blafard et dégoulinant, junkie d'apocalypse, épave fumante autant que créature saturée d'étrangeté (voir la scène absolument sublime où le prédateur demeure immobile, irradiant de malfaisance et minablement humain, dans la cage du commissariat). Avec lui, ce que le film garde d'un peu pesant (les références au polar mannien, les longueurs de la fin) se consume dans une traînée de fumigènes colorés. Ne reste que le lyrisme dégingandé, au suspense admirable, des prises d'otage démentes auxquelles Batman et le spectateur sont livrés comme au chaos (énorme aussi, le rôle tenu par le méchant désespéré « Pile ou Face »), et cette certitude que l'on tient là le film de super-héros rêvé de notre enfance.


Par Vincent Malausa Note: 4/5

Juste ça: [...]où les limites de Nolan (brillant illustrateur, metteur en scène un peu pataud)[...], je ne suis pas du tout d'accord. L'inverse à la rigueur, encore que la discrétion de son illustration aille souvent de paire avec sa volonté de ne pas parasiter le propos de l'histoire qu'il met en scène. Un peu à la manière d'un Alan Moore qui s'est souvent entouré de dessinateurs aux styles assez effacés de manière à ce que son scénario conserve une place prépondérante.
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