Vous ne l’attendiez pas et pourtant !

 Au détour d’une conversation sur la chronique de Lawmen of the west, Tiburce Oger a très gentiment accepté de nous livrer son ressenti d’auteur à travers une petite interview que je vous laisse découvrir ci-dessous.

 Merci à lui d’avoir consacré du temps pour parler avec nous de notre passion commune : la bd.

 

Ce Lawmen of the West est votre 4ème tome sur ce principe, en avez-vous d’autres en projet ? Un Women of the West que vous aviez évoqué, autre chose ? 

 

 Oui, j' ai plusieurs projets concernant la série Go West. Je n'en dirai hélas pas plus, je viens d'apprendre qu'un projet de collectif western « secret » se prépare chez un autre éditeur... Comme quoi les éditeurs qui refusaient il y a peu de faire des collectifs ont la mémoire courte ( et assez peu de scrupule...) .

 

 

Quel est pour vous l’avantage (ou pas) de livrer seulement des histoires courtes ?

  C'est un excercice cent fois plus difficile qu'un récit long, sur lequel on peut faire des pauses, des moments intimistes à la mode série télé en vogue actuellement. J'essaie d'écrire de manière concise  des morceaux de vies sur lesquelles les lecteurs peuvent s'intéresser à leur tour et découvrir encore des choses. Avant tout, j'essaie de montrer dans ces destins authentiques l'aspect extraordinaire, sans tomber dans la surenchère actuelle des récits de fiction.

La série prend un tour presque documentaire, pouvez-vous nous expliquer ce choix d’auteur par rapport à vos productions plus romanesques ? 

  Flûte, j'ai répondu plus haut ! 😉

 Vous avez passé un an à cumuler infos et recherches pour établir le contenu de Lawmen of the West . Comment avez-vous procédé pour cette recherche documentaire ?

 Livres, recherches sur le net, archives americaines, etc. Je pars souvent sur plusieurs destins pour un seul thème ou une seule période à traiter, puis je choisis celui qui me semble le plus emblématique. 

 

Vous collaborez avec d’immenses dessinateurs actuels au fil de ces histoires courtes, est-ce que cela vous donne envie de prolonger l’expérience avec certains d’entre eux sur un format plus long ?

 

 J'en rêve, mais Go west me prend un temps fou pour le moment. Nous avons un projet avec Jef, un immense talent qui intègre tout de suite mes intentions scénaristiques. 

 

Pour rester dans l’univers « western » verra t’on un jour une suite à La piste des ombres ?

  J'aimerais vraiment. Le tome 4 est écrit. Il faudrait sortir un seul volume avec la fin. A voir dans quelques années. 

 

 

 

Vous avez abordé de nombreux thèmes au cours de votre carrière, même une association avec un « jeune » scénariste en la personne de Vincent Perez sur La forêt; allez-vous revenir à la fantasy un jour ?

  Je ne sais pas ; ou alors sur l'univers de Gorn, par nostalgie. En collaboration avec un scénariste, je ne pense pas. J'ai passé 13 ans de ma carrière à dessiner pour d'autres scénaristes, et j'ai tellement d'histoires en tête, il me faudrait deux vies 🙂

De ces collaborations passées, que préférez-vous ? Ecrire, dessiner, les deux ?

 

 L'écriture actuelle me plait comme jamais, malgré la difficulté que le lecteur ne ressent pas forcément. Dessiner Buffalo runner ou Ghost kid m'a beaucoup plus également. Ma guerre, sur la déportation de mon grand-père, a été passionnant mais éprouvant. 

 

Pour beaucoup d’entre nous, vous magnifiez le romanesque et l’imaginaire, votre saga Gorn nous a marqués, quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette histoire ?

J'ai une affection toute particulière pour ma première série. Rien n'était gagné au départ. J'avais un projet de western avec le fantôme d'un soldat confédéré qui revenait d'entre les morts pour retrouver la femme de sa vie. On me disait à l'époque que le western était mort...:) … Et que l'avenir était à l'héroic fantasy.

J'ai décidé alors de faire une parodie du genre en reprenant le thème de mon projet western. Et je me suis pris au jeu, l'histoire a pris la direction d'une saga romantique dans laquelle je transposais mes angoisses, ma colère face aux injustices du monde et de la vie.

