Le thème des grandes histoires d'amour est un support assez rare dans le monde du 9ème art. On peut d'ailleurs s'interroger sur une telle absence, certes on en trouve, mais si peu... Peut-être est-ce le média qui ne s'y prête guère ? L'expressivité des visages passionnés, le poids de la musique, le bruit de la pluie tombant sur les grandes déclarations d'amour etc.... D'après trois textes de Diastème, Alain Kokor réalise l'exploit de la BD romancée parfaite ! LA grande histoire d'amour qui donne ses lettres de noblesse à la passion. Tout commence avec Lucie, seule ou presque, dans sa chambre mansardée sous une chaleur étouffante, elle raconte sa vie à l'âge de 14 ans, ses parents et surtout : Simon. Un dialogue à l'accent onirique intervient entre les deux tourtereaux, le lecteur confond le rêve et la réalité, le passé du présent, tout se mêle dans une danse passionnée, comme un écho des grandes tragédies romantiques littéraires. Puis, on retrouve Simon interné en psychiatrie, pour quel motif et combien de temps ? Il écrit et se livre pleinement à son tour, ses rencontres à l'institut et son amour fou pour Lucie. Le scénario commence à s'épaissir, le lecteur pensant s'être égaré dans un songe, entrevoit les tenants et les aboutissants. On est tenu en haleine jusqu'à la dernière page, avec le coeur battant la chamade, comment cette histoire peut-elle se terminer ? De son trait pauvre en couleurs, mais si riche en symboles, son découpage pertinent lors des échanges entre Simon et le psychiatre, Kokor nous régale littéralement ! Il distribue la couleur lorsqu'elle sert le récit et repasse à une bichromie adaptée aux situations. Du génie au service d'une oeuvre marquante ! Simon et Lucie, Lucie et Simon, et si...
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