 

Les débuts ne furent pas glorieux, 3500 exemplaires la première année sur chacun des trois premiers tomes . Et le tome 4 a décollé, allez savoir pourquoi ?:)

 

Pouvez-vous nous raconter comment vous est venue l’envie de faire « Ma guerre, de la Rochelle à Dachau » ? Pourrait on vous revoir sur ce genre de projets plus « personnels » ? 

  Mon grand-père reçut la légion d'honneur en 2015 pour ses actes de résistance. Il n'avait jamais rien réclamé mais il accepta l'honneur tardif qui lui était fait. Et il a commencé à raconter ce qu'il avait vécu, la résistance, la déportation, les tortures...

 

 

Ses souvenirs ont été enregistrés sur l'impulsion de ma tante qui avait connu les années de silence et de non dit. J'ai dit à mon grand-père qu'il fallait en faire un livre. Il m'a répondu «  d'accord si c'est toi qui le fait ! » . Ce fut un immense honneur, et un gros travail de recherches pour corroborer ses souvenirs, je l'appelais souvent pour une description, un lieu, un visage de kapo ou de gardien ss, la manière de fabriquer un cocktail molotov, la ration quotidienne à Dachau, etc... Quand j'ai dessiné les premières jeeps entrant dans le camp d'Allach, j'ai dit à mon épouse « ça y est, je suis libéré », tellement dessiner les tortures, les pendaisons, les tas de cadavres morts du typhus, mon grand-père au milieu de tout ça, fut particulièrement difficile. Mais je mettais enfin des réponses à une vie entière de silence. Ce livre nous a beaucoup rapprochés.

 

 Dans L’enfer pour aube, vous placez en toile de fond La Commune, une période complexe de l’histoire politique française, comment est né ce projet ?

Sur une proposition de philippe Pelaez qui avait déjà écrit le tome un. Je ne pensais pas dessiner pour un scénariste de nouveau mais l'écriture était belle. 

 

 

En parlant de projets, quels sont les vôtres pour ces prochaines années ?

 Dormir, un jour peut-être;) 

La science-fiction partage nombre de thèmes plus proches du western et de la fantasy que l’on ne pense, est-ce utopique de notre part de vouloir vous lire sur ce thème ? 

  La science fiction est un enrobage, comme le polar, la fantasy ou le western, l'important est ce qu'on raconte à l'intérieur. J'adore la sf et il y a déjà de nombreux auteurs de talent qui s'y frottent. Mais peut-être un jour.

 

La BD est une passion pour nous, êtes vous collectionneur, en lisez-vous beaucoup, avez-vous eu un coup de cœur récent ? 

 Plus je pratique ce métier-passion, plus j'apprécie le travail des autres, si différent soit il . Quand on connait les difficultés, l'abnégation qu'il faut pour réaliser une page, un album, une série...Et dire à un auteur qu'on aime son travail, ça fait un bien fou et ça évite de prendre le melon. 

Avez-vous un message à faire passer à vos éditeurs et/ou lecteurs ?

 Les auteurs vivent grâce aux éditeurs, les éditeurs vivent grâce aux auteurs, les auteurs vivent grâce aux lecteurs, et sans les auteurs les lecteurs pourraient-ils vivre ? 😉

 

Au nom de 1001bd je vous remercie encore une fois pour votre temps, et pour l’ensemble de votre œuvre.

A titre plus personnel, je ne peux que vous remercier mille fois pour Buffalo Runner et Gorn qui restent à ce jour des lectures fondatrices pour moi.

Votre talent de conteur est rare et nous fait beaucoup de bien.

Merci beaucoup:)

Je vous souhaite également de belles fêtes de fin d'année.

Bonnes fêtes à vous également;)

NDLR : Retrouver les critique des dernières parutions de Tiburce Oger ici :

• Lawmen of the west
• Go west young man
• Gunmen of the west
• Indians
• L'enfer pour l'aube
• L'enfer pour l'aube 2
• Ghost Kid
• Buffalo Runner
• Gorn t11 (Ouche elle ne me rajeunis pas celle la !